Et c'était pas fameux. La raison principale étant que le gameplay est principalement truffé de défauts ruinant en partie l'expérience, et c'est fort dommage, car on sent qu'il y a du potentiel et une volonté de bien faire en voulant rendre hommage aux ténors du survival horror tels que Resident Evil, Alone in the Dark et Silent Hill dont le jeu s'inspire, mais il le fait maladroitement et les tares sont hélas trop nombreuses. Déjà, pour commencer, il n'y a pas de carte pour se repérer... Certes, le manoir n'est pas aussi immense que le manoir Spencer de RE, mais un plan aurait été apprécié sans parler que c'est la base de tout survival horror old school. Encore que ça, c'est minime par rapport à la suite du sombre constat. La hitbox des ennemis est pourrie. Si elle a été quelque peu revue avec le patch parce qu'avant certains monstres pouvaient te toucher à une certaine distance au corps-à-corps (si si !), là ça se traduit par un facteur plus ou moins aléatoire de dégâts, des animations de localisation de dégâts improbables et empêchant parfois le personnage de faire pause ou d'aller à l'inventaire pour se soigner. Certains gros monstres sont quasiment impossibles à esquiver sans que le perso soit obligé de les tuer, car le personnage est d'une lenteur affligeante. D'accord que ça revienne aux sources des survival des années 90 avec écrans fixes et mode de déplacements tank-control, mais là, c'est un peu trop rigide à mon goût, plus encore que les jeux référencés dont Dawn of Fear s'inspire alors que c'était pardonnable à l'époque, mais en 2020...
En plus, le perso décrit des arcs de cercles larges, ce qui oblige dans bien des cas à s'arrêter une fois ou deux très brièvement pour tourner ou alors glisser contre les murs en plein virage avec le syndrôme Moonwalk. C'est lourd quand même, cette maniabilité. M'enfin, étant un habitué du genre, j'ai vite (re)pris mes marques. Le bon point dans la jouabilité, c'est que le jeu laisse le choix aux joueurs de jouer soit en mode tank-control (comme un ancien RE ou AITD) via la croix directionnelle, soit avec le stick gauche en contrôlant le personnage par rapport à l'écran et non à l'orientation de son regard. J'ai opté pour l'ancienne méthode, je trouve que ça va mieux pour ce genre de jeu à l'ancienne, j'ai ceci dit testé la maniabilité moderne par moments et les commandes répondent bien pour les (nouveaux) joueurs réfractaires à la maniabilité RE classique, mais ça fait perdre un peu du charme oldschool/maniabilité à l'ancienne je trouve.
Aussi, le perso ne réagit pas de manière cohérente quand il se fait mordre ou frapper par un monstre, car c'est à peine s'il geint tant on ne l'entend pas agoniser et bouge à peine, et des fois on se fait toucher sans savoir comment. Le bestiaire est assez limité : 3 types de monstres et 3 types de boss, mais en même temps le jeu est court (3-4h en mode découverte et un peu plus avec les morts). Ça reste modeste mais peut-être suffisant aussi, par contre c'est un peu trop cher pour 20€ que le jeu coûte à la base. Et comme c'est un jeu à l'ancienne, si on meurt, on recommence depuis la dernière sauvegarde et les sauvegardes sont représentées par des chandelles/bougies à allumer, c'est limité et c'est tant mieux pour obliger le joueur à faire attention et utiliser les saves à bon escient, comme à l'ancienne. Tout comme les munitions, très limitées. Les kits de soin un peu moins mais limites si on veut tuer tous les ennemis. La santé est représentée par la lisibilité du carnet-inventaire du héros. Plus il se froisse et s'imbibe de tâches et de sang, plus il se rapproche de la mort. Autre petite idée sympa.
