Awklocke avait été impressionné par la scène qui venait de se passer. Tant par l'intensité des sorts lancés que par la générosité de chacun de ceux qui avaient agis, chacun se mettant en danger lui même.
Constatant l'état de choc dans lequel la prêtresse était, il conseilla de l'étendre sur un des lits (il y en avait un en trop de toute façon) mais Hayward et Feid avaient déjà pris les devants. Il se tourna alors vers ses compagnons, et parla d'une voix grave, comme à son habitude:
"Il est temps de prendre un repas. Préparez vous si nécessaire et rejoignez-moi en bas. Le patron me connaît bien, nous pourrons avoir un salon en retrait de la salle principale et ainsi nous pourrons parler tranquillement." Il marqua un temps, puis se retourna vers le templier: "tu peux marcher Ignis? Viens aussi dès que possible." Ignis qui était encore affaibli fit un signe de la tête et se redressa. Voyant cette confirmation, Awklocke se retourna et franchit la porte de la chambre d'un pas assuré. Il s'arrêta une fois le pas franchit et ajouta "ne traînez pas".
Au bas des escaliers, la salle était déjà comble, et des serveuses de diverses races courraient à travers la pièce, apportant les plats fumants et débordants de leurs assiettes aux clients affamés. Comme chaque fois qu'il descendait ici, Awklocke fut une nouvelle fois séduit par la chaude ambiance qui régnait dans la salle, lui rappelant sa propre jeunesse qui à présent était bien loin. Un sourire nostalgique apparu sur son visage, mais disparu aussi brutalement. Il ne devait pas s'encombrer la tête d'idioties, ce soir était un soir important. Pour tous.
Il s'avança vers le comptoir et salua le chef, qui le reconnu immédiatement. Le bourru Garak était malgré l'apparence que lui conférait son espèce, puisqu'il était un troll nain (infirmité rarissime chez les Trolls), empreint de beaucoup de chaleur et d'hospitalité. Il accueillit son vieux client avec tous les honneurs et une joie non dissimulée et lui proposa sans que ce dernier n'ait quoi que ce soit à dire la table située dans l'alcôve au fond de la salle, car c'était la table qu'il prenait à chaque fois. Il aimait la douce lumière orangée qu'émanaient les chandelles et la décoration sophistiquée des murs taillés dans la pierre qui délimitaient cette petite pièce. Elle était ouverte sur le reste de la salle par une large porte sans battant et combinait donc l'ambiance de fête de la salle principale et l'intimité d'une pièce privée.
Alors qu'il acceptait en riant et discutait avec son ami, Awklocke vit ses compagnons descendre dans la salle. Il les interpella alors d'un signe de la main et leur signifia de le rejoindre. Il se dirigea vers l'alcôve et ils le suivirent.
Une fois que tous furent assis dans les sièges de bois, une serveuse elfique d'une grande beauté vint prendre les commandes. Comme chacun était indécis et que de plus importantes choses étaient à discuter, il fut décidé de commander un assortiment des différentes spécialités de la maison. La serveuse repartit alors en courant, ses cheveux et les rubans ornant ses habits flottant dans l'air. La soirée devait être bien remplie pour ceux qui travaillaient dans cette auberge aujourd'hui.
Au début du repas, et en attendant que les plats n'arrivent, la conversation allait bon train sur des sujets futiles. Chacun énumérait ses achats de la journée et évoquait ses impressions sur cette ville peu ordinaire. Ignis qui n'avait pas été très présent parmi ses amis ces derniers temps se réjouissait de pouvoir enfin profiter de cette soirée et chacun était heureux de le revoir enfin en forme.
Cependant au fur et à mesure que la soirée avançait, des sujets plus graves étaient évoqués, et chacun faisait part de ses inquiétudes quant à l'incertitude qui planait sur leur quête. Ils étaient partis dans le but de trouver le Temple de Mitula, mais chaque jour de nouvelles pièces s'ajoutaient au puzzle. Nataku, l'ordre des prêtresses de Tyr, les cavaliers de la Lune Noire et les problèmes de la cité de Kaynzorht, les guerriers Dragons... Chacun s'interrogeait sur ce à quoi allait mener cette quête. Et chacun avait des buts primordiaux qui ne concordaient pas toujours.
Durant cette soirée Awklocke n'avait pas beaucoup parlé, se contentant d'écouter. Ses longues années de vie solitaire faisait de lui quelqu'un qui n'était pas à son aise en société. Cependant il appréciait cette ambiance qu'il avait connue en des temps reculés. Mais alors que les questions se firent plus graves, il eu l'air plus concerné, et, posant les coudes sur la table et joignant les mains, il prit la parole sérieusement pour la première fois de la soirée:
"J'allais presque oublier pourquoi je vous avais demandé de vous réunir autour de cette table ce soir. Il est temps que je vous révèle l'essence de ce dîner." Il se recula dans le siège et joignit à nouveau les mains devant la bouche, accoudé aux bras du fauteuil. "Je vous ai parût impatient ce matin, alors que nous tentions d'entrer dans ce village. C'est parce que nous arrivons à une date importante pour moi. De graves affaires m'appellent ailleurs, et je ne pourrais vous accompagner plus loin pour le moment. Viendra sûrement un jour où nous nous retrouverons, je vous l'assure, mais pour l'instant il va me falloir repartir vers le Nord. Mais il y avait des choses que je devais vous dire auparavant. Je vais vous révéler ma raison d'être ici, et accessoirement la vôtre également, du moins pour ce que je puisse en juger.
Je suis un prêtre de l'ordre de Mitula. Probablement n'avez vous pas de très amples informations sur cette déesse, car elle est mal connue de nos jours, volontairement rayée du panthéon officiel. En tant que tel, je suis ici en tant que juge. Je suis ici pour juger de votre statut d'élus. Mais laissez moi vous parlez un peu de mon ordre.
Nous sommes 11 prêtres de Mitula, chacun portant cette armure noire et dorée et se battant avec cette épée lourde et large caractéristique de notre place. Nous sommes des hommes qui étions banals, mais chacun de nous a rencontré dans sa jeunesse une jeune femme très séduisante, qui se faisait appeler Mitula. Nous avons tous été ensorcelés par sa beauté et sommes restés dévoués. Chacun de nous ne peut se défaire de cette fascination, et pour cause: Mitula était l'incarnation sur terre de la déesse. Lors d'événements que je vous conterai plus tard, Mitula a eu besoin d'un soutient et nous lui avons fourni. Nous avons alors formé cet ordre et construit son temple. Chacun d'entre nous a construit une aile du temple mais ignore tout de la conception des autres, afin de préserver la sécurité de ce qu'il renferme. Car tout ce qui compte est ce que ce temple recèle. En échange et pour assurer la pérennité de cet ordre, Mitula nous a donné à tous l'immortalité."
Cette révélation provoqua un grand trouble chez tous ceux qui étaient autours de la table. Voyant cela, Awklocke se sentit obligé de relativiser: "Attention cette immortalité n'est pas totale. Je peux tout à fait succomber à des blessures, ou à la maladie, mais le vieillissement de mes cellules s'est arrêté. Ainsi nous auront toujours la possibilité de transmettre le secret de Mitula." Il marqua un temps. Cette évocation semblait lourde de sens pour lui et on sentait dans son attitude qu'il s'apprêtait à dire des choses qu'il n'avait pas l'habitude d'évoquer. Il commença a parler d'une voix étonnamment peu sonore.
" Tout ceci a commencé il y a 296 ans. Par un événement qui te touche de très près, Ignis, et dont peu de gens connaissent l'origine. Je parle de la destruction de l'atlantide. Le seul moment dans l'histoire des âges récents où les dieux sont intervenus.
Savez vous ce qu'était l'Atlantide? Il ne reste plus aujourd'hui de trace des périodes qui l'ont précédé et peu de légendes sont encore exactes pour ce qui concerne cet âge d'or. Je l'ai vécu. Et j'ai également vécu les âges anciens, et je peux donc dire de quoi il retourne. En réalité je n'étais pas très âgé alors, et je n'ai que peu de souvenirs concernant les détails, par exemple le nom des royaumes ou leur découpages, ce genre de choses auxquelles on ne s'intéresse pas lorsqu'on est enfant. Cependant je me rappelle ce que me disaient mes parents. Et cette période qu'ils ont vécu, et que j'ai vécu également pendant une courte période de ma vie, ils la décrivaient comme un âge d'or. A ce moment les hommes rivalisaient de puissance avec les dieux, car ils maîtrisaient à la perfection la magie et la science tout à la fois, et ces deux puissances combinées offraient des perspectives infinies. La création de la vie était devenue possible et l'humanité approchait l'immortalité, que seuls les dieux sont en mesure d'offrir. Cependant certains dieux étaient très orgueilleux, et voyaient leur suprématie (et donc leur utilité) remise en question, ce qu'ils ne pouvaient pas supporter. Ils décidèrent d'abattre le chaos sur le point culminant de cette civilisation qui regroupait alors tous les peuples de la terre: l'île de Atlantide, dont la position permettait de tirer parti de la rotation de la terre lors de l'utilisation de son l'énergie et lors des lancements des navires célestes qui partaient parcourir les étoiles. Cette île était devenue la capitale d'un monde à l'apogée de sa gloire, et elle reflétait cette gloire elle même, scintillant de l'éclat de l'eau dans laquelle elle puisait sa force tranquille. Mais elle connu la force destructrice, celle de la fureur de dieux trop égoïstes. Et le feu la fit sombrer à jamais."
A l'écoute de ce récit, Ignis paraissait pétrifié. Non par ce qu'il entendait, mais parce qu'il revivait cette tragédie. Awklocke le remarqua et expliqua :
"Ignis a vécu ce moment." Tous les regards se tournèrent vers lui, qui était hagard, tremblant et qui semblait plongé dans un profond trouble. "Mais il croie que cela s'est déroulé il y a une quinzaine d'année. N'est ce pas?" Ignis lui adressa un regard intrigué lorsqu'il entendit cette phrase, mais le prêtre en armure noire changea de sujet et continua:
"A cette époque Mitula était une déesse reconnue au panthéon. Mais elle avait de tout autres projets pour Atlantide, et s'est opposée à cet acte de violence. Pour elle, la voie à suivre était celle de la collaboration avec les atlantes: en alliant force des êtres pensants et pouvoirs des dieux, les dieux auraient eu la possibilité de gagner un pouvoir immense, sans commune mesure avec leurs pouvoirs actuels. Mitula n'avait pas pour dessein d'aider les races existantes, elle voulait les utiliser. Cependant ses manières étaient loin d'être aussi brutales que celles de Celian, le dieu des forges qui détruisit Atlantide.
Celian n'était pas le seul acteur de ce massacre qui provoqua la chute de la civilisation Atlante, et il était suivit par plusieurs autres dieux jeunes et fougueux, comme Damban et Lyron, les dieux des vents et du son qui gronde. Mais une grande partie du panthéon s'opposèrent à ces pratiques. Mitula elle était la plus virulente de ceux ci, parce qu'elle ne faisait pas seulement preuve de pitié pour le peuple des atlantes, mais y avait des intérêts et elle ne pouvait pardonner à ceux qui avaient brisé ses rêves de puissance. Elle fut tellement impliquée qu'elle se rendit sur les lieux et aida à sauver les plus précieuses des découvertes atlantes. Elle sauva également de nombreuses vies. C'est en fait à cette époque que l'ordre des prêtres de Mitula a été créé. Et ces découvertes atlantes qui ont été sauvegardées ont été entreposées dans le temple de Mitula. Voilà le secret que recèle ce temple. Il n'est qu'un tombeau, le sanctuaire d'une ancienne civilisation qui a péri pour avoir été trop proche de la perfection. Les objets et armes qui y sont entreposées ne sont rien d'autre que les objets qui ont causé la perte des peuples de la surface." Ayant prononcé cette phrase, Awklocke se tu quelques instants. Son récit le fatiguait et ce point le touchait tout particulièrement, lui qui avait connu cet âge d'or.
Après s'être repris, il continua:
"Ce qui s'était passé alors n'était que le début d'une longue descente aux enfers. Les races des habitants du sol qui étaient soudées dans la civilisation atlante (malgré des différences ethniques et géographiques) se séparèrent et les plus faibles durent se cacher dans des endroits comme celui-ci, construit à l'origine par les gobelins Chinzen. En réalité le chaos démarra lorsque les dieux ne purent plus supporter leurs différents.
Les conflits entre les 3 jeunes dieux et Mitula, ainsi que la coalition des dieux Vétérans, des dieux présents au panthéon depuis les premières générations, qui soutenaient l'élimination des éléments perturbateurs, et d'autres dieux encore qui prenaient parti pour l'un ou l'autre des camps, aboutirent à un clash. Mitula fut chassée de l'Eden, ainsi que d'autres dieux, qui se créèrent leurs propres sectes. Encore aujourd'hui, les désaccords entre ces dieux font rage et sont la cause de plusieurs événements.
Le premier et sûrement le plus important à l'heure actuelle est le fait que ces conflits incessants ont provoqué d'intenses guerres entres les adorateurs de tel et tel dieu. La bataille la plus meurtrière reste celle de Madragar. Je vais vous conter cette bataille, même si je crois que certains d'entre vous la connaissent bien, car elle nous concerne tous particulièrement.
Je ne ferais pas dans les détails, car ici ils nous importent peu, et j'irai à l'essentiel. Cette bataille mettait en scène un dénommé Onianka. Onianka était un homme, un valeureux guerrier. Il faisait partie d'une armée très puissante regroupée dans l'adoration d'un des dieux, peu importe lequel. Mais en plus de sa bravoure et de sa force, il y avait quelque chose qui en faisait quelqu'un de tout à fait spécial. En effet il avait séduis Kyrel, la déesse des éclipses. Et de cette union était né un enfant. Un garçon. Ce jeune garçon ne vivait plus qu'avec son père car Kyrel se devait de résider dans l'Eden, et il n'aimait pas du tout que son père aille se battre. Il était très pacifique mais son père l'emmenait jusque sur les champs de bataille, dans une cage placée sur son thorax, moulée dans son armure. En effet Onianka n'aurait pu supporter que son fils soit tué alors que lui était sur le champ de bataille, par des maraudeurs et pillards sournois. Mais les corps déchiquetés, les flots de sang et les cris d'agonie donnaient au petit garçon des angoisses d'une puissance infinie. Lorsque celui ci grandis un peu, il n'eut plus à assister aux batailles mais du apprendre à manier une épée pour pouvoir se défendre si il advenait qu'il soit en danger. Cependant l'enfant n'aimait pas plus les batailles que lorsqu'il était petit, et il fit ce jour là une chose terrible. Pour que son père ne tue personne, il enleva la lame de l'épée qu'il utilisait et remis la garde dans le fourreau. Ainsi son père ne se rendis pas compte que son épée était incomplète lorsqu'il parti pour la bataille décisive de Madragar. C'était un jour de septembre de l'an de grâce 96, il y a 200 ans.
Pris de remords, l'enfant décida de rendre sa lame à son père. Mais celui ci était déjà parti et l'enfant eu beau courir de tout son souffle, et aussi vite que lui permettaient ses jambes frêles et peu endurantes, lorsque celui ci arriva, les plaines de Madragar n'étaient plus que charniers et désolation. Le soir tombait sur les collines et l'ensemble de la scène brillait dans une lumière orangée, tandis que sifflait le vent. Même les oiseaux s'étaient tus.
Lorsqu'il trouva enfin son père, celui ci avait une épée plantée dans le torse. Cette épée avait fracassé la cage dans laquelle il était étant petit. Et elle avait perforé la cage thoracique. Cependant son père était encore en vie, agonisant. Lorsque son fils lui ramenât sa lame, la lui tendant des deux mains le visage sali par les larmes et déformé par les sanglots, priant son père de ne pas mourir, ce dernier n'eut pour seule paroles que "Tu m'a trahis. Que tu meures milles fois, tu n'es plus mon fils..." Il s'en alla sur un soupir, laissant orphelin ce jeune enfant qui était alors âgé d'une dizaine d'année. Mais cet enfant n'était pas ordinaire, car du fait de ses parents, il était demi-dieu. Et il souffrit durant toute son adolescence de ce père qui l'avait renié et de l'intense sentiment de culpabilité qu'il ressentait. Lui qui était si pacifique se mettait à tuer des souris sans raison, et même des chats et des chiens. Il partait dans la forêt pendant plusieurs jours et tuait à mains nues des animaux sauvages, allant même jusqu'a défier des cockatrices et des slimes. Lorsqu'il revenait c'était couvert de sang avec dans le regard une lueur mauvaise. Lorsqu'il grandis son pouvoir augmenta encore, et de nos jours il est toujours vivant, et possède une immense armée derrière lui. Vous avez deviné depuis longtemps déjà qui est ce jeune garçon meurtrier. Il s'agit de Nataku. Mais il ne pris ce nom que bien plus tard, lorsqu'il s'inventa un monde qu'il créa de toute pièce, ressuscitant ses victimes pour en faire ses esclaves, et les faisant s'accoupler pour produire des races nouvelles. Le monde des Ténèbres, que Feid connaît bien. Et l'armée de la Lune Noire, nommée ainsi en souvenir de sa mère Kyrel."
Chacun se regarda lorsque le récit fut fini et personne ne pu s'empêcher d'éprouver un certain malaise à l'entente de cette histoire sordide.
"Il y aurait encore beaucoup à raconter sur ce qui se passe dans le monde tourmenté dans lequel nous vivons, car beaucoup de Dieux ont créé leur ordre, et les êtres vivants eux mêmes se sont regroupés et se livrent une guerre sans merci. Ainsi nous pourrions évoquer le cas de Kaynzorht et de sa caste des Guerriers Dragons, qui a en ce moment des démêlés face à l'armée de la Lune Noire, ou encore celui des Templiers dont fait partie Ignis. Il y a beaucoup de forces en jeu en ce moment, et l'équilibre est fragile et sur le point d'être rompu.
Mais il se fait tard et il ne serait pas sage de s'éterniser sur des broutilles. Il me reste à vous parler de ce pour quoi je suis ici avec vous.
Comme je vous l'ai dit j'ai une fonction de juge - enfin j'avais. A Atlantis, un oracle avait prévu tout ce qui s'est passé. Et il avait prévu qu'un groupe de héros ramèneraient un ordre plus juste. Je ne sais pas exactement en quoi consiste cette tâche, mais la date de l'apparition de ce groupe avait été prévue, et elle est arrivée. Mitula attache beaucoup d'importance à cette prophétie. C'est pourquoi chacun des 11 prêtres de son ordre ont été chargés de parcourir le monde à la recherche de ce groupe de héros. J'ai quand à moi atterris parmi vous. Mais rien ne me disait au départ que vous seriez le groupe de la prophétie, et j'étais là pour vous faire subir des épreuves, pour déterminer votre capacité. Cependant je suis sur à présent que vous êtes les bons, et c'est cette certitude qui m'a amené à ne pas pousser plus loin mes épreuves. S'il y avait le moindre doute, la seule présence parmi vous d'un témoin de la chute d'Atlantis suffit à m'assurer que vous êtes ceux que nous cherchions tous."
Lorsqu'il fini cette phrase, l'ambiance se détendit. Chacun sentait que toutes les choses les plus graves avaient été dites. Et l'avancée de la nuit faisait que chacun songeait à remonter dans sa chambre. C'est en se levant et en rassemblant ses affaires qu'Awklocke continua:
"J'avais pour mission de vous emmener voir Mitula mais je crains qu'il ne faille que vous vous débrouilliez tous seuls. En effet je vous l'ai déjà dit: d'importantes affaires m'attendent ailleurs, notamment à Kaynzorht. Vous devrez trouver Mitula et défendre vous même votre candidature. Ce sera votre dernière épreuve en tant que candidats à la place d'élus..." L'humour était palpable dans cette dernière phrase et chacun ris de bon coeur. Non pas que la phrase était particulièrement drôle, mais chacun avait bien besoin d'évacuer le stress qu’avaient créé ces révélations très nombreuses et de la plus haute gravité. C'est dans ce climat de détente et de plaisanterie que chacun remonta vers sa chambre. La grande salle de l'auberge était presque déserte à présent, et sentait cette douce nostalgie du retour à la réalité, comme lorsqu'une fête intense vient d'avoir lieu et qu'il est temps de songer à retourner travailler le lendemain, mais qu'il faut d'abord ranger. Awklocke s'arrêta un instant avant de monter les escaliers pour saisir un dernier instant cette douce atmosphère.
Le lendemain, Awklocke se réveilla aux aurores. Un rayon de soleil passait par le plafond grâce à des conduits spécialement aménagés pour amener un éclairage naturel et limiter la consommation de combustible. Une légère lumière bleutée de fin de nuit traînait dans la pièce. Il ramassa son paquetage, enfila son armure et s'apprêta à franchir une dernière fois la porte de la chambre. Il se retourna dans un ultime mouvement et vit que Dyerwolf était réveillé, à cause de sa nature de loup il avait le sommeil léger. Celui ci lui adressa un clin d'oeil et Awklocke lui rendis son salut par un signe de la main et un sourire. Il quitta alors définitivement la chambre.
En bas, le patron s'était endormi sur son comptoir et il n'alla pas le réveiller. Il posa à coté de sa tête les pièces de bronze en paiement de la nuit passée et du repas de la veille, puis sorti de l'auberge.
Dans les rues il n'y avait personne pour troubler la tranquillité du matin. Les torches qui illuminaient les galeries ne vacillaient pas du tout, tellement l'air ne remuait pas. Au premier étage quelques marchands installaient leurs étals, et ne firent pas attention à lui.
Il atteignit enfin la surface, et lorsqu'il eu franchi le porche, la terre se referma sur l'entrée du village Chinzen l'air frais lui caressa le visage et lui donna envie de sourire. La journée était belle et pleine de promesses. Comment un monde aussi beau pouvait il être torturé par de si viles querelles?
Il leva les yeux au ciel et dit à voix haute: "Ah! Les choses sérieuses vont bientôt pouvoir commencer!"
Il s'en alla vers le Nord en sifflant un air, lui qui d'habitude était si silencieux...