Vu Peking opera blues. Le film m'a pris par surprise au début, les variations de ton sont imprévisibles. On est au bord de la parodie la plupart du temps, et je reconnais m'être bien marré assez régulièrement ("- Canard pekinois? - ... c'est bon." XD). Mais en même temps les personnages sont vraiment attachants, et ils se dévoilent par moments de façon inattendue. Ca m'a un peu rappelé The host ou His girl Friday. Et puis Tsui Hark se fout de certaines choses pas forcément hilarantes (les femmes exclues du théâtre, la corruption...) de manière comique (là ca me fait penser à Dr Strangelove ^^). Ceci dit, le film a sa propre personnalité, il ne ressemble pas à grand chose que j'ai vu.
Bref, j'ai trouvé ca bien et original ;p. Je remercie Hotsuma pour ce conseil (bon, j'ai mis du temps à le voir, mais le boulot tout ca tout ca...^^), ca m'a fait découvrir quelque chose que je ne connaissais pas.
Je suis heureux que ça t'ais plus, sincèrement (quand on aime un film, on a envie de le partager) et surtout le fait que tu dises que ça ne ressemble à pas grand chose que t'ais vu (cela dit, je pensais pas que tu allais dire ça). Les variations de ton, c'est une des caractéristiques générale du cinéma HK (et ce pourquoi je l'aime tant), sauf que c'est quelque chose que Tsui Hark (à mon sens) maîtrise à fond (contrairement au tout venant HK). Ce film me fait halluciner de la façon avec laquelle il passe du rire aux larmes en un plan sans que ça soit maladroit ou malvenu (et pourtant, le film va très loin, voir la scène [spoiler]de torture en prison limite gore sur l'une des héroines[/spoiler]). Comme tu dis, les personnages sont attachants (et tu pourras noter que Tsui Hark met brillamment en scène les femmes, contrairement à un certain John Woo qui patine à mort dans ce domaine). J'adore personnellement la scène où les femmes tentent de se cacher sous des draps (un truc comme ça): du pur comique visuel. Et puis il y a la sublime bande son de James Wong, et en général dans tous les chef d'œuvres de Tsui Hark les musiques sont excellentes. J'adore ce portrait de femmes, le tiraillement magnifique de Brigitte Lin entre sa révolution et l'attachement à son père tyran. Et puis c'est blindé de plans superbes (le plan final, c'est juste mega beau et mega inspiré dans l'esprit, mais y a aussi la magnifique scène sous la neige) et le jeu des actrices est merveilleux. Enfin comme tu le soulignes, l'aspect critique montre encore une des nombreuses richesses du film. Mais ce que j'aime le plus c'est ce déroulement incroyable de la mise en scène, tellement généreuse et qui s'enchaîne à une vitesse sublime (il se passe un nombre incalculable de trucs à l'écran). Je vais m'arrêter là, parce que j'arrive pas à trouver les mots, mais c'est juste pour dire que c'est le genre de film qui me fait aimer le cinéma et que je ne comprend pas que ce soit aussi peu connu (absolument jamais sorti en France par exemple, pays qui a inventé le cinéma (bon là je commence à en faire beaucoup, -d'autant que c'est évidemment plus compliqué que ce constat simpliste-, mais quand même :p)).
En ce qui concerne les variations de tons, ça reste néanmoins le film de Tsui qui, j'ai l'impression, en regorge le plus, avec peut être Time and Tide (et sa rupture de ton phénoménale après une demie heure qui laisse tous les spectateurs sur le carreau, mais je ne peux rien dire: il faut voir le film!), mais il fait aussi des grands films sur "une longueur d'onde" (The Blade, le ton est globalement très sombre et noir, tout comme L'Enfer des Armes = les deux films les plus noirs du maître). Aucun de ses films ne se ressemblent (bon sauf si on tape dans les Il Etait Une Fois En Chine, mais pourtant si on analyse c'est pas si évident) pour ce réalisateur qui tente sans cesse de faire évoluer son cinéma. Mais même si tous différents, les films de Tsui Hark sont à priori reconnaissables avec leur mise en scène très visuelle (les cadrages sont souvent originaux, par exemple) et virtuose.
Du reste je t'ai conseillé ce film, qui est parfois considéré comme le chef d'œuvre du maître, parfois seulement car c'est un de ses moins vus du fait de sa non disponibilité en occident (et qu'il a tellement fait de grands de films que bon...), et que j'avais le sentiment que ça allais te plaire. J'ai bien fait donc. Si d'autres sont tentés de découvrir ce réalisateur, il y a toujours le problème des cinéastes qui ont fait tellement de films qu'on ne sait jamais par où commencer. Je ne saurais trop conseiller que Le Festin Chinois (sortit en dvd zone 2, vostfr), une comédie de 1996 sur la cuisine chinoise sous forme de variation des films de kung-fus (dépaysement en vue). Un film brillant et accessible (je l'ai découvert avec ce film) sans être un de ses plus grands mais qui est une bonne introduction à son style. Vous pouvez aussi choisir la manière "forte" en débutant directement avec des oeuvres comme The Blade ou Time & Tide (tous deux sortis en Z2 vostfr), mais ça passe ou ça casse, vous êtes prévenus. Il y aussi les grands Il Etait une Fois en Chine avec Jet Li (un coffret studio canal -trouvable à pas cher- regroupe les deux premiers), des superbes films mêlant contexte historique et arts martiaux, bourrés de thématiques, mais le problème est que les copies sont assez sales et que, paraît-il HK Video va sortir une nouvelle édition en janvier (mais au moins là c'est pas cher).