Je viens de finir The handmaid's tale / La servante écarlate.
C'est adapté d'un bouquin écrit en 1985 par une canadienne.
Dans les (très) grandes lignes, il s'agit d'une dystopie.
Des chrétiens intégristes ont renversé le gouvernement américain et ont créé un nouvel état, Gilead, régit par des lois tirées de la Bible.
Une hiérarchie très claire est établie, et les femmes ne sont pas tout en haut...
Détail fondamental : à cause de la pollution & co, la fertilité a presque atteint un niveau nul (pas qu'aux USA, partout).
Une catégorie de femmes "présumées fertiles", les servantes écarlates, ont pour rôle d'avoir des enfants pour les puissants.
L'héroïne en est une.
Avant de parler de la série, juste un point sur la polémique qui a entouré la sortie de la série.
Aux USA, elle a été accusée d'être anti-chrétienne, en particulier parce que Daesh ressemble pas mal à cette Société,
et que la religion chrétienne n'est qu'Amour...
Cela me paraît totalement non pertinent vu la date de parution du livre, mais surtout je crois que l'intention
des auteurs de la série est de dire que ce ne sont pas les religions qui sont concernées, mais ce qu'en font
les gens. Qu'ils citent la Bible ou des chakras, sincèrement, ça ne change rien à l'histoire.
Ceci étant dit, le début épate par sa qualité de production, et la fin offre une profondeur plus importante que prévu.
Heureusement car le début se résume à une description à travers les yeux de l'héroïne de cette Société, des
classes et rituels (comme celui de la reproduction), et à des flashbacks qui retracent le glissement progressif
et la façon dont les différents personnages l'ont vécu. Petit bémol sur le bonheur un peu exagéré de l'héroïne
avant Gilead. Ils auraient pu miser sur un contraste plus subtil. En fait, cela peut paraître un peu caricatural,
mais on réalise ensuite que ce qui est important, ce n'est pas tant ce que nous raconte l'héroïne, mais ce qu'elle
ignore. L'isolement total qu'elle subit saute progressivement aux yeux. De plus, on découvre au fur et à mesure
que les autres personnages dépassent leur simple rôle, et que la Société qui paraît indestructible est en fait
bourrée de failles. L'épouse de la maison de l'héroïne est bien plus intéressante et complexe qu'elle n'y paraît,
vraiment. On comprend à travers quelques détails que cette Société est très jeune (8 ans je crois).
La qualité de la photographie est étonnante, mais elle est au service des différentes ambiances. Les flashbacks
ont une photographie assez standard. Les extérieurs ont un étalonnage assez gris (on est vers Boston en même temps)
pour faire ressortir les tenues rouges et l'absence d'activité humaine. Les intérieurs sont assez sublimes quant à eux,
un peu mordorée avec des faisceaux de lumière mis en évidence par de la poussière en suspension. Le genre d'ambiance
nostalgique qui donne une impression d'isolement.
La série offre également quelques ralentis qui m'ont fasciné sans que j'arrive à savoir pourquoi, alors que la plupart
du temps je n'aime pas la façon dont ils sont utilisés.
C'est bien joué dans l'ensemble, et si le rythme est plutôt lent, la série est assez dense et avance sûrement.
Bon, c'est pas du super héros mais j'ai bien aimé ! (ne pas s'attendre à du Deadwood, ce n'est tout de même pas de ce calibre)
Ah, sinon j'ai vu GLOW (sur le tournage d'une série de catch féminin) il y a quelques semaines.
Je l'ai dévorée en deux jours.
Jenji Kohan (uniquement productrice, mais on sent sa patte) est décidément très forte pour créer
une galerie de personnages décalés et super attachants (bien content de retrouver Sunita Mani,
vue dans Mr. Robot).
C'était rigolo de voir Alison Brie essayer de jouer la méchante et les actrices jouent justes
et sont adorables comme prévu.
Bon, c'était marrant sans être super enrichissant, mais j'attends sincèrement la suite.
Par contre, comme pour Weeds et Orange is the new black, la série va se poursuivre
avec un fil ténu et en développant des personnages laissés de côté jusque là,
mais ça va finir par tourner en rond et devenir lassant... enfin, j'espère me tromper ;p.
Voilà voilà.