Un remake de l'original qui, je trouve, se complémente remarquablement bien avec le remake du 2 malgré certaines parties de l'original tronquées. Mais justement, si certaines zones connues ne sont plus là (notamment le beffroi et le parc), elles ont été remplacées par des passages inédits servant de jonction et de transition entre la ville et l'hôpital. Marquant ainsi une nouvelle forme de relecture et d'exploration. La première moitié du jeu ressemble au jeu original dans sa première moitié (à savoir le centre-ville, à la fois reconnaissable pour certains secteurs et tout autant méconnaissable et dépaysant dans sa structure globale), mais la seconde moitié est (presque) radicalement différente par rapport à l'opus original, où les remaniements prennent le pas sur le traditionnel, lors de passages reconnaissables avec un autre personnage contrôlé. Circonstances différentes, situations inédites et séquences toutes nouvelles ajoutent une nouvelle forme de progression remise au goût du jour, mais le fond reste le même au final avec quelques légères petites retouches vers la fin mais sans pour autant dénaturer le canevas d'origine. C'est l'essentiel, et de ce point de vue, RE3 Remake s'en tire avec les honneurs. Certaines séquences déjà connues mais plus appliquées dans leur mise en scène ne surviennent pas dans le même ordre que dans le jeu original, et tout s'imbrique de façon certes déroutante parfois, mais encore une fois la cohérence avec les événements de Racoon City est respectée.
Le jeu impressionne, tant par son remaniement que par son aspect graphique qui est un cran au-dessus du précédent remake sorti l'année dernière (et qui était déjà très beau), le jeu tournant toujours avec le moteur RE Engine sublimé et magnifiant cette revisite de Resident Evil 3 pour l'occasion. Hormis une minorité de petits effets de scintillement sur certaines surfaces de zones extérieures (beaucoup moins présents que dans RE2R), tout est parfait. Il n'y a pas à dire, Capcom sait maîtriser son sujet en termes de graphismes et c'est un véritable délice pour les yeux, surtout en mode HDR avec une animation exemplaire.
Le cheminement de cette refonte de RE3 cuvée 2020 ne m'a pas dérangé le moins du monde, pour la simple et bonne raison qu'il y a un renouveau et suffisamment de quoi surprendre les connaisseurs. Maintenant, pour ceux qui s'attendaient à un cheminement traditionnel incluant tous les lieux du jeu originels tels quels, forcément, ils peuvent être déçus. Mais je ne trouve pas que ça soit un défaut lorsque le remake apporte du sang neuf tout en jouant la carte de la nostalgie (dans une moindre mesure qu'avec les nouveautés, ceci dit), et encore moins de quoi crier au scandale. Dans mon cas, la mayonnaise a pris. Tout est remis au goût du jour et savamment réarrangé, et pour exemple de changements apportés tout en restant dans la logique des cheminements reprenant les traditionnels schémas des premiers RE [maison/commissariat/ville [font=arial, sans-serif]→[/font]
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Labo], on retrouve le fameux laboratoire connecté à l'hôpital mais dans un design proche du labo Nest de RE2 Remake tel une autre section labyrinthique inédite, et plus beau encore, gagnant ainsi en complémentarité avec son grand frère remaké.
La bande-son est plutôt bonne dans l'ensemble, mais... tout comme RE2 Remake, elle souffre du fait qu'elle soit discrète et qu'on l'entende de manière "étouffée". En soi, elle reprend plus de thèmes connus de l'orginal s'adaptant à l'aventure, distillant une atmosphère sinistre et macabre. Parfois en de plus rares occasions, elle est tout bonnement absente, ce qui dans un sens permet de mieux mettre en scène l'apparition d'une nouvelle créature ou d'un danger imminent, mais on les entends peu. La fameuse musique de la salle de sauvegarde sera celle qui ravivera la nostalgie chez ceux qui ont fait le jeu original avec un bon réarrangement, en plus de rassénérer le joueur entre les nombreux dangers et principalement la pression énorme qu'installe le NEMESIS, une des armes biologiques les plus terrifiantes et coriaces de l'univers RE. Les musiques font le taf, et étrangement, elles se font un peu plus entendre dans l'hôpital et le laboratoire que dans tout le reste.
Les effets sonores, eux, sont plutôt bruyants et retranscrivent comme il faut l'ambiance survie et un peu post-apocalyptique de la ville de Raccoon (bien plus que dans tous les autres RE)
Quant au doublage français, il est impeccable, mais j'ai trouvé dommage que, tout comme les musiques, on entend faiblement les voix des protagonistes. Il faut monter assez le volume sonore pour en profiter au mieux, ou se doter de casques.
