<div>Alors que j'étais parti d'un a priori me laissant un petit goût amer avec un jeu sympa sans plus, force est de constater que celui-ci s'est avéré nettement mieux que je ne l'avais escompté, et même plus prenant et jouissif au final. Même si quelques points soulevés auparavant subsistent. Cette quinzaine d'heures de jeu m'aura révélé, pour ainsi dire, l'histoire de Kratos. Ce personnage torturé et manipulé par les dieux, et qui se rebelle contre eux pour s'absoudre de ses péchés par la même occasion, mais le plus beau dans tout ça, c'est qu'il se bat pour l'humanité inconsciemment, et qu'il a des raisons de se battre qui lui appartiennent, pas seulement pour la soif de pouvoir. Au-delà de cette colère, de cette haine farouche qui le guide et de cette turpitude qui habite le personnage, celui-ci est bien plus torturé psychologiquement que ça, et il faut vivre son histoire jusqu'au bout pour le comprendre et se mettre un tant soit peu à sa place. Alors soyons clair, quand bien même ce soit justifié par le contexte de ce troisième épisode qui emprunte pas mal de références et de liens aux précédents épisodes et en particulier au premier, je ne suis pas spécialement fan du héros sombre qui manipule les humains comme des outils pour arriver à ses fins ou les tue s'ils se trouvent sur son chemin. Pas fan non plus de ses cris enragés cassant un peu les tympans, de son insolence et de son égocentrisme (sa voix en elle-même ne me dérange pas), mais encore une fois, ça va de pair avec l'intrigue et le background plutôt solide de la série. Et cette solide aventure atteint son apogée dans cet opus avec une pluie de révélations qui tombe des cieux de l'Olympe pour nous laisser purement et simplement bouche bée. Ayant fait God of War Chains of Olympus, 1 et 2, j'ai vu assez d'éléments de ces volets antérieurs au fil de l'histoire du 3ème volet pour comprendre la véritable histoire de Kratos, qui aboutit à un dénouement plutôt inattendu. Certains aimeront, d'autres non. J'avoue avoir moyennement apprécié dans la forme, mais dans le fond je saisis le message et l'issue finale de notre spartiate. Résultat des courses : le scénario nous tient en haleine du début à la fin, grâce à ses cinématiques de toute beauté réalisées avec le moteur du jeu ainsi qu'a ses petites notes dispersées çà et là pour épaissir le background, mais en plus il a le mérite de donner envie de rejouer à la saga, ne serait-ce qu'à la trilogie des épisodes numérotés. J'ai dû faire grosso modo la moitié des épisodes que compte la saga, à savoir qu'il me reste encore à faire Ghost of Sparta, Ascension et le dernier God of War de la PS4 sobrement intitulé God of War et qui prend place dans la mythologie nordique. C'est quand même une belle prouesse pour m'inciter à faire toute sa série pour un jeu, et, qui sait, peut-être tous me les acheter/racheter.
Pour sûr, je n'ai pas vraiment été déçu de cette épopée dantesque, loin de là même, cependant j'avoue avoir eu un peu de mal à mal à m'immerger au départ et à "rentrer dans la peau du personnage" durant les premières heures. C'est désormais chose faite, et je suis bien content d'avoir fait ce jeu, qui est pour moi un très bon jeu, excellent même, sans pour autant l'élever au rang de hit ou de bombe. L'ambiance est là et fait le café, voire un excellent capuccino à savourer bien chaud. Et même si j'ai légèrement préféré Darksiders (mais à peine, c'est presque kif-kif), et ce malgré la note finale de GoW III, j'ai dévoré ce dernier et je n'ai pas vu les quinze heures passer. Cette mythologie grecque respectée au pied de la lettre sied somptueusement à ce jeu, enfin, ... à cette série quoi. Curieux d'ailleurs de voir ce qu'il en est avec l'univers nordique. Mais revenons à nos moutons avec l'épisode 3. La direction artistique est particulièrement travaillée, et les graphismes léchés montrent un jeu PS3 exploitant les limites de son support originel, ici sublimé par une version 1080P à 60fps constant sur la PS4. Toutefois, j'ai pu voir quelques petites textures grossières et pixélisées mais elles sont si rares et minimes qu'au final, c'est une goutte d'eau dans l'océan. Le moteur tourne très bien et les combats se révèlent dynamiques à souhait. Je n'ai relevé aucun ralentissement. Le design de Kratos frôle un certain réalisme, tout comme celui des autres personnages dans le jeu même si les visages et les silhouettes sont un peu anguleux, mais ça reste marginal. Les monstres, parlons-en. On retrouve tout ce qui fait la force du bestiaire de God of War : les cerbères, les gorgones, les cyclopes, les centaures, les chimères ou encore les minotaures, des créatures mythologiques et démoniaques. Y'a pas à dire, on est servi comme un roi. Des QTE enjolivent les combats pour amplifier ce dynamisme qui leur va si bien. Ils ne sont pas vraiment compliqués à réaliser si on reste bien attentif et qu'on regarde au centre de l'écran. Pas de QTE avec des pièges mortels de l'environnement comme dans un Resident Evil post RE4, mais ce ne sont pas les traquenards qui manquent, ni le vide, À ce propos, je trouve qu'il y a un peu trop de vide dans ce jeu (déjà, rien qu'au début) et que ça manque un peu de verticalité, dans le sens où on n'explore pas souvent les zones de haut en bas et vice versa comme dans un jeu de plateforme (bien souvent il y a le vide entre les plateformes, et s'il y a de la verticalité, cela reste rare mais un niveau avancé le permet un peu). On a d'ailleurs le grappin pour jouer à Tarzan dans les zones dangereuses. Pas de gestion de la physique ou d'effet d'inertie, mais là encore ça reste un détail et on ne va pas trop en demander quand même. Donc bon, les animations sont plutôt soignées, le jeu est fluide, beau, offrant des couleurs chaudes et chatoyantes. Musicalement, ce n'est pas mon style préféré, mais le fait est que ça colle inexorablement au contexte. Ici aussi, il m'aura fallu un peu de temps pour m'habituer à la bande-son, plutôt forte sur le volume par défaut. Des hymnes guerrières, tantôt tribales, tantôt épiques, et toujours orchestrales dans un style péplum. Au final, j'aime bien la musique, peut-être pas toutes les pistes et ce n'est pas le genre d'OST que j'écouterais en boucle toute la journée, mais ça fait son effet et on devient presque spectateur (comme si on regardait un film alors qu'on joue tant l'ambiance se veut parfois cinématographique).
Question difficulté, mis à part le prologue qui commence fort et qu'on manque de repères, je n'ai pas trouvé le jeu particulièrement difficile, équilibré dans l'ensemble et un poil facile même à certains endroits. Je trouve ça d'ailleurs un peu bête que les yeux de Gorgone, plumes de Phénix et cornes de Minotaure s'obtiennent tous si on loupe que peu de coffres pour peu qu'on explore un maximum tout en loupant quelques coffres au trésor contenant ces objets augmentant notre santé max, magie max et efficacité des objets. Je veux dire, il y a une marge d'erreur si on loupe certaines de ces reliques et on n'est pas obligé d'ouvrir tous les coffres du jeu pour les avoir. Les coffres où on pourrait trouver ces éléments d'amélioration si ces derniers ont tous été réunis avant, ben dans ces coffres il y a beaucoup d'âmes en bonus. D'ailleurs, j'ai pu augmenter le niveau de toutes mes armes peu avant d'arriver à la fin, et il me restait 7000-8000 âmes en réserve alors que j'avais loupé quelques coffres. Et ces âmes rouges ne servent plus à rien par la suite, si ce n'est pas à "se fabriquer un score". En parlant de coffres, comme dans les épisodes précédents, certains restaurent la vie, d'autres le mana et d'autres encore l'ire des lames d'Athéna (sorte de phase où Kratos entre en mode berserker et qui ne dure pas longtemps, se chargeant en frappant et vainquant des ennemis). Si, dans les God of War, j'ai toujours pesté contre le fait qu'on ne puisse se pas soigner ni recharger sa magie à l'aide d'un objet qu'on trouverait et qu'on stockerait dans l'inventaire pour l'utiliser en cas de force majeure ou simplement quand on le désire, car on ne peut compter principalement que sur les coffres spécifiques, il y a toujours certains ennemis qui rapportent des âmes vertes (santé) et bleues (magie) selon la façon comment on les tue. C'est toujours ça de pris et, mine de rien, ça aide mais bon... Même si ces coffres sont nombreux et bien placés, ils ne sont pas toujours présents quand on a besoin de refaire le plein alors qu'on est assailli par une horde de cyclopes ou de minotaures. Certaines phases de combat peuvent être très tendax à cause de ça. J'aurais apprécié que l'on puisse transporter des objets pour se restaurer, ne serait-ce qu'en un exemplaire de chaque catégorie. Le jeu n'en serait pas forcément plus facile, mais plus permissif et ne pousserait pas à établir des stratégies sur un ordre de coffres à utiliser à tel moment pour éviter le gâchis.
