Celui-là, je l'avais suivi d'un oeil curieux depuis son trailer à l'E3 il y a quelques années, qui en disait long sur l'une des forces motrices du jeu : des hordes d'infectés à combattre astucieusement dans un monde sans foi ni loi. En effet, en dehors des freakers (c'est ainsi que se nomment les zombies du jeu plus communément appelés mutants dans la version française), on retrouve des humains malveillants tels que des bandits, des fanatiques, des anarchistes et j'en passe. L'histoire du jeu commence deux ans après le prologue indiquant qu'un virus biologique a dévasté le monde qui est parti en couilles avec l'arrivée des mutants et vu qu'il n'y a plus de lois ni de justice, c'est le chaos total. C'est donc un monde ouvert post-apocalyptique qui nous attend, reflétant la cruauté et la vilenie humaine dans toute leur splendeur, mais aussi les dégâts ravageurs du virus sur les humains et même les animaux. J'ai fait un petit rapprochement avec The Last of Us pour ce qui est du monde impitoyable qui décline, mais avec un côté plus sauvage ici et moins urbain, puisque c'est dans l'Oregon que l'aventure se déroule. Et clairement, j'ai trouvé que l'ambiance posée et le décor planté vont de pair avec le principe du road movie remarquablement mis en évidence, au guidon de votre bécane. C'est Deacon St. John que l'on contrôle tout le long, à la recherche de se femme présumée morte, Sarah, suite à l'évacuation de cette dernière par hélico quand eut lieu la pandémie deux ans plus tôt et dont les rumeurs laissent à penser qu'elle aurait péri dans un camp de réfugiés. Gardant toujours espoir, Deacon sillonne les routes dangereuses du no man's land en compagnie de son meilleur ami, Boozer. Des camps de survivants se sont formés et les gens qui ont toute leur tête se serrent les coudes pour survivre tant bien que mal. L'histoire se développe donc en accomplissant des missions pour les camps, ceux-ci vous récompensant à mesure de vos faits et exploits qui vous conduisent vers des pistes sur votre femme et pour comprendre comment le monde en est arrivé là. Si la trame a une progression plutôt basique, il se passe toujours quelque chose en avançant grâce au système des scénarios qui se croisent et se complètent en pourcentage jusqu'à 100%. Ce faisant, Deacon, en sa qualité de drifter, est un chasseur de primes, et devra rétablir l'ordre malgré lui pour des camps, dont chacun possède des idéologies différentes apportant bouleversements au monde de DG.
Le monde ouvert est plutôt vaste, il y a pléthore de choses à faire et pour cause, on peut facilement compter entre 50 et 80h pour en faire le tour complet. Sans être complexe, l'histoire m'a paru très agréable à suivre. Il est admirable de voir la solidarité des camps de survivants, luttant pour leur survie au beau milieu de cet univers apocalyptique, il y a pas mal de personnages importants avec lesquels interagir et faire avancer l'intrigue, et ces gens-là changent parfois avec les chamboulements et les faits d'armes de notre héros. Tout au long du périple, notre biker va se forger une réputation (définie en EXP sur 3 niveaux) auprès des camps et ce, de plusieurs façons. En chassant du gibier que ce soit des daims pacifiques ou la faune sauvage à dépecer pour rapporter la viande à revendre, soit en accomplissant des missions, soit en sauvant des otages des griffes de bandits ou de freakers, ou encore en revendant des primes (à savoir des oreilles arrachées aux mutants qui représentent des butins). Il y a donc du loot, et ce sont surtout les humains qui nous en donnent à foison bien qu'on trouve des ressources un peu partout. À chaque fois qu'on passe un niveau de réputation, de nouvelles marchandises sont disponibles chez les marchands. On peut acheter naturellement des armes et des munitions ainsi que des ressources, acheter des pièces pour améliorer les performances de la moto de Deacon mais également son esthétique. La réputation d'un drifter équivaut à la confiance que lui porte le camp pour lequel il oeuvre. Il est à noter que la moto est un personnage à part entière. Certes indestructible car on en a besoin pour progresser, mais si elle est endommagée, il faudra la réparer. 2-3 p'tits coups de clé à molette grâce grâce aux talents de mécano de Deacon, et ça repart (à condition d'avoir de la ferraille sur soi) ! Les mécaniciens des camps peuvent aussi la réparer, moyennant finances évidemment. Rien n'est gratuit, pas même l'essence dans un camp bien qu'il soit possible de trouver des bidons pleins et des pompes à essence dans les stations-service du no man's land. Tout comme il est possible de trouver tout plein d'objets pour crafter de l'équipement, que ce soit des kits de soin, des cocktails améliorant l'endurance du héros pour sprinter et faire des roulades, ou encore sa concentration pour tirer en ralentissant le temps. D'ailleurs, le temps est ralenti de moitié quand vous activez la roue des équipements à l'instar de la roue des pouvoirs d'un Mass Effect. Ce qui vous laisse un certain temps pour choisir et planifier votre stratégie dans le feu de l'action. Crafter sera nécessaire pour survivre et vaincre les hordes de mutants, en fabriquant des cocktails molotov, des bombes, des pièges. Tout est bon pour ralentir la meute des zombies et les vaincre petit à petit tout en fuyant car ils sont très nombreux et le moindre contact peut être fatal tant la barre de santé diminue extrêmement vite au milieu de la masse, toujours plus vite si le nombre est plus important. Bien étudier son environnement et tirer profit des barils explosifs sont la clé de réussite. Des hordes allant de 50 à 500 mutants ! C'est un truc de dingue, mais c'est bon pour l'adrénaline. Il faut faire attention à ne pas trop les dépasser pour éviter qu'ils s'éparpillent et se dispersent dans une zone labyrinthique ou parsemée d'obstacles. Vous trouverez dans l'open world des mutants dispersés un peu partout, mais même isolés ils donnent parfois du fil à retordre. Les mutants sont intelligents malgré leur aspect primitif et leur cris hystériques donnant la chair de poule : ils peuvent renverser votre moto pour que vous perdiez du temps à la redresser en cas de fuite, d'autres esquivent les balles. Bien sûr, il y a plusieurs types de mutants même si le bestiaire n'est pas si énorme que ça, surtout si on tient compte que chaque animal à l'exception du cougar, possède un skin naturel (non infecté) et un skin infecté. Bizarrement, les humains sont moins intelligents et il y a pas mal de problèmes d'IA, genre on passe presque sous le nez d'un sniper embusqué qu'on a contourné en s'approchant de lui et il continue de viser au loin sans changer de position. Il y a ça, sans parler de plusieurs bugs comme des ralentissements, des textures s'affichant avec trois plombes de retard, des textures manquantes au sol et le vide/limites de l'open world accessible/visible. Ce n'est pas très fréquent, fort heureusement, et surtout ça ne rend pas le jeu injouable, mais ils existent et il peut y en avoir beaucoup si vous passez énormément de temps sur Days Gone, comme moi qui ai pris tout mon temps. Il y a également des phases d'infiltration.
