Il faut dire qu'après le premier NieR paru il y a déjà une décennie de cela, ce second opus tranche pas mal au niveau de l'ambiance et des personnages même si l'on y retrouve quelques connexions en avançant bien comme des clins d'oeil ou des caméos plutôt sympas. Le nouveau monde post-apo m'a bien plu, notamment le désert avec ses immeubles affaissés en partie ensevelis sous le sable, la ville en ruine au niveau du centre-ville, ou même le royaume sylvestre enchanteur. Entre autres. Autant d'environnements qui varient les uns des autres pour un petit monde. Un monde semi-ouvert en somme, certes pas très grand, mais intelligemment exploité en fonction des événements et des quêtes même si pas mal impliquent des allers-retours. C'est dans la même veine que le premier NieR. Juste un peu plus grand à explorer sans être énorme, et un peu plus beau graphiquement aussi. Mais même à ce niveau-là, c'est loin d'être la panacée. Les graphismes reflètent toujours ce contraste d'effets de gris, rendant l'ensemble des couleurs ternes bien que ça soit un poil plus colorée que l'opus antérieur. Les robots ont un style cartoonesque et boîte de conserve assez drôle et martien, leurs effets de rouilles et de crasses industrielles inspirent une certaine vétusté, mais ça ne m'a pas dérangé le moins du monde et j'ai trouvé que ça collait bien même dans une futur extrêmement éloigné.
Quant à la patte graphique de manière générale, j'ai l'impression que dans la saga Drakengard / NieR, les concepteurs ont du mal à sortir de leur carcan de graphismes fades et froids qui dégagent toujours un certain vide. Ce n'est pas laid pour autant, loin de là, mais ce n'est guère non plus impressionnant. Plutôt correct, tout simplement. Les personnages s'en sortent un tout petit peu mieux, mais ce n'est pas encore ça, ils arborent une plastique poupée / mannequin en général, seyant quelque part à l'aspect androïde mais parfois aussi déroutant pour le support. Ça ne m'a pas gêné plus que ça, les graphismes et le chara-design, mais un peu plus de soin n'aurait pas été du luxe.
Niveau musical, là encore le jeu reste dans la même lignée que son prédécesseur, avec exactement le même style où la chanteuse Emi Evans met du coeur à l'ouvrage grâce à sa voix angélique et féerique. Je dois dire que c'est une fois de plus une franche réussite, même si la surprise n'est pas vraiment au rendez-vous du fait qu'il n'y a pas beaucoup de différence et que j'ai trouvé l'ensemble à peine, mais à peine juste, moins marquant que dans le 1. En revanche, ces nouvelles pistes sont clairement plus variées et évolutives. Comment ne pas apprécier qu'une musique d'ambiance change après une quête réussie (même annexe) tout en s'adaptant à l'événement pour nous faire ressentir quelques petites émotions ? La voix d'une musique qui se manifeste en parlant à un personnage important, ou encore le fait que la musique s'étouffe sensiblement dans un effet de choeur simplement en allant dans le menu. Il y a quelques petites subtilités comme ça qui font que cette OST est une excellente alternative à la précédente. C'est une fois de plus le sel qui contribue à la magie du titre.
Assez surpris sinon d'y avoir passé une centaine d'heures pour le faire à fond (je ne sais pas combien d'heures exactement, j'ai arrêté de compter une fois le chrono figé à 99:59:59). Malgré certaines tares qui font que je ne peux apprécier pleinement l'expérience ou moins que le précédent épisode (j'y reviendrai après), j'ai pris quand même plaisir à faire les nombreuses quêtes. Aussitôt disponibles, aussitôt je m'entêtais à les faire, même si je savais qu'y revenir plus tard avec d'autres androïdes jouables m'aurait facilité la tâche. Dans le lot, les quêtes fedex n'y coupent pas, mais ce ne sont pas forcément la majorité et du reste, certaines sont bien écrites pour les apprécier comme une petite histoire annexe sans atteindre le degré d'excellence d'un The Witcher 3 à ce niveau-là. En même temps, je n'en demande pas autant donc ça me va. Tandis que d'autres quêtes étoffent naturellement le lore ou font le lien avec le précédent volet, ce qui est toujours un plus. Qui plus est, ces quêtes, au nombre total de 60, ont le mérite d'apporter une dose supplémentaire de tranche de vie à l'ambiance du jeu, au même titre que la quête principale d'ailleurs, puisque qu'il est question de découvrir le mode de vie des robots qui imitent les humains et évoluent comme eux, ce qui va jusqu'à engendrer de la religion par exemple, entre autres. Mais l'humour est également de la partie. L'univers gagne ainsi considérablement en richesse dans son fond nonobstant sa taille réelle dans sa forme, s'appuyant donc sur un aspect méta qui ne cesse de poser des interrogations et de la curiosité vis-à-vis du joueur. Du coup, je suis bien entré dans cette nouvelle ambiance presque de manière naturelle. Le jeu a pas mal à offrir, il faut bien l'avouer. Juste moins émotionnant par rapport à son grand frère, même si certaines scènes et personnages se révélent touchants à certains stades du périple. Disons que je n'y ai pas retrouvé exactement la même intensité ou la même fulgurance des événements scénaristiques que NieR 1.