Si RE3 s'était distingué à l'époque, c'était en grande partie grâce au Nemesis, ce monstre quasi-increvable façon Terminator, et quelques autres petites idées comme l'esquive où j'y reviens bientôt. On le retrouve tout naturellement ici. Cette fois, il est plus grand, plus intimidant, plus dangereux, plus puissant, plus véloce et plus imprévisible. Il court plus vite que Jill et est même capable de la dépasser en sautant devant elle pour l'agripper avec son tentacule. Sa première forme reste la même que dans le jeu original, quoi que la créature est composée de certains éléments synthétiques même si elle est majoritairement organique. Par la suite elle mute à chaque confrontation avec Jill, et les mutations de la créature diffèrerent beaucoup du jeu original, en plus d'être très bien exploitées dans le gameplay. C'est probablement pour cette raison qu'il joue le rôle des boss à certaines rencontres où l'on est obligé d'en découdre avec lui, sauf quand on doit lui échapper (parfois même au milieu de hordes de zombies). Et des munitions, croyez-moi qu'il va falloir lui en faire bouffer pour le mettre KO tellement sa résistance est cheatée.
Du coup, je regrette un peu de ne pas retrouver le Grave Digger comme boss, ce fameux ver de terre géant qui avait d'ailleurs été repris dans Resident Evil Code Veronica. Il n'y a pas de corbeaux ni d'araignées non plus, mais tout le reste du bestiaire (Brain Deimos, Cerbères, Hunter Gamma et Hunter Beta) sont présents en plus des sempiternels zombies comme ennemis principaux de base. D'ailleurs, quelques nouveaux types de zombies sont de la partie. J'aime beaucoup le nouveau design du Nemesis, ses nouvelles formes aussi. Par contre, le jeu est bien plus tourné vers l'action que RE2R, mais reste encore un survival horror avec une partie aventure. Il y a toujours des clés à récupérer, des coupe-boulons pour rompre des chaînes, le fameux outil de crochetage de Jill, mais les énigmes sont quasi-inexistantes (seulement deux, et encore, elles sont plutôt simples). Dommage... Parce que les énigmes, c'est un peu ce qui fait l'essence des premiers RE. Au niveau des regrets, je peste également sur le fait que si on tombe par malheur sur une foule d'ennemis à traverser ou à forcer comme passage, il suffit qu'un d'eux nous touche pour faire tituber le personnage et qu'un zombie en profite dans la foulée avant qu'on ait le temps de se rétablir pour nous croquer et nous achever. Le Nemesis ne fait pas de cadeau, il nous achève en nous écrasant par terre si on ne se relève pas vite, mais ça encore ça passe en martelant les boutons. Les Hunter sont impitoyables et vous décapiteront via une mini-séquence de finish si vous tardez à les vaincre et que vous êtes près sans même pouvoir les esquiver, en plus d'être incroyablement résistants avec leur cuirasse reptilienne. Bref, parfois ça se joue au petit bonheur la chance, même si je pense qu'en apprenant à être prudent et en connaissant les ennemis, on peut éviter ces situations menant à la frustration. Pas une seule frame d'invulnérabilité comme dans les anciens RE, ou tout simplement même pas le temps d'esquiver ou d'aller à l'inventaire pour se soigner. Presque toutes les fois où je suis mort, ça a été comme ça, et c'est quand même pute ce genre de "gangbang" je trouve. On s'y habitue malgré tout et on redouble de vigilance. Le système d'esquive (pour Jill) est facile à prendre en main, plus difficile à maîtriser pour ce qui est de l'esquive parfaite qui ralentit brivèment le temps. En revanche, Carlos donnera un coup d'épaule ou un coup de poing pour repousser ses assaillants vu que c'est un poids lourd, mais c'est logique et ça donne une compétence à chacun des deux persos jouables.
Je pense avoir fait le tour. Le jeu m'a bien plu, c'est un excellent jeu, une bonne relecture RE mais pas forcément le meilleur remake de la série, que j'ai trouvé légèrement en déça du remake du 2, et surtout bien loin derrière Rebirth qui est juste le meilleur RE en terme de remake voire jeu vidéo tout court dans cette catégorie de refonte. J'ai préféré le RE3 original (qui reste mon préféré de la trilogie PS1), même si je trouve que ce remaniement reste une bonne alternative. Le nouveau modèle de Jill est plutôt réussi au niveau du photoréalisme basé sur un mannequin russe il me semble, et fait son petit effet. La demoiselle s'endurcit vite, tout comme on avait pu le voir en 1999. Après, le scénario est loin d'être aussi bon que celui de RE2 et surtout de RECV, du bon vieux nanar quoi ! Mais il complète bien et fidèlement les événements marquants de Raccoon City, et on n'en demande pas plus.
La première moitié est plus oppressante avec les apparitions du Nemesis et sa façon de nous traquer, la seconde l'est moins et laisse place à un peu plus d'action et moins d'apparitions du Nemesis.
J'attends un remake de Code Veronica mais apparemment il y aurait des rumeurs faisant état d'un potentiel remake de RE4, et Capcom semble mettre l'accent dessus, mais à prendre avec des pincettes. Un remake du 4 ne me dérangerait pas vraiment, mais il a moins vieilli que les premiers RE et par conséquent, je vois plus adéquat et prioritaire un remake pour Code Veronica (qui est le dernier des anciens RE). Bref, on verra bien.
On parle même d'un Resident Evil 8 en terme d'épisode nouveau, avec un éventuel approndissement de surnaturel (qui avait doucement pointé le bout de son nez dans RE7). Prise de risques pour Capcom... À voir ce que donnera l'avenir de la saga, mais malgré ces quelques questions, je n'ai pas trop à me plaindre pour le moment.