Ben alors, il n'y a pas eu d'article finalement? Personne n'a vraiment joué à Mother 3 (jamais sorti du Japon malheureusement)?
N'empêche, c'est bizarre ce manque de popularité de la série des Mother, même parmi les fans de RPG. Pourtant, je considère Mother 2/Earthbound comme le meilleur RPG de la SNES (aux côté de Final Fantasy VI et Chrono Trigger).
Franchement, l'univers est vachement original: le XXème siècle (année "199X"), un gosse qui doit sauver le monde armé d'une batte de base-ball et équipé d'une carte de crédit, qui reçoit parfois au cours de l'aventure un coup de fil de son père lui demandant de faire une pause (donc il s'adresse au joueur qui joue depuis un bon moment, c'est dingue!). Une histoire d'invasion extraterrestre invraisemblable, avec la visite d'une abeille extraterrestre du futur mettant en garde le héros de la destruction prochaine du monde par Giygas, le "destructeur cosmique universel".
Au début, le système de combat ne paie pas de mine, mais après ça s'améliore pas mal. Il y a des originalités intéressantes comme le fait que les attaques ne font pas baisser l'énergie d'un coup, mais progressivement (chiffre après chiffre), ce qui fait qu'on a parfois le temps de réagir et de se soigner avant que le compteur d'énergie n'atteigne zéro (ça crée une certaine tension par moments). Sinon, les ennemis sont visibles, et on peut les surprendre par derrière et prendre l'initiative (attention, l'inverse est vraie si nous on se fait surprendre et que l'ennemi prend donc l'initiative). Et quand on atteint niveau, les niveaux nous fuient au lieu de se diriger vers nous car ils savent que nous sommes trop forts pour eux. Et passé un certain niveau d'expérience, un simple contact avec l'ennemi déclenche la victoire instantannée sans que le combat se déclenche.
En tout cas, le bestiaire était particulièrement déjanté, et très varié. On peut affonter des punks, des membres de secte, un "neo retro hippie", ou des ennemis plus "abstraits" comme une pendule de Dali, ou pire encore: un "french kiss of death" (j'avais halluciné quand j'ai vu ça!!!).
Mais ce qui est surprenant dans ce jeu, c'est que derrière cette ambiance déjantée et ces graphismes naïfs (mais très attachants), le jeu pouvait se montrer assez inquiétant, avec des ambiances sonores et musiques donnant presque froid dans le dos comme dans la ville envahie par les zombies ou aux prises d'une secte. Et ce jeu abordait des thèmes très surprenants comme justement les sectes (l'une ressemble au Ku Klux Klan), et nous fait une description déjantée de la société (américaine en particulier, mais pas seulement). Il y a des situations très surprenantes, des décors à la limite de l'abstrait (un peu à la Dali), il y a même des incursions dans la psychanalyse (si l'on veut) et le rêve, avec parfois des passages mystiques.
Et surtout, c'est un des rares jeux qui abordent le thème de la place du joueur, et qui fait même une mise en abyme du jeu vidéo quand on rencontre en chemin un PNJ "concepteur de donjons" qui nous montrent ses créations (des donjons qu'on traverse au cours de l'aventure donc, mais à la limite de la caricature, une sorte de making-of de donjon donc de jeu vidéo presque).
Et autrement, il y a des moments assez émouvants, de très beaux passages assez poétiques. Et le dénouement du combat final est remarquable et émouvant en utilisant une astuce absolument géniale: j'étais resté sur le cul!
Non franchement, Earthbound est un pur chef-d'oeuvre! C'est quand même bizarre qu'il ne soit pas plus connu que ça alors que c'est un des RPG les plus innovants que je connaisse, un des plus avant-gardistes (même aujourd'hui). J'aimerais bien jouer à Mother 3 un jour.