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Rama Yade est vraiment... stupéfiante. "Il n'y a pas d'alternative"... je crois que cette phrase a dû être prononcée dans toute dictature digne de ce nom. Nous n'en sommes pas une, mais nous avons la rhétorique qui va avec. Joie! :sleep:
- EDIT : Tiens, je n'avais pas remarqué cette déclaration de Rama Yade. Et en effet, cette déclamation est quelque peu problématique. On pourrait y déceler une atteinte à la liberté d'expression, résumée à traver la fameuse apocryphe de Voltaire : « Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire ». En posant un principe, comme un élément de certitude implacable, sur laquelle il n'est recevable de le remettre en cause, la secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, va à l'encontre de la discussion critique des idées. Le risque étant de conduire à une uniformisation de la pensée. Si l'on revient sur le contenu de ses propos, en supposant que Rama Yade désigne le President de la République Française, comme l'incarnation du modèle libéral français : celle-ci ne semble pas se rendre compte, qu'il existe une grande différence, entre élaborer une réflexion critique (on pourrait citer l'ouvrage Anarchie, Etat et Utopie de Robert Nozick, un libertarien minarchiste. Sans oublier la Roue de la Servitude de Hayek, le penseur libéral classique par excellence) des concepts alternatifs (le marxisme en tête) au modèle libéral, et poser comme présupposé fondamental, l'impossibilité d'envisager une telle hypothèse alternative. Il est d'ailleurs intéressant de remarquer, qu'en réponse aux déclarations de Bernard Henry Levy, concernant le contenu du discours de Dakar (revêtant toujours selon BHL, un caractère raciste. Une nouvelle fois, le terme d'ethnocentriste me semble plus approprié. On remarquera ici l'ambivalence des idéologues libéraux, à l'égard de Hegel. D'un opportunisme peu scrupuleux, ils réutilisent les "préjugés" du philosophe allemand, quand il s'agit de promouvoir une pensée, qui prend le nom en France, de politique de civilisation. Quand on croirait discerner des éléments en faveur du libéralisme économique si cher à Adam Smith, à travers la notion de la "liberté subjective", ils s'empressent d'en faire un libéral pur et dur. Enfin, quand Hegel pointe du doigt les faiblesse de la liberté comme non ingérence, dite "négative" par Berlin, et invoque de ce fait la nécessité, d'encadrer la liberté par l'Etat, ils ne se font pas priés pour le transformer, en bon théoricien du totalitarisme moderne, ou l'Etat Hegelien serait tout et l'individu rien. pour ma part, je persiste à penser que Hegel, ne rentre dans aucune de ces catégories, mais ce n'est pas le sujet. Si on suit leur logique, jusqu'au bout, on aboutirait à la conclusion, que la moindre volonté de régulation, du libre-échange, et à fortiori par les Etats, afin de corriger les excès du capitalisme, serait considérée comme une atteinte de la liberté. La social-démocratie rawlsienne, le libéralisme de gauche blairien, le républicanisme, ne seraient ainsi pas tellement différent du modèle étatique autoritaire. Mieux encore, des penseurs comme Rousseau et Kant (!) sont dés lors considérés comme des philosophes remettant en cause le concept même les fondements démocratiques, pour avoir posé la nécessité de lier la loi à la liberté,... Heureusement, des libertariens comme Nozick, loin de tomber dans ces polémiques stériles, tout en défendant le libéralisme économique anti-étatique, établit la nécessité d'invoquer la notion kantienne de la dignité humaine, afin de protéger la liberté (dont la propriété privée, ne constitue selon lui que la conséquence) et d'éviter de tomber dans les travers utilitaristes, dans laquelle tend constamment le capitalisme. C'est pourquoi, bien qu'opposé à la justice redistributive de Rawls (rappelons que lui aussi, se réclame de la filiation kantienne, même si c'est dans une tout autre optique, et constitue un fervent adversaire de