Du reste, c'est archi-classique et de fait, je ne m'attendais pas à plus. Encore une fois, c'est un hommage aux références du genre et il ne faut donc pas en attendre beaucoup... mais un minimum quand même ! Le fait est que Dawn (Down ?) of Fear ne fait pas mieux que le premier RE sur PS1, il en est même à des années lumières. Même l'histoire n'est pas intéressante, et pourrait se résumer en une ligne, alors que pourtant elle part d'une bon principe mais c'est fait à la truelle au final, et cette truelle n'a pas assez creusé... Même la dizaine de documents disponibles dans le jeu n'évoque rien de l'histoire et n'apporte rien à l'univers, tout juste quelques vagues indices sur les énigmes, qui elles sont plutôt simples mais mal foutues pour certaines. Genre pour un piano où il faut pianoter sur les bonnes touches marquées de symboles ésotériques pour ouvrir une porte, il faut se rappeler d'une note déchirée qui traduit la devinette de l'énigme mais qu'on trouve à l'autre bout de la maison et qu'on ne peut pas recenser dans notre inventaire ! Aller-retour + prendre note soi-même sur un papier oblige. Sérieusement... Et autres détails fâcheux s'accumulant qui font que c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Je ne vais pas tous les énumérer tant ils sont innombrables et la liste serait bien longue... Juste le plus gros.
Il y a quand même quelques petits bons points et tout n'est pas à jeter, heureusement, mais ça ne sauve pas grand chose. L'ambiance est là et la musique, bien qu'elle s'inspire des oeuvres citées plus hauts, fait le job. Il y a comme une inspiration assez prononcée d'Akira Yamaoka (le compositeur de la plupart des Silent Hill, et un de mes compos préférés), mais la musique jouée ne lui arrive pas à la cheville. Ça se laisse entendre et il y a suffisamment de pistes variées pour apporter une certaine substance. Du point du vue graphique, c'est du précalculé avec quelques plans 2D avec caméra suivant le personnage quelques mètres. C'est pas vraiment beau, mais c'est pas non plus spécialement laid malgré quelques textures en coin hideuses. Les décors sont bien choisis pour instaurer une aura inquiétante rappelant les premiers survival horror, mais certains angles de vue sont mal choisis et entravent la visibilité et le changement de plan. Certains changements de plans retirent toutes les textures et "mettent le jeu à nu", et dans ce cas il n'y a qu'une seule solution pour contourner le bug, retourner dans la pièce d'où on vient puis revenir. J'ai quand même apprécié l'ambiance et j'ai retrouvé une volonté des créateurs de bien faire, il y a du potentiel mais hélas, les dévs n'auront pas su tirer parti comme il faut. Un jeu qui s'adresse surtout aux fans du genre, pas trop exigeants. Je suis au final dégoûté. Et encore... le jeu était pire à sa sortie avec des bugs le rendant injouable et le faisant planter, avec le patch ça passe un peu mieux.
Je pense qu'après Alone in the Dark 5 (Inferno), Dawn of Fear est le plus mauvais survival horror que j'ai fait. Je voulais lui donner sa chance, j'avais envie d'y croire, mais j'ai vite déchanté. Cela dit, le jeu peut plaire à une petite tranche de joueurs passionnés. Dans un sens, je me suis quand même amusé et il a eu le mérite de me rappeler des souvenirs de jeux connus d'horreur et pionniers du genre. Il y a même un clin d'oeil assez sympa au tout premier Resident Evil de 1996.
Jugez-en par vous même : https://www.zupimages.net/up/20/13/af7f.jpg
J'espère dans tous les cas que ce premier fiasco servira de leçon à ses créateurs, afin de ne pas répéter les mêmes erreurs si d'aventure il créent un autre jeu. Du coup, la note va être assez basse... J'étais parti pour lui mettre la moyenne mais là et c'est une véritable chute et c'est dur pour moi. Et comme on dit : plus dure sera la chute. On pourrait tout aussi bien résumer en un mot ce jeu à une horreur, plutôt qu'un jeu d'horreur. Sans mauvais jeu de mots. Bref, passez votre chemin, surtout pour ce prix-là.