Oui, c'est une question à se poser. Mais je crois que le système hollywoodien actuel n'est pas fait pour eux, je pense qu'ils avaient plus de libertés à HK. De plus, on leur a confié exprès des projets d'action bêtes et méchants : pour leur faire bizuter avec van damme, même à son heure de gloire, fallait quand même que les producteurs les prennent de haut. On parle quand même de gars comme Tsui Hark par exemple, un réalisateur capable de traiter des tas de thèmes avec intelligence et qui possède un style très, très personnel (et qui avait derrière lui un œuvre déjà très conséquente). On peux comprendre qu'il se soit rapidement froissé. Pourtant tenté par les sirènes hollywoodiennes alors qu'il faisait la pluie et le beau temps dans l'industrie HK, il s'est royalement heurté aux méthodes hollywoodienne. La légende veux qu'il ai saboté lui même ses films (Double Team est un véritable nanar). Son cas est intéressant car lors de son second film, Knock Off (Piège à HK), il est tourné à HK et sous couvert de l'histoire la plus nase de carrière il expérimente à mort et ça donne un film assez bluffant sur le strict plan de la mise en scène, et bourré de sous-textes (Van Damme est ridiculisé, l'action hollywoodienne également: les explosions grandiloquentes de couleurs vertes du film ne sont pas un hasard). Il sort très agacé de cette expérience américaine dont il ne veux plus entendre parler, car reparti pleins d'illusions. Il rentre à HK en livrant un de ses plus grand chef d'œuvres, Time and Tide (ce qui est d'autant plus jouissif) même si depuis ça il n'a plus jamais retrouvé son niveau (il faut absolument découvrir les films de ce génie, je le rappelle...), mais en est aujourd'hui conscient et c'est le genre de réal qui fait ses meilleurs films lorsqu'il est contrarié.
Néanmoins, John Woo s'y est clairement adapté (même si aujourd'hui il revient en chine), même si les films signés ne ressemblent que de très loin à ses réussites HK et que ce ne sont que de simple blockbusters communs, mais qui ont eu du succès au box office. Cependant, un film comme Volte/Face montre une certaine réussite artistique aux USA, même si perso j'aime pas vraiment et que c'est vachement aseptisé par rapport à HK.
Le cas de Ringo Lam est assez étrange: Il a tourné 3 films avec Van Damme dont un direct to video en 2003, période où le belge n'est plus du tout bankable, tandis que Lam tournait toujours quelques films à HK (des réussites, en plus). Ses films avec Van Damme sont des séries B plutôt efficace mais bien loin de ce qu'il est capable, on ne peux que trouver que le réalisateur gâche son talent.
Après y a Wong Kar Wai qui peux faire des trucs personnels aux USA, même si certains se posent la question de savoir si ce réalisateur à encore des trucs à dire vu la ressemblance de ses derniers films.
Globalement, Hollywood a fait du mal à Hong Kong, mais pas que. Il y avait le contexte politique avec la rétrocession à la Chine en 1997, thème éternel du cinéma HK où la population vit avec la peur du géant autoritaire (en 2046, le pays sera totalement intégré à la Chine et devra adopter les règles qui sera celle des chinois à ce moment là. Pour beaucoup de hongkongais, ce sera la perte des libertés. 2046, c'est aussi le titre d'un film de Wong Kar Wai...). Du coup, il faisait bon partir découvrir d'autres cieux. L'asie est en crise à cette période et le cinéma HK est de moins en moins productif de quantité (moins d'argent) et de qualité (c'est la "fuite des cerveaux" comme on dit). Seul Johnnie To, à cette période, réussi à s'émanciper (et qui est très attaché au développement du cinéma HK et qui ne partira jamais aux états unis), lui qui était justement dans l'ombre d'un certain... Tsui Hark. Mais tout cela explique beaucoup pourquoi le cinéma HK est si passionnant, c'est un pays qui vit dans l'urgence (la ville se transforme à une vitesse de dingue) et qui ne sait pas de quoi demain sera fait. L'énorme production des années 1980 en est un parfait exemple.