C'est un jeu qui ne révolutionne pas le genre, mais de toute façon ça n'est pas le but, et puis le principe des hordes permet à ce jeu de se démarquer un tant soit peu. Car s'il est vrai que Days Gone s'inspire d'autres jeux et de licences connues (Tomb Raider pour la chasse et la cueillette, entre autres petits détails) et The Witcher 3 (on peut, tout comme Geralt de Riv, pister des zones avec le "flair" de Deacon pour enquêter sur une affaire), il est tout autant vrai que le titre a de quoi scotcher pendant des heures grâce à son histoire longue et passionnante se construisant sur plusieurs scénarios nous en apprenant plus sur des personnages-clés et les faisant évoluer. Il faut dire malgré tout qu'il reste quelques parts d'ombre à la fin du jeu, même si presque tout est révélé comme il se doit, mais il est possible de continuer à jouer et de débloquer des fins supplémentaires, ce qui laisse à penser qu'une potentielle suite pourrait voir le jour. Moi je dis : pourquoi pas. J'ai beaucoup apprécié le jeu malgré ses tares techniques, qui n'entachent pas pour autant la beauté sauvage et américaine de ses graphismes grandeur nature et de ses effets de lumière à saluer. Le monde ouvert est plaisant à explorer, les missions se ressemblent parfois un peu, mais elles sont un minimum diversifiés pour éviter que la lassitude pointe le bout de son nez. Son monde reste très vivant et criant de réalisme, nonobstant le contexte apocalyptique et impitoyable. Ajoutons à cela un côté RPG non-négligeable pour encourager le joueur à explorer cet univers de fond en comble. Deacon gagne des niveaux de compétence à chaque fois qu'il remplit un montant d'EXP, en tuant des ennemis ou en accomplissant des quêtes. On peut alors dépenser le point de compétence gagné dans la compétence de notre choix dans une certaine mesure (ii faut déverrouiller des aptitudes d'une rangée de niveau 1 pour passer à la rangée du niveau 2, etc). Chaque compétence coûte un point pour l'acheter et aide grandement à survivre dans le no man's land. On a les compétences de mêlée qui améliorent notre force et donc le maniement des armes de mêlée ainsi que l'endurance, celles qui améliorent l'utilisation des armes à feu et la concentration, et bien sûr celles de survie comme par exemple localiser les objets ou les ennemis plus facilement. Et au final, on a un sentiment de montée en puissance au fur et à mesure qu'on avance dans le jeu. Toutes les compétences sont vachement utiles et il n'y a rien de superflu. J'ai tout utilisé et tout m'a servi à un moment ou à un autre, certaines capacités plus que d'autres bien sûr, mais rien qui ait été testé juste pour voir ce que ça donnait. Autre point qui s'ajoute au côté RPG, selon moi, ce sont les barres de vie, d'endurance et de concentration de Deacon. On peut trouver des injecteurs de NERO qui peuvent augmenter ces trois attributs, qui pour moi sont comme des statistiques. Barre de vie (avec la quantité de PV affichée), barre d'endurance (est consommée quand on effectue des roulades pour esquiver ou qu'on sprinte, plus c'est élevé et plus elle se réduit lentement et se recharge rapidement), puis celle de concentration où (plus longtemps le temps sera ralenti en visant avec une arme à feu et le délai de récupération sera quant à lui plus court). La moto aussi possède une jauge de santé pouvant être augmentée en achetant des pièces, l'adhérence des pneus pouvant être augmentée, de même la résistance aux chocs accrues, etc. Ce n'est peut-être pas un RPG, mais il m'y a fait pas mal pensé avec tous ces points cités.
En bref, et sans virer dans le roman, j'ai adoré. Pour un premier jeu de zombies, Bend Studio (ceux qui ont créé Syphon Filter) ont fait fort, même s'il reste des choses à revoir comme l'IA des ennemis et des bugs. Le tout servi par des musiques somptueuses s'adaptant à l'ambiance de ce monde en déclin, un peu dans des tons western parfois. Mais ça colle parfaitement avec l'ambiance road movie/biker, ce que le jeu nous démontre du début à la fin. C'est déjà un belle naissance de licence pour moi. Espérons donc que ça aille encore plus loin, si Days Gone 2 il y a.