Je ne crois pas qu'il y ait seulement 2 groupes qui s'affrontent. Rien que dans ce topic, il y en a bien plus que ça. 😃
Attention, je sens que je vais écrire un gros post, ça faisait longtemps ! :magus: En avant !
L'exemple de Tortues Ninja est pas mal et permet de soulever un point important que tu cites toi même : l'accessibilité et le nombre de jeux disponibles. Je développe un peu plus :
En 1989, on avait très peu de jeux disponibles en France (je cible la France). Ils étaient chers et pour la plupart, on était dépendant de nos parents. Du coup, forcément, ça renforce l'implication que l'on avait sur un jeu, quitte à se prendre des baffes toutes les 5 minutes comme sur lui. D'autant plus qu'on était en plein boum des Tortues et qu'il y avait le Bundle NES avec ce jeu. Beaucoup de monde le possédait, beaucoup en parlait, ce qui renforçait sûrement son attraction.
En 2018, les jeux ne coûtent plus grand chose. On peut s'en procurer des dizaines pour une poignée d'euros, il y a des bundles partout, les PS+ et consorts, les jeux sont à - 50 % à peine 6 mois après, etc. C'est facile d'avoir une grosse ludothèque. Encore plus sur PC… Forcément, quand tu as 500 jeux sur Steam ou ta PS4, et qu'un jeu te frustre dès la première minute dans un genre totalement délaissé depuis 20 ans, tu as tendance à râler et crier au mensonge (salut Cuphead et ses détracteurs). Tu zappes, tu passes à autre chose jusqu'à trouver le jeu qu'il te convient. Rien de plus normal. Ou du moins, compréhensible (car je ne cautionne pas pour autant ce genre de comportement).
Vient maintenant la notion de contrainte technique et de pensée générale liées aux différentes époques.
Dans les années 80 et début 90, on était ultra orienté Arcade. Le jeu-vidéo, c'était l'arcade et rien d'autre. Quelques curiosités plus sérieuses ont commencé à arriver avec les Mario, Sonic, Final Fantasy (de loin) et ces RPG sur PC, mais c'était une niche en comparaison de la masse de jeu typé Arcade qui sévissait partout. Arcade est synonyme de jeu relativement court, sensé t'en mettre plein la vue, et où le seul frein qui t'y faisait y revenir sans cesse pour en voir le bout était la difficulté. Il fallait dompter le jeu pour le terminer, alors que celui-ci se faisait en 30 minutes max quand tu le dominais. Et ça, c'était sacrément ancré dans les esprits mine de rien. Renforcé par le fait que la place sur les mémoires était très restreinte, il fallait bien compenser le contenu par le replay-value (dont la difficulté jouait un rôle capital).
Aujourd'hui, la place n'est plus un problème. On l'a. La technique aussi, le marché aussi, les joueurs aussi. Il faut les clouer au pad longtemps. C'est le but.
On remplit donc avec du contenu jusqu'à plus soif. Soit en développant à mort le multijoueurs en ligne, soit en bourrant de contenu le jeu pour le clouer plusieurs dizaines d'heures. C'est bénéfique à tous les niveaux. Le joueur demande ça car il a payé son jeu cher et aujourd'hui, les joueurs en viennent à quantifier le rapport prix / temps passé sur les réseaux sociaux.
De ce fait, la difficulté est secondaire. Elle n'a pas à être présente pour apporter du replay-value, le jeu n'en a pas besoin. Elle n'est là (que dans certains cas) pour apporter un vrai challenge.
Et c'est là la différence profonde entre les générations, entre ces 2 époques : la difficulté elle-même n'a plus le même rôle ni la même signification.
Et le constat final, c'est qu'en introduisant une difficulté qui veut réellement dire quelque chose aujourd'hui, on créé des clivages entre les joueurs.
Si les concepteurs prennent le parti d'avoir un niveau relativement corsé et de ne pas l'abaisser pour s'adapter à la masse, on se retrouve avec des cas comme Cuphead. Si les concepteurs veulent toucher la plus grande masse, il faut que leur jeu soit accessible dès la première minute. Le fléau des années 2000 qu'on a vu arriver effectivement. D'un autre côté, il ne faut ni brider le plaisir de jeu, ni diminuer le joueur en l'écrasant de trop. Un exercice difficile.
MAIS ! Aujourd'hui, on n'a jamais vu autant de "genres" de jeux. Autant de difficultés différentes, autant de titres s'adressant à toutes les populations de joueurs. Il y a les core plateformes (qui sont nés avec Meat Boy), les core FPS, les core RPG (avec les mods et romhacks), les core trucs, etc. On a le juste milieu, le jeu qui arrive à vendre à la masse tout en gardant son identité et sa difficulté (les Dark Souls) et se placent donc bien au milieu et ensuite les gros jeux bien gras à la Assassin's Creed qui sont ici pour contenter un joueur pendant 50 h. Big Open World, 1 000 000 de trucs à faire facilement et des morts non punitives. On pourrait citer Breath of the Wild aussi et ces trucs là.
MAIS (bis) ! Entre ces 3 types de jeux (et donc de joueurs, bien que tous s’entremêlent), il y a une myriade de nuances, comme une myriade de joueurs différents. Difficile d'être objectif sur ce point, car on n'a pas de chiffre, mais dans l'ordre du ressenti, on remarque bien plus de 2 camps. Il n'y a pas que les noobs et les core gamers. Il y a les core gamers un temps qui vont faire du zelda l'autre moitié. Ceux qui tapent dans le middle puis foncent vers leur multi online (souvent difficile), le gros casual qui va jongler entre son portable et le dernier Mario, les joueurs familles qui ne jouent qu'à des titres multi locaux, les Mario Party et Tennis et cie, et ainsi de suite. Il y a vraiment une multitude de types de joueurs et jamais, il n'y en a eu autant. L'offre est ultra large. S'adresse à tout le monde. Des plus sectaires au plus casual.
Et enfin, il y a nous : les aigris. Les vieux dont le JV est la passion. :frog:
On pense savoir ce qu'est réellement le jeu-vidéo, et on déplore la tournure qu'il prend (les smartphones en ce moment) et on va traiter de noob le premier joueur à se casser les dents sur Cuphead. Moi le premier. 😃
Sauf qu'au final, c'est le même parallèle qu'avec le cinéma. Le ciné et le JV n'ont jamais été aussi consommés, aussi populaires, aussi disponibles, et forcément, on ne fixe que sur la masse, sur celle qui vend. Mais à côté, il y a une réelle constellation de propos, de types de films/jeux, qui s'adressent… à tous.
Si on ne se fixe que sur les grandes lignes, on pleurera sans cesse et on déprimera devant la connerie de l'humanité. Le problème de généraliser les choses.
Mais si on regarde plus en détail, on a accès à tout. Tout. Et putain, que c'est bon de passer d'un Remnant of Naezith à Zelda Breath of The Wild puis faire un tour sur Celeste et speedrunner Cuphead (je cite mon expérience perso là). Tu veux ton fix de nostalgie ? L'émulation n'a jamais été aussi bonne et accessible. La difficulté est à portée de doigts (!), autant sur les jeux récents (indés voire moins indés) que sur les oldies. Elle est partout et s'adresse à tout le monde.
Putain je kiffe notre époque \o/