Je l'ai vu également. Efficace sur les 150 minutes, dense thématiquement et intéressant, bien joué et réalisé, et surtout très bien écrit, vraiment. Disons qu'à un moment donné la construction du film est terminée, et qu'il reste à exécuter la fin, ce qui rend celle-ci moins indispensable. Mais j'ai franchement aimé.
J'ai revu Stalker de Tarkovsky également, au cinoche... c'est dans ces moments-là que j'ai véritablement l'impression de vivre! Une autre façon de faire du cinéma...
(ma critique allocine, trop allusive pour spoiler)
Lorsqu'on sort de la salle après avoir visionné un film comme Stalker, il devient évident que le cinéma peut tout. Quelques (trop) rares cinéastes ont exploité toutes les possibilités du média, Tarkovsky les a transcendées, en particulier dans ce film. Le film débute dans un village sordide, avec une image d'un sépia doré sidérant de beauté, de telle façon qu'on est dans un premier temps étonné de la laideur de la nature lorsque les 3 personnages pénètrent dans la Zone, accompagnés par un passage en couleur. L'Ecrivain et le Professeur viennent ici à la recherche de la Vérité, habités par le doute et la confusion, et le Stalker reporte ