au fond on critique toujours les medias, mais ceux qui ont voté stupidement ce sont bien les gens, et personne d'autres
C'est vrai que ce sont les électeurs qui votent et non les "média", seulement le fait d'y limiter le débat politique général à une guerre quasi-personnelle entre deux individus incarnant des idées finalement pas si éloignées, on stérilise la réflexion politique que les média sont théoriquement sensés relayer. Que les média ne soient pas directement responsables de la montée de l'extrême droite en France, c'est évident; mais ils le sont tout de même indirectement (ne serait-ce qu'en abrutissant leur public et en sclérosant le débat; du coup, l'electeur qui n'accepte pas cet état établi comme "de fait" et qui n'a pas un QI très élevé a pour seul réflexe d'aller se jeter dans les bras de celui que les média ont présenté comme la "voix opposée aux deux autres", parce que tout simplement diabolisée).
Aussi, l'affirmation de F. Bayrou selon laquelle TF1 rend inaudibles les voix autres que celles du PS et de l'UMP et considérant que cela peut porter préjudice à la future élection ne me paraît pas infondée. La réflexion politique ne se limite pas à une lutte (souvent plus conventionnelle que réelle, d'ailleurs), entre libéraux-conservateurs et sociaux-démocrates, ces derniers se révélant finalement eux aussi réactionnaires et libéraux, mais dans une version plus "light" que les premiers.
Et je crois qu'un débat réel avec le "centre bayrouïste" et la "gauche altermondialiste" (sans les extrémistes nostalgiques de Staline et Trotsky, qui bien souvent refusent toute forme de dialogue) pourrait apporter un réel plus à cette élection. Mais médiatiquement, ce n'est pas vendeur, donc... :sleep:
Ouais mais j'espère que les électeurs auront retenu la leçon et ne disperseront pas leur voix dans plein de petits partis
Pour cela, il faudrait qu'il y ait justement "plein de petits partis" participant à cette élection. Or, il semble que cette année, les candidats éprouvent de beaucoup plus grandes difficultés à rassembler leurs 500 signatures.
A gauche, les deux candidats qui avaient le plus porté préjudice à L. Jospin en 2002 (C. Taubira et J.-P. Chevènement) ne se présenteront pas. Après, c'est vrai qu'on peut incriminer l'influence des groupuscules "d'extrême gauche", mais leurs idées sont si éloignées du PS que je vois mal un militant LCR décider, si O. Besancenot n'a pas ses 500 signatures, d'aller voter pour S. Royal au premier tour.
A droite, cela dépendra premièrement de la volonté du locataire de l'Elysée... Va-t-il vouloir se venger de N. Sarkozy en plombant sa campagne par une multiplication des candidatures à droite? J. Chirac n'a toujours pas confirmé ne pas vouloir se présenter à ces élections, pas plus que D. de Villepin. Aussi bien l'un que l'autre, leurs chances seraient très réduites, mais cela suffirait à exclure le candidat de l'UMP du second tour. Il faudra aussi voir ce que P. de Villiers a l'intention de faire. Se présentera-t-il en tant que candidat réactionnaire défenseur des PME/PMI et des "valeurs tradionnelles de la France", qu'il oppose à la fois au libéralisme et à "l'assistanat gauchiste"? Ou trouvera-t-il un accord avec N. Sarkozy? C'est là la grande question.