Parlons enfin gameplay. Pour faire simple, c'est un peu comme du Bayonetta (l'influence Platinum Games, probablement) en tant qu'A-RPG bien sûr tout en gardant certaines traces de NieR 1. Si, dans les premières minutes, je pensais que ça deviendrait redondant, j'ai vite changé mon fusil d'épaule en exploitant le système de puces qui améliorent les capacités de nos cyborgs, des capacités passives pour la plupart mais dont l'effet saute bien aux yeux, et j'en ai trouvé presqu'aucune qui soit inutile. Les compétences des différents pods faisant office de "magies" sont également fort appréciables et peuvent déboucher sur des stratégies. Le système et la prise en main ne m'ont pas posé de problème. J'ai juste remarqué que vers le dernier tiers du jeu, je ne changeais presque plus de puces et alternais juste entre deux configurations personnelles. Mais j'étais assez cheaté en même temps, car il faut dire qu'on gagne rapidement en puissance. Du côté des ennemis, il y a quelques anomalies d'états sous formes de bugs / interférences du plus bel effet, mais hélas à peine effleurés tant c'est peu exploité. J'aurais apprécié que plus d'ennemis à plusieurs moments et endroits du jeu les utilisent contre nos héros androïdes, histoire de nous donner un peu plus de fil à retordre. Et pourquoi pas des accessoires en tant qu'objets essentiels pour s'en protéger mais au lieu de ça, on se retrouve avec un trop d'objets de restauration d'états anormaux qui feront office de décorations dans l'inventaire. Déjà que le jeu n'est franchement pas bien difficile. Il faut juste faire attention dans les phases de shoot'em up et tout particulièrement à niveau élevé (les ennemis s'adaptant à notre niveau dans ces phases). Mais ça encore, ça n'est pas bien grave comparé aux défauts que je vais citer par la suite.
Je regrette en effet des ralentiissements intempestifs (bizarrement, ils se montraient très fréquents dans les runs A et B, plus rares dans le C et jamais dans les phases de shmup). Mais il y en a eu suffisamment pour rompre le dynamisme des combats. Pire encore, ça a entraîné à maintes reprises de crashs m'obligeant à relancer l'application et à recharger ma save, au moins 8 ou 9 fois dans ma partie entière. Ça fait quand même beaucoup. Il faut donc sauvegarder très souvent et je l'ai fait plus que nécessaire de peur que ça plante.
Autre défaut qui m'a sacrément bien dérangé durant les 40 à 50 premières heures avant de m'y habituer un peu avec encore du mal : la vitesse débile de défilement des sous-titres. Ils apparaissent parfois presque une seconde de retard après que le personnage a commencé à parler, et disparaissent un quart de seconde avant qu'ils n'aient terminé. Il y a donc un important décalage. En plus, même si la traduction française emploie une belle écriture, ils mettent beaucoup trop de mots pour deux-trois mots ou pas grand chose dans la langue originale (j'ai joué avec la langue japonaise), du coup on n'a pas le temps de lire un paragrahe juste pour dire une poignée de mots. C'est assez frustrant de ne pas toujours avoir le temps de tout lire, et il arrive parfois de se presser de lire sans forcément comprendre ce qui est écrit. Ça ne m'a pas empêché (encore heureux) de suivre l'histoire dans les grandes lignes, qui est d'ailleurs très bien conçue avec son ambiance S-F mais elle prend son essor à partir de la route C, les routes A et B étant principalement une mise en bouche tout en restant complémentaires. Donc si au niveau de l'histoire générale j'en ai eu pour mon argent, on ne peut pas dire la même chose pour les sous-titres m'ayant par moments donné mal à la tête car on loupe parfois des détails. Ce problème se posait déjà à l'époque avec Xenosaga 2 en français, mais là c'est pire. Et ne parlons pas des phases de parlotte durant les combats. Comme si on avait le temps de suivre les sous-titres et les affrontements. Laissons ça plutôt aux robots, lol. Encore que j'arrivais à gérer ces deux choses avec difficulté mais c'est bien parce que mes personnages étaient bien boostés question PV et défense. Bref, même souci que Drakengard 3.
Et pour finir, parlons de ces soi-disantes fins annexes (en dehors des fins A, B, C, D et E qui représentent l'histoire principale et qui elles sont de VRAIES FINS), donc de F à Z, qui à mes yeux ne sont pas des fins mais seulement des game over alternatifs. On a quoi ? Un écran noir avec un ou deux paragraphes minuscules sur une fenêtre et c'est tout... Un peu façon épilogue, et encore... ça reste très mince. J'aurais plutôt aimé voir des illustrations parodiques et amusantes, ainsi qu'une bonne portion de texte d'une page ou deux au moins. En plus, ces "fins" sont plutôt faciles à obtenir pour les 3/4, j'ai déjà vu mieux au niveau de l'originalité. Et je pense que c'est à peu près tout.
Pour résumer, ce NieR Automata est un bon jeu à mon sens, une bonne alternative à l'épisode dont il fait suite et même à la saga dont il provient (je n'ai pas trop joué aux Drakengard, mais j'ai lu ce qu'il faut savoir principalement sur l'univers de la saga), mais il n'est pas le chef-d'oeuvre que beaucoup encensent ici ou ailleurs. Ses défauts qui auraient pu facilement être évités m'ont un peu gâché l'expérience, mais l'univers et le système de jeu m'ont quand même fait compenser cela. D'autre part, j'ai été plus marqué par NieR 2010, que ce soit pour sa narration, ses personnages et son OST, du coup celui-ci est légèrement au-dessus de Automata. Je m'attèlerai peut-être au DLC un de ses jours, même si je pense avoir vu l'essentiel et que je n'y vois que peu d'intérêt.