Je pense qu'avoir enchaîné lecture puis visionnage d'un film qui tente d'être fidèle, et pas très adapté, contribue à ce ressenti que tu peux avoir (j'avais fermé Le Prestige sur sa dernière page avant de voir le film, mais c'était très adapté, j'avais été moins choqué que tu peux l'être).
Au final, les choix du film sont probablement discutables, mais me semblent pour certains cohérents, vu que nous sommes devant une adaptation cinéma.
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Si le tout est clairement trop rapide et aurait pu être mieux mené (notamment développer les relations entre Ender et son équipe), il est nécessaire de faire des choix pour une adaptation cinématographique, et, au final, il traite de pas mal de points (la relation Ender/Valentine/Peter est présente, et même au cœur d'un des enjeux du récit - la crainte d'inhumanité d'Ender -, mais au final pas assez approfondie, la relation amicale avec Bean est traitée par des détails, etc. ; au final, connaître le roman est important pour bien suivre les subtilités de l'histoire, mais affaiblit aussi du coup le film, paradoxe déplaisant, c'est un fait ; ne serait-ce qu'expliquer le concept d'ansible aurait été bienvenu).
Le choix de la scène post-victoire que tu évoques a pour moi été plutôt intéressante : si le côté d'usure et de choix par défaut est certes absent, j'ai ressenti une forme de hargne chez Ender, de façon de montrer qu'il a en quelque sorte vaincu une autorité qui ne lui convient pas dans son approche - même si, sur ce point, le fait que j'aie lu les romans peut avoir modifié ma perception, et le ressenti d'un spectateur "lambda" serait celui que tu évoques, auquel cas ce serait clairement raté.
Par contre, concernant l'épilogue, je trouve que c'est un choix d'adaptation au final cinématographique (certes dicté par le marketing…), en ouvrant des pistes pour une suite en prenant des éléments du second volume placés au final dans le film adapté du premier volume. Partir sur une adaptation de La Voix des morts pour une suite reste faisable "malgré" cet épilogue, je pense.
Quoi qu'il en soit, je trouve que le film a au moins eu l'intelligence de ne pas complètement sombrer dans du grand spectacle, et de conserver, à son échelle de blockbuster, un côté humain ; j'avoue que je craignais vraiment un côté "Ender est un génie qui fait la guerre" limite en laissant de côté la manipulation du personnage. Ici, j'ai vraiment apprécié la façon dont on sent - ou bien dont j'ai senti car je connaissais l'histoire ? pour revenir au point que j'évoque plus haut - que tout est construit pour mener Ender dans une direction donnée, que la manipulation est à très long terme, limite que les autres personnages sont "sacrifiés" pour le former.
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