Je réponds très en vrac (désolé, le manque de temps en cette fin de semaine n'aide pas - n'hésite pas à me MP qu'on se cale un moment pour en discuter, soit en messagerie instantanée, soit autour d'un verre à l'occasion).
Il faut faire une distinction entre film relativement expérimental - du Cattet/Forzani, ou pour aller encore plus loin, un film à la Begotten, par exemple - et film qui est pensé par sa mise en scène pour s'exprimer essentiellement à travers celle-ci, rendant les éléments autres secondaires. On a donc ça d'un côté, cette approche "à la Speed Racer" ; cahier des charges "catastrophe" extrêmement haut, mais une mise en scène destiné à prendre le spectateur et à l'emmener le plus loin possible dans ce qu'il va ressentir, en notant bien que ce n'est pas incompatible avec le concept de film de divertissement familial. C'est ce que font Transformers ou les Fast & Furious, à la différence près que ça fonctionne largement moins bien pour eux (pour une quantité de raisons qu'il n'est pas très utile de détailler ici).
De l'autre côté, on a cette approche volontairement simple (simpliste ?) destinée à renvoyée aux films que Spielberg (et d'autres) pouvait réaliser dans les années 1980. S'il y a hommage par le jeu de références, il y a aussi hommage par la construction même du film - même s'il est assez évident que le matériau premier du roman, dont je n'ai lu que des critiques pour l'heure, néanmoins, contribue clairement à une certaine faiblesse.
On peut donc aussi s'interroger : avec un matériau autrement plus solide, qu'est-ce que Spielberg aurait fait ? Aurait-il proposé une œuvre narrativement plus dense, plus complexe, ou aurait-il cherché à rester sur quelque chose de simple et linéaire ?
Après, dans les points extrêmement intéressants, le personnage de Halliday, qu'évoque CK9 avait beaucoup de justesse : via ce personnage, beaucoup d'observateurs estiment - à mon sens de façon plutôt pertinente - que Ready Player One est également une forme d'introspection de Spielberg par lui-même.
Pour revenir sur le côté "ressenti" : oui, c'est familial, oui, c'est du grand spectacle, mais, oui aussi, c'est un film qui s'apprécie si tu acceptes de t'y abandonner. Et attention à ne pas opposer divertissement/grand spectacle avec qualité de cinéma, ou même - voire et surtout - avec impact sur l'histoire du cinéma (il suffit de voir l'importance de Star Wars, des films de Spielberg - de Jaws à Jurassic Park -, ou encore de Die Hard ou de Matrix, voire, à moindre échelle évidemment, mais très observable sur l'univers du cinéma d'action, le rôle de John Wick ces dernières années). Et cela n'empêche en rien d'admirer et d'analyser l'importance du travail d'un Tarkovski, d'un Kurosawa (l'ancien ou le nouveau, d'ailleurs), ou encore d'un Anderson (Thomas ou Wes, pas WS) ou d'un Zyyagintsev.
Et vu que c'est un film visuellement extrêmement impressionnant, oui, l'importance du grand écran est ici primordiale.
Enfin, quelles que soient les qualités et les défauts du film, c'est, pour un étudiant en cinéma, un film qui me semble assez "obligatoire" à voir, car il est extrêmement important vis-à-vis d'un paquet de points (tout comme l'est, d'ailleurs, d'une façon parallèle et très différente, un Black Panther qui a un impact politique colossal dans le monde du cinéma - et aussi bon ou mauvais peut-on trouver ce film, on est obligé d'appréhender et d'analyser un minimum son importance).