Vu Le Grand couteau de Robert Aldrich (1955)
Charlie Castle, vedette d'Hollywood, a promis à sa femme de ne pas se lier à son producteur
Stanley Hoff par un autre contrat. Mais le malheureux, pour ne pas voir exploiter certains
faits délicats de sa vie privée, est obligé de revenir sur sa décision. Quand il tente de faire
machine arrière, il est trop tard : tous ceux qui ont intérêt à lui nuire sont là, et sa femme,
qu'il veut reconquérir, parle de le quitter...
Sur le mode de la tragédie grecque (d'ailleurs, il s'agit là d'une adaptation d'une pièce de théâtre de Clifford Odets), ce film nous présente un tableau peu flatteur du "milieu" hollywoodien (corruption, chantage, harcèlement). Mais surtout, nous pouvons y voir tout le ressentiment et tout le désenchantement d'une génération dite de "gauche" (Aldrich et Clifford Odets en sont) dont l'idéalisme et le progressisme ont été broyés par le rouleau compresseur maccarthyste (ces années noires où les USA ont failli basculé dans le fascisme) et par la toute-puissance des studios.
Cela dit, cette œuvre a tout de même vieilli (Mise en scène ? Trop théâtral ? Certains aspects du scénario ?). Mais, rien que pour la performance de Rod Steiger (effrayant dans le rôle d'un directeur de studio quasi mussolinien), ça reste très intéressant :sensei: .
Vu Yol - La Permission de Yilmaz Güney et Serif Goren (1982)
Cinq prisonniers bénéficiant d'une permission partent, en train, rejoindre leurs familles.
Un film splendide et bouleversant (palme d'or largement mérité). Il est quasiment impossible de ne pas être ému par les destins de ces cinq prisonniers voyageant (ou pas...) dans une Turquie (et un Kurdistan aux paysages parfois ahurissants de beauté, soit dit en passant) elle même fermée à double double tour : par la répression des militaires et sous le poids de traditions parfois haineuses (les crimes d'honneur par exemple).
Mention spéciale pour la musique (en parfaite adéquation avec l'amertume du propos).
Edit : Chaudement recommandé à tout cinéphile (target: Spiriel, Zak Blayde...)
N.B. : Son auteur, Yilmaz Güney fut une victime de ce système répressif (prisonnier politique au moment du tournage, le film fut donc réalisé, dans des conditions très difficiles, par son ami, Serif Goren).