l'utilitarisme), Nozick ne remettra jamais en cause la pertinence de la philosophie politique et juridique de son rival. Par la suite, Philippe Van Parisj, comme bon nombre de libéraux, établiront la possibilité d'articuler le libre-marché avec le principe de justice rawlsienne comme équité. Bon fin du HS, quoique,...) le conseiller du président, Henry Guaino compare ces attaques, comme de la pure rhétorique autoritaire (de la même façon que les critiques proférés à l'égard du modèle soviétiques, étaient stigmatisées par les staliniens comme relevant d'un complot hitlero-troskystes). Il se garde bien, en revanche, de maintenir une telle attitude critique, à l'égard du projet de loi imposant que l’enseignement de l’histoire expose le rôle positif de la colonisation, véritable manifestation de l'atteinte aux droits de la vérité historique. Evidemment, la gauche est mal placé pour donner des leçons : par exemple, la loi Gayssot de 1991 , mettant hors la loi toute contestation de la réalité communément admise de l’entreprise de génocide des Juifs et d’autres groupes humains (Tziganes, homosexuels…) relève du même ordre que de restreindre le principe de la liberté de recherche en histoire. Si l'intention est bonne, le risque de rentrer en conflit avec la liberté et la démocratie, est bien réelle. la liberté de parole et la liberté de critique sont les conditions élémentaires de la liberté tout court. Pour Madeleine Rebérioux, défenseur des droits de l’homme, militants antifascistes, antiracistes et anticolonialistes, "le texte de la loi Gayssot est hautement critiquable" , ne serait-ce que pour pour 3 raisons bien précises:
"- il confie à la loi ce qui est de l'ordre du normatif et au juge chargé de son application la charge de son application la charge de dire la vérité en histoire alors que la vérité historique récuse toute autorité officielle. L'URSS a payé assez cher son comportement en ce domaine pour que la République française ne marche pas sur ses traces. Il entraîne quasi inéluctablement son extension un jour à d'autres domaines qu'au génocide des juifs : autres génocides et autres atteintes à ce qui sera baptisé « vérité historique. Il permet aux négationnistes de se présenter comme des martyrs, ou tout au moins comme des persécutés. Déjà, Garaudy publie une nouvelle édition de son livre en “samizdat” ! »" Pour recadrer le sujet, certaines attitudes de refus en bloc de revenir, sur les principes de l’économie de marché, ainsi que ceux de la démocratie telle qu'elle se déploie habituellement, fonctionnent exactement selon les même modalités : Si d’ailleurs vous discutez les premiers, c’est qu’en vérité vous êtes un ennemi caché de la seconde et donc un stalinien ou un nazi qui s’ignore (à ne pas mettre sur le même panier que la comparaison de Hayek, concernant le modèle nazis et soviétiques, et qui reposent en gros selon le penseur, sur une extension incontrôlable du système collectiviste étatique, à tous les domaines de la société. Si la remarque ne manque pas de pertinence, elle reste pour le moins exagérée, mais se lancer sur cette voie, dépasserait le cadre de nos propos actuels). Ainsi, un responsable de l’organisation patronal, le medef, réclame ni plus ni moins que l'étude des idees de Marx, soient retirée des programmes de sciences économiques et sociales. l'étroitesse d'esprit est d'autant manifeste, qu'un certains nombre d'économistes libéraux, adversaires politiques décidés des marxistes reconnaissent l'importance des travaux de Marx. Par exemple, Milton Friedmann (prix Nobel de l'économie) considère comme un apport décisif, la théorie marxienne de la monnaie. L'amalgame avec les Vérités d'Etat de l'ère Nazi par exemple, (ou l'on brulait les livres jugés "subversifs" et hérétiques par les "aryens", au cours des autodafés) n'est ici pas tellement exagéré. On voit bien, que les menaces au principe démocratique de la liberté d'expression, sont loin de concerner seulement les Etats totailtaires,...