Au rayon des défauts, j'ai relevé des bugs faisant que le jeu se relance en consultant les techniques d'attaques et combos des armes dans le menu à certains endroits du jeu (ça m'est arrivé 4 fois). Aussi, je trouve dommage que quand on examine le décor en interagissant avec celui-ci, certains textes ne peuvent être lus qu'une fois et ne réapparaissent plus. Je préfère quand un commentaire d'inspection de l'environnement reste tout le temps jusqu'à ce qu'on appuie sur la touche de validation, que le temps s'arrête ou non. Parfois, il arrive qu'on doive suivre un certain chemin pour progresser ou passer une épreuve en évitant des pièges, mais la voie n'est pas toujours très claire comme elle est présentée et c'est en mourant qu'on voit comment déjouer tel ou tel danger. Les énigmes ne sont pas compliquées mais restent bien conçues pour présenter l'agencement des niveaux, et ça permet toujours de souffler un peu entre les rixes endiablées tout en distrayant. Par contre, petit bémol, le jeu est assez linéaire. Certaines zones donnent l'impression qu'on peut revenir ultérieurement mais il n'en est rien. On ne peut que difficilement revenir en arrière, voire pas toujours en raison de l'angle de la caméra encourageant à continuer ou des portes se refermant définitivement derrière nous. On sent que le titre a été fait pour avancer sans se retourner, façon beat'em all d'antan. Cela dit, il y a des secrets disséminés çà et là. Un peu plus de liberté, sans pour autant en faire un semi open-world, avec juste quelques embranchements, aurait été fort appréciable.
En fin de compte, j'ai "appris" à aimer le jeu, à l'apprécier. Et sans me forcer, ce qui est évidemment le plus important. Je suis passé outre certains points qui me frustraient, et certains de ces points sont devenus neutres au fil de mon avancée. D'autres n'ont guère changé mais n'étaient pas trop importants au point de me gâcher l'expérience. J'ai suivi de bout en bout l'histoire de Kratos, histoire qui a le mérite de bien résumer les événements des volets précédents. Mais il est quand même recommandé de faire au moins God of War 1 & 2 avant le 3. Au moins. Pour comprendre l'étendue de sa trame et la psychologie de notre avatar à la peau cendrée. Il est comme il est, et j'ai beau ne pas spécialement aimer ce style de personnage, ce genre de personnalité, le fait que ça colle à l'ambiance et à l'histoire, fait qu'on finit par s'attacher à lui. Et heureusement. Sans cela, j'aurais eu plus de mal et la pilule ne serait pas aussi bien passée. Du moment que c'est en osmose avec l'intrigue principale et l'univers, pourquoi pas. À présent, il me faut attaquer les épisodes restants pour en savoir davantage sur les origines de Kratos, bien qu'avec ce God of War 3, j'en ai eu une très bonne dose.