En six ans, Tales of Symphonia a très mal vieilli, c'est certain. La médiocrité de la mise en scène est en grande partie responsable du caractère grotesque de la plupart des scènes, qui perdront de leur intensité pour les gens un peu trop exigeants. Le début s'annonce mal tant la forme est classique et le héros tête brûlée, et pourtant... Le traitement est finement pensé (franchement à part Colette la moitié du temps, je ne trouve pas les personnages niais... Le ton du jeu est quand même souvent très dur. Et puis les épreuves qu'ils traversent -même Colette- les forcent à tenir bon, par peur de perdre la face. Bref pour moi le scénario est loin d'être un monument de niaiserie, mais bon...), certains passages sont même parfois un peu techniques.
Après si graphiquement le jeu reste très correct (avec des graphismes cell-shading agréables et un déroulement fluide), nul doute que l'ajout de séquences animées en plus grand nombre aurait bénéficié au soft. Cela aurait pu atténuer les erreurs d'animation et de mise en scène qui plombent l'ambiance. Un dernier reproche, sur le déroulement des batailles qu'on a dit se faire en 3D à la sortie, ce qui est totalement faux puisqu'on n'a pas la liberté d'échapper à un boss qui nous coince entre lui et un "mur" délimitant la zone de combat.
Mais en dehors de ça, le reste est du tout bon ! Le jeu porte très bien son nom, puisque les musiques sont inspirées et variées (on n'a jamais l'impression d'entendre 2 fois la même pour un type de zone), avec notamment 3 thèmes pour les rencontres aléatoires, dont le deuxième est épique à souhait. Les acteurs sont également très convaincants, on regrette donc que les petites discussions entre certains membres de l'équipe ne soient pas doublées (et ça relève entièrement de la flemme de l'éditeur sur ce coup, vu qu'en VO les voix sont là).
Si l'on peut se plaindre de la durée de vie a priori faible (la trame principale dure à peine une trentaine d'heures), elle est en fait d'excellente qualité dans le sens où on ne s'ennuie à aucun moment dans l'aventure (et il y a très peu d'aller-retours). Qui plus est, le contenu annexe permet facilement de tripler ce temps ; le New Game + est donc fort utile et appréciable, car il n'y a pas assez d'une partie pour tout découvrir.
Et enfin, Tales of Symphonia c'est la définition même du jeu interactif. C'est probablement le titre le plus abouti que j'ai pu jouer sur ce point ; c'est bien simple, dans l'univers du soft, le joueur peut exercer son influence sur quasiment tout. Ainsi, certains évènements peuvent être réalisés dans l'ordre suggéré par le groupe, mais vous pouvez très bien décider de continuer votre aventure et vous y attarder plus tard ! Ça change parfois les dialogues d'ailleurs. Sans trop en dire, il existe une astuce scénaristique selon laquelle vous pouvez décider vous-même d'un des compagnons qui rejoindra le groupe vers la fin (là encore certaines scènes changent). Enfin, le joueur a un contrôle total sur l'évolution des protagonistes : il existe deux types d'orientation pour le style de combat (Frappe et Technique), chaque personnage appartenant à l'une ou l'autre en fonction de certaines capacités annexes que vous lui attribuez. Ce style de jeu influe directement sur les coups appris ! Enfin, les "titres" offrent des gains supplémentaires de certaines statistiques, vous permettant d'accroître les atouts d'un héros, ou au contraire pallier à ses faiblesses...
Avec sa carte du monde rempli de choses à faire, et un level design intelligent (vous allez en résoudre des énigmes pour finir le jeu), un soft aura rarement donné une telle sensation de liberté (loin d'être illusoire pour le coup) et de savoir-faire. Oui vraiment, le seul défaut de Tales of Symphonia, c'est que sur certains points, il vieillit mal.