J'approuve tout ce qu'a dit CK9, et tout le côté justement post-Guerre Sécession qui renvoie à toute les cicatrices/purges des post-guerre civiles d'une façon générale.
Bao > Justement, je trouve que l'on ressent bien la violence inouïe des personnages à l'égard des femmes, reflet de l'époque, il y a un vrai sous-texte, et effectivement, dans le même temps, c'est assez drôle quand même. Pour moi au contraire donc, le fait que ce soit absurde et comique tout en montrant bien que c'est très dérangeant c'est très très fort. Ce n'est pas manichéen quoi, un film à ne pas mettre entre toute les mains, moi ça me plais. D'ailleurs je trouve que le film aurait largement pu être interdit aux moins de 16 ans à l'instar de Kill Bill. Pareil pour tout le racisme ambiant, on sais très bien que ce n'est qu'à peine exagéré, mais Tarantino ne cherche pas à nous faire un documentaire morbide chiant comme la mort, ils nous divertit tout en nous faisant réfléchir comme il l'avait jamais fait aussi loin, c'est grandiose. Et en plus je rejoins pas du tout ce que tu dis sur les soit disant "gentil" d'Inglourious Basterds. Comme l'indique le titre du film, le commando de juifs américains sont tout sauf des anges. C'est une bande d'abrutis sanguinaire. Tu me donnes plus l'impression d'aimer que la violence soit justifiée, donc j'ai le sentiment que tu te trompes. Dans les Huit Salopards, elle sert le divertissement cinématographique pur*, mais jamais QT semble nous dire qu'elle est justifiée. Revoir le dialogue sur la justice expéditive... Et le réalisateur nous dit que tout les personnages qui utilise cette violence sont un peu des fous aussi. Il n'y a pas ce discours dans KB ou Django, films que j'adore, mais ils ont pas du tout la même tonalité.
*l'ambiance du film, à mi chemin entre western crépusculaire (voir le western enneigé Le Grand Silence de Sergio Corbucci) et film d'horreur est prodigieuse. J'ai revu The Thing cette semaine dont les 8 Salopards s'inspire (QT a demandé à tous les acteurs de visionner le film avant de commencer le tournage). Et on pense un peu à Evil Dead aussi. Bien sûr Les 8 Salopards n'est pas un film qui verse dans le fantastique, mais l'atmosphère et les éclats de violences ressemble à ceux des films d'horreur. Pour un amateur de cinéma de genre c'est du caviar. Et dans le même temps comme le souligne CK9 le film possède sa propre identité et n'est pas un alignement d'emprunts. C'est pour toute ces raisons que j'y vois un futur classique et comme le film le plus mûr de QT (et on parle bien sûr d'un gars qui pour moi n'a commis que de super films, même Death Proof qui est son plus mineur est divertissant et passionnant).. Quand je vois ce film, je me dis, mais jusqu'où QT va t-il s'arrêter ? Il s'affirme à chaque fois un peu plus comme un grand auteur, et construit une filmographie d'une cohérence passionnante.
Concernant
[Spoiler]Le Flashback, je n'avais pas non plus vu toute son utilité à la 1ère vision, mais en fait en plus de montrer au spectateur que la situation était bien plus simple qu'il ne le cherchait, il sert clairement à montrer que nos salopards sont tombés sur plus cinglés qu'eux. On parle quand même d'une bande de pur renégats qui assassine de sang froid des gens dans un relais qui pour le coup ne sont pas impliqués dans la guerre (d'ailleurs c'est marrant que le seul qu'il le soit, un général, ils le laissent en vie), ni ne sont recherchés pour une prime, ils sont montrés comme de parfaits innocents et Tarantino prend justement à cœur de bien nous les faire aimer en plus (que ce soit Minnie et son mari, et la fraîcheur toute féminine du personnage de Zoe Bell).
Et la simplicité de la situation (= ils sont tous contre eux) devient un régal lorsque tu revois le film, avec notamment le personnage du Marquis qui en fait est le seul qui semble comprendre toute la supercherie dès qu'il arrive dans le Relais tandis que QT brouille les pistes en faisant imaginer au spectateur quelque chose de bien plus complexe[/spoiler]
Le découpage en chapitres est on ne peux plus juste en cela que le film s'apparente à une pièce de théâtre (comme Reservoir Dogs), donc je vois pas où c'est gratuit non plus, et de souvenirs il n'y avais pas de chapitres dans Django par exemple donc j'ai trouvé ça cool.
Pour moi les 8 Salopards renvoit tout autant aux nouveauté d'IB et Django (contexte historique) qu'à la maestria de ses 3 films des années 1990.