Fini et platiné Silent Hill 2 Remake sur PS5, avec les 8 fins.
Un chef d'œuvre du survival horror sublimant son héritage, même s'il n'est pas exempt de défauts. Avec cette version de 2024 remise au goût du jour, j'ai voyagé à peu près de la même manière qu'en 2001. Un voyage dans les tréfonds de la psyché humaine, une histoire des plus matures dans l'histoire du jeu vidéo, comme c'était déjà le cas autrefois dans son modèle d'origine. Mais cette fois, de nombreux petits détails ont été ajoutés pour enrichir le lore déjà fort bien fourni à la base, comme avec les nouvelles interactions avec les personnages secondaires, de nouvelles notes à lire, de nouvelles énigmes dont certaines poétiques et littéraires. On peut toujours paramétrer la difficulté des énigmes sur 3 niveaux, mais juste au début d'une nouvelle partie pour que ça reste fixe tout le long. En revanche, on peut modifier le niveau de dfficulté des combats à notre guise en cours de partie, toujours réglable sur 3 niveaux.
De toute évidence, ce remake suit un peu la même mode que d'autres remakes actuels, à savoir qu'il a été rallongé sur divers aspects, notamment la durée de vie car les zones ont été volontairement agrandies. En soi, ça ne m'a pas dérangé plus que ça qu'il y ait du nouveau contenu, incluant du backtracking pour résoudre les casse-têtes, celui-ci étant bien réalisé et les mécaniques bien implémentées. En revanche, j'ai trouvé qu'il y avait une quantité excessive d'ennemis tout au long du jeu, dont certains mal placés (en réalité très bien placés, comme les mannequins, mais c'est une façon de dire qu'ils sont vicieusement et idéalement planqués pour surprendre le joueur et le mettre à mal, un peu trop même à mon goût au bout d'un moment). Tant et si bien que c'en devient parfois lourd, surtout pour un survival horror de cette trempe. Il arrive également que certains monstres soient capables de revenir à la vie, alors qu'on leur a pourtant donné le coup de grâce avec un bon piétinement des familles et qu'une flaque d'hémoglobine s'étale le long de leur corps gisant. Tout ça sert comme pour rallonger artificiellement la durée de vie du titre, déjà conséquente il faut bien l'avouer, et environ deux fois plus longue que dans le jeu originel. J'ai trouvé ça un peu dommage qu'il y ait autant d'ennemis et que l'action soit donc un peu trop présente. Cela dit, en apprenant le jeu par cœur et en le terminant plusieurs fois en rushant à force, et après avoir amassé tous les collectibles, ce sentiment de trop plein d'ennemis s'évanouit petit à petit car on rushe et on évite la plupart des créatures. C'est surtout au début, durant mes premières parties, que j'ai pu ressentir ce remplissage abusé d'ennemis, au cours de l'exploration très bien faite, et moins par la suite. Mais il n'empêche que ça reste un défaut. Autre petit bémol, c'est le demi-tour à 180º quelque peu perfectible. Ça marche néanmoins un peu mieux au pas de course qu'en marchant. Mais le jeu n'est pas si rigide que ça, le protagoniste principal, James, est plutôt réactif et le système d'esquive est facile à prendre en main. Manette en main, ça se ressent bien. C'est juste au niveau de l'animation que ça peut donner une impression de rigidité, mais pas vraiment sur le gameplay. Quelques petits problèmes de caméra parfois, mais rien de bien méchant, on a vu pire. Sinon, les interactions avec le décor sont perfectibles par endroits car elles exigent de se placer limite au pixel près. Espérons qu'une mise à jour corrige ce petit défaut embêtant.
Du reste, je n'ai absolument rien à redire. C'est du très lourd ! L'ambiance en particulier, et tout particulièrement sonore. Ce jeu mériterait de gagner un oscar de la meilleure ambiance sonore aux Game Awards, c'est dire. Pas spécialement au niveau des thèmes originaux réarrangés qui sont un brin en-dessous de ceux de l'original, mais bel et bien au niveau des effets sonores ambiants qui donnent toute sa superbe au titre, avec un niveau d'immersion incroyable. La direction artistique n'est pas en reste, et graphiquement ça reste de haute volée. J'ai beaucoup apprécié le nouveau traitement des personnages dans cette relecture, somme toute très fidèle à l'original sans pour autant sombrer dans le copier-coller bête et méchant en modifiant quelques détails. Ça va bien plus loin, et c'est tant mieux. Ce remake se révèle à la fois fidèle et différent de son ancêtre, et surtout respectueux. J'aime beaucoup aussi le ravalement de façade du titre, la brume encore plus vraie que nature. Il n'y a plus de cet effet purée de poix, c'est comme semi-transparent et ça véhicule un sentiment poétique tellement ça a un charme fou. Par contre, le jeu est très sombre mais on est dans un Silent Hill après tout, et cela fait partie de l'essence de la saga Silent Hill. De toute façon, il y a une palanquée d'options d'accessibilité et il est possible de trouver un niveau d'éclairage idéal pour mieux voir dans le noir, au besoin. À mon sens, c'est juste un faux défaut.
Et puis j'adore le personnage de James, dont le regard fatigué se remarque davantage au fil du temps et de l'avancée. On rentre facilement dans le personnage, on ressent ses émotions, on a mal pour lui, et on vit ainsi son aventure plus viscéralement que par le passé. Mais il faut dire que la caméra à l'épaule joue énormément sur l'immersion, en plus d'apporter un gameplay davantage moderne et en phase avec ce qui se fait aujourd'hui. Bref, une franche réussite pour un premier remake de Silent Hill, surtout venant de la part du studio polonais Bloober Team. Joli tour de force qui fera taire les bouches des haters qui ont décrié le titre à tord et à travers, alors qu'il n'était même pas sorti. Justice est faite.
Bloober Team a su maîtriser son sujet, déjà que ce sont des professionnels en matière d'horreur psychologique. Silent Hill 2 version 2024 est probablement leur projet le plus ambitieux à ce jour. Une œuvre d'art de l'horreur inspirant un voyage initiatique, et une histoire d'amour poignante et bouleversante qui ne laissera guère indifférent. Je savais que Bloober ne me décevrait pas. Ce studio a un potentiel évident à ne pas sous-estimer, et s'avère être le seul capable de faire revenir la franchise Silent Hill sur le devant de la scène à mon sens, avec d'autres remakes des premiers épisodes. Un remake du 1 et du 3, qui sont intimement liés, serait merveilleux. Et accessoirement de Origins, qui a également un lien avec ces deux-là.
Ce sera donc un 8,5/10 pour ce grand cru qui aura réussi la prouesse de me retransmettre des sensations que je n'avais plus ressenties depuis 23 ans. Depuis le jeu original en fait, qui popularisa l'horreur psychologique dans le média du jeu vidéo. Pas parfait, loin s'en faut, mais il n'en reste pas moins un bijou et un excellent remake que je place au même niveau de qualité que les remakes de Resident Evil 4 (2023) et de Dead Space (2023).