Probablement en 20-30 heures. C'est qu'il est particulièrement long pour un survival horror, mais il faut aussi ajouter les innombrables morts et quelques échecs causant de nombreux retrys. Autant dire que l'aspect survie est particulièrement mis en avant, jouant majoritairement la carte de d'infiltration même si on peut dire globalement que c'est un jeu d'aventure et de survival horror. À la première personne. Ça rend le dangereux périple d'Amanda Ripley plus immersif, et diantre que c'est fidèle au premier film ! Alien: le huitième passager. Ça se déroule 15 plus tard, en 2137. Autant dans les références que dans les environnements, le cahier des charges est respecté à la lettre. C'est angoissant, stressant en raison de la traque constante de l'alien. Mais il y a également d'autres menaces comme des humains rebelles, des androïdes et même des facehuggers. Bestiaire un peu limité, certes, mais cohérent avec l'univers Alien... quoi que des humains qui se révoltent, je trouve qu'ils auraient pu mettre autre chose dans une situation où il faut se serrer les coudes, mais passons, et puis ça se tient un peu avec le scénario qui se laisse suivre avec quelques rebondissements sous formes de cinématiques hors champ de vue subjective, même si j'ai trouvé la fin expédiée et décevante quand bien même elle laisse un goût de fin ouverte, et la pléthore de journaux et d'enregistrements en disent long sur le merdier en lequel s'est convertie la trame. Le fan d'Alien ne sera pas déçu, ça c'est clair et net, et même si je ne suis pas spécialement fan de la saga que j'ai initialisée tout récemment, je dois dire que c'est fort agréable d'avoir autant de lecture en perspective. Ça l'est moins quand on est traqué et que l'alien ou un ennemi autre (mais particulièrement l'alien), car on n'a pas de répit et on peut mourir à tout instant ou rapidement, alors on archive dans le menu se mettant en pause pour lire plus tard. On a une barre de vie et elle nous permet d'encaisser des dommages des humains et des lambdas, mais face au xénomorphe, ça ne nous sert pas à grand chose car s'il nous attrape c'est le one-shot. Même chose pour les parasites facehuggers. Logique, vous me direz, si on a vu les films. Le xénormorphe est un prédateur létal après tout, et les parasites prennent instantanément le contrôle de leur hôte au moindre contact.
On a donc affaire tout au long à un jeu du chat et de la souris quand le grand extra-terrestre noir aux formes sveltes et agressives nous cherche. Il rampe le plus clair du temps dans les conduits d'aération supérieurs, et peut donc surgir donc d'une bouche d'aération du plafond. Dès qu'on l'entend ramper, faut se faire le plus discret possible car son ouïe est très développée. On peut adapter sa vitesse de marche et marcher en se baissant, se cacher derrière des éléments du décor en se mettant à couvert, se planquer sous les lits et les bureaux, s'enfermer dans les placards ou ramper dans les conduits de ventilation pour semer son poursuivant. Enfin, poursuivant, c'est vite dit... Car une fois repéré, c'est une mort imminente à laquelle on s'expose parce qu'il est impossible de lui échapper ou d'esquiver son assaut mortel quand il vous fonce dessus. Les premières missions peuvent être très frustrantes à cause de ce genre de fatalité, puisqu'on est impuissant et en cas de repérage, à moins de préparer sa sortie en s'enfermant dans une salle avec un interrupteur de secours à proximité, on n'a absolument aucune chance de survie et on doit reprendre de la dernière save. Parce que le jeu ne sauvegarde pas automatiquement durant les missions mais entre les missions, et plus rarement après avoir accompli certains objectifs dans les dernières missions. Il faut éviter de se faire voir autant que faire se peut. Mais ça rate souvent quand on ne connait pas le jeu et le temps d'apprendre les mécaniques. Un sentiment de frustration nous submerge quand l'alien nous attrape pour nous croquer ou nous transperce avec sa queue, alors parfois on ne le sent pas venir, et c'est d'autant plus frustrant quand il disparaît d'un conduit pour arriver sur celui voisin, si ce n'est le même... Pas le temps de dire ouf, surtout dans les dernières missions qui peuvent s'avérer éprouvantes.
Pourquoi ne pas avoir mis au point un système de QTE pour échapper à l'alien une fois qu'il nous saisit ? Pour l'empalement je dis pas, mais pour l'étreinte de la mort qui vient petit à petit sous forme de cinématique faisant croire qu'on a encore une dernière chance de nous débattre pour se sortir de ses griffes, autant mettre Pause et charger la partie. Par contre, si un androïde nous chope, on peut lui échapper en martelant le bouton d'action s'affichant. Dommage que ça ne soit pas le cas avec l'alien qui ne laisse pas la moindre chance avec ce genre de "fatalité". À la place, pourquoi ne pas avoir permis une tentative désespérée de la dernière chance pour se libérer, et donner ainsi le temps à Ripley de courir se mettre en lieu sûr ? Ça aurait pu donner lieu à des courses-poursuites apportant encore plus de stress que celui qu'on ressent déjà en la jouant furtif. Eh bien non, t'es repéré, t'es mort... Condamné. Cela dit, avec le recul, force est de reconnaître que cette mécanique frustrante est ce qui fait le sel de la peur spéciale instaurée par Alien Isolation, allant chambouler les mécaniques habituelles du traditionnel gameplay du jeu d'aventure. Ce qu'Alien Isolation n'a pas dans un sens (ne pas pouvoir échapper à l'alien une fois repéré pour se mettre à l'abri), il a dans l'autre sens (ne pas se faire voir implique de redoubler de vigilance par rapport aux autres jeux standards, créant ainsi une peur mêlée et à une certaine adrénaline passant un peu ralenti et pouvant faire paniquer le joueur et le mettre mal à l'aise avec un sentiment quasi-constant d'insécurité). Autant dire que ce jeu n'est pas à mettre entre les mains des cardiaques, car pour vous donner des sueurs froides et faire battre votre cœur à tout rompre, le titre remplit excellemment le contrat et même pour une personne qui comme moi en voit de toutes les couleurs, on peut l'apprécier à sa juste valeur. Accepter cette mécanique, qui au final fait partie du cœur du gameplay, c'est mettre au placard sa frustration et mieux s'y intégrer. Apprendre le gameplay à la dure, en mourant maintes fois pour apprendre de ses erreurs et la routine du monstre même si le jeu peut être bien pute par moment dans ses rouages. Je le reconnais et l'expérience s'est avérée fructueuse, en fin de compte, bien qu'éprouvante avec toujours quelques moments de frustration d'échouer car le jeu est tordu à certains moments alors qu'on venait de bien jouer avant pendant une bonne période. Les PDS sont parfois espacés et il vaut mieux de manière générale revenir faire un petit aller-retour pour enregistrer, afin de ne pas avoir à recommencer de plus loin. Car, à l'instar d'un RE classique, le jeu implique pas mal d'allers-retours pour l'accomplissement de ses objectifs et la résolution de ses énigmes sous forme de mini-jeux. Un meilleur placement de ces points de sauvegarde aurait été apprécié, d'autant plus que le temps de sauvegarder il faut compter 5 à 10 secs, ce qui m'a été fatal plus d'une fois alors qu'il ne me restait qu'une demi-seconde pour enregistrer avec un bel empalement caudal. Et ne parlons pas des animations de l'héroïne pour dessouder une porte ou pirater un système nous laissant vulnérable et à la merci de toute menace à proximité. Rageant. Tout comme lorsqu'on rentre dans un conduit et qu'on tombe nez-à-nez avec le monstre qui se ballade aléatoirement même jusque-là. Alors je n'ai rien contre l'aléatoire, mais il faut dire que la vélocité du monstre est impressionnante et on est vite dépassé par cette entité méga cheatée, nous laissant qu'une très petite marge de temps pour réagir quand on en a les moyens. En effet, après avoir avancé un peu dans l'histoire, on obtient le lance-flammes et le cocktail molotov. Si l'alien nous voit, on peut toujours les utiliser comme joker pour éviter la mort à condition de viser juste et vite. Parfois, ça passe avec un peu de casse au passage quand le xénomorphe percute le personnage (seule exception où il peut infliger des dégâts et non une attaque mortelle). Les matériaux et le carburant pour ces outils d'auto-défense sont quand même une denrée rare et le carburant se consomme à une vitesse affolante. À utiliser avec parcimonie même si le jeu reste un minimum généreux pourvu qu'on explore bien la station spatiale. En effet, s'il est conseillé d'éviter les confrontations avec les autres ennemis, de manière générale, quelques armes ne sont pas de trop. C'est pourquoi un revolver, un fusil à pompe, un pistolet à clou viendront garnir l'attirail de la demoiselle au cas où. Le tout est disponible dans un menu radial incluant des gadgets à crafter comme le mototov, des bombes tuyaux, des grenades aveuglantes et fumigènes, des grenades IEM pour neutraliser les synthétiques. On a même un émetteur pouvant faire diversion durant les stratégies d'infiltration. Tous les ennemis peuvent être éliminés, à l'exception de l'alien qu'il faudra repousser ou interrompre avec le feu.
Bien souvent, le jeu m'a rappelé Bioshock en raison de la récolte des ressources collectées sur les cadavres et les coffres, le fait de hacker... En plus des affiches publicitaires des zones qu'on traverse, rappelant Rapture à bien des égards sous cette structure que j'ai plutôt assez appréciée de la station Sebastopol. Le jeu offre des moyens de s'en sortir tout de même et d'augmenter ses chances de survie, avec des schémas d'outils à fabriquer et à améliorer, y compris les outils indispensables comme le soudeur ionique. À cela, s'ajoutent des effets d'ombre et de lumière époustouflants. Le jeu n'a pas pris une ride, il faut dire que le rendu graphique aide beaucoup à rentrer dans l'ambiance, et reste encore de très bonne facture en 2019 pour un jeu qui a 5 ans. Il y a le chara-design qui est un peu dépassé mais ça va encore, ça n'a pas vieilli méchamment. Et musicalement, la musique fait le taf, angoissante et intense, parfois semblant s'éterniser en avertissant d'une menace imminente. Elle joue surtout avec les nerfs du joueur durant les phases de traque de l'alien pour les mettre à rude épreuve, et nous montre à quel point ce jeu de la licence Alien est un survival horror pur et dur. Sans être parfaite, elle remplit son rôle et procure une certaine tension, mais plus proche du septième art que du domaine vidéo-ludique, sans doute pour mieux coller à l'ambiance des films et ravir les inconditionnels du film de Ridley Scott. Et petit plus pour le son qui joue sur un sentiment d'oppression et d'insécurité en tout temps, le son étant une des clés de la survie, tout comme le détecteur de mouvements qui aide à repérer les ennemis dans les parages.
Du coup, un peu mitigé que je suis avec ce bilan. En partie séduit par l'ambiance particulièrement réussie qui donne juste envie de découvrir d'autres films Alien et la saga dans son intégralité, son level-design et ses objectifs de mission donnant de quoi faire durant une bonne vingtaine d'heures, peut-être une quinzaine pour les plus rapides. Ses mécaniques étant un savant mélange de tension et de peur, mais une peur persistante, pas du genre à faire sursauter un instant de temps à autre avec un jumspscare mais à mettre la pression. Mais voilà, le fait de se faire trucider au moindre faux pas dans l'exploration peut en rebuter plus d'un sans course poursuite ou échappatoire, la seule planche de salut dans ce cas-là étant les armes à barbecue qui ne seront pas au goût du monstre traqueur mais ça vaut toujours mieux que d'avoir chaud aux fesses. Ça compense cette vulnérabilité fatale... dans une certaine mesure. Je regrette aussi une fin expédiée avec un goût de "tout ça pour ça", quelques bugs comme des armes flottantes à l'emplacement de cadavres d'ennemis disparus ou une porte qu'on ouvre qui devient invisible à part les poignées. Une fois, j'ai même eu une cinématique qui refusait de se lancer alors que j'avais accompli toutes les conditions pour l'activer et progresser, j'ai dû donc recommencer la mission en question. À noter aussi une IA des ennemis pas toujours au top, notamment chez les humains et les synthétiques même si on a vu pire. Content en tout cas de l'avoir fait, et le plus important à mon sens, qu'il m'ait donné envie de découvrir les autres films. Je n'avais jamais joué à un jeu Alien jusqu'à présent, c'est désormais chose faite, mais les autres ne m'intéressent pas, et je me contenterai des œuvres cinématographiques parues à ce jour.