C'est vrai que c'est différent au-dela de 2h30. Si t'es pas completement absorbé par l'histoire, tu finis par t'ennuyer même si t'aimes bien. Dersou Ouzala, comme Les portes du paradis, c'est assez lent mais ca se regarde tout seul. Ya plein de respirations, de variations de ton... Les 7 samouraïs ca se regarde bien, pas comme du Bergman ou du Tarkovski, nettement moins accessibles.
CS > J'ai pas vu Barberousse effectivement. Je note... mais je promets rien, même si un jour, c'est sur, je le verrais!
Pour Rashômon, bien au-delà de la maîtrise formelle, encore plus aboutie dans Les 7 samouraïs à la limite, c'est l'utilisation de certains détails de mise en scène qui frappent. [color="#000000background#000000"]Le traveling initial du bûcheron dans la forêt, avec la musique et le feuillage dense percé de rayons de soleils, figure de la plongée dans l'âme humaine que va opérer le film, noirceur pure émaillée de fins rayons de lumière. Ainsi, après le viol, la caméra tourne vers le ciel et l'objectif se dérègle, l'image devient flou. On ne distingue plus vérité et mensonge. (car bien sûr, comme dans La vérité et les films sur le cinéma comme Blow up, il n'existe que la vérité de tel ou tel personnage, qui ont forcément un regard biaisé, et que la caméra ne fait pas exception) C'est à partir de là que Kurosawa construit son flash back mythique et totalement implicite, parfois pas ce qu'il semble être. D'ailleurs je ne sais pas si tu as fait attention, mais dans l'histoire du brigand, c'est le brigand qui tue le samuraï, dans celle de la femme c'est elle qui le tue, dans celle du samuraï, mythique d'ailleurs quand on apprend le stratagème pour lui donner la parole, là encore une merveille d'ironie terriblement sombre, il se suicide, et longtemps dans celle du bûcheron, qui donne le combat le plus mythique du cinéma!, on croit qu'il va mourir par accident, mais en fait non. C'est là qu'on croit que la 4ème histoire est la bonne! Mais en fait non! Si le discours du bûcheron n'est pas biaisé sur ce point, c'est qu'il n'y est pas impliqué. Par contre très vite dès qu'il est accusé d'avoir menti, on pige que ca ne tient pas debout non plus!, qu'on s'est fait avoir par notre désir de savoir, cf. Fenêtre sur cours.
Et à la fin, alors qu'on en est à désespérer sans possibilité d'espoir en l'humanité, la simplicité offre le mince rayon de lumière, complètement inattendu à ce moment là.
C'est la structure ultracomplexe, d'une fluidité remarquable, et totalement révolutionnaire (absolument jamais vu jusque là dans le cinéma) du flashback, qui n'en est pas vraiment un puisqu'on assiste à des divagations plus ou moins inspirées de faits réels, que les personnages eux-mêmes sont incapables de saisir objectivement, qui a en premier lieu marqué les esprits, ainsi que la succession ahurissantes de rebondissements les plus fous, sans pour autant jamais perdre de leur force ou de leur cohérence, et là je pense à TotA... T_T
Quant à l'interprétation pleine de démence des stars japonaises de l'époque (Mifune Toshiro et Kyo Machiko atteignent ici des sommets inimaginables, le plus grand rôle des deux plus grands interprêtes japonais, du moins selon moi!), on imagine d'ici le choc que cela a pu produire sur les occidentaux.[/color]
Enfin voilà, je pourrais continuer à en parler longtemps. Pour moi c'est LE sommet du cinéma, au-dessus de Citizen Kane, La règle du jeu et The sunrise! même si le film est trop "concept" pour qu'une majorité adhère, contrairement aux joyaux du cinéma précités. (enfin Rashômon est très régulièrement cité dans les 10 meilleurs films de tout les temps par des "regroupements" de professionnels tout de même! pour son influence sur les films ultérieurs, qui n'est surpassé que par Le cuirassé Potemkine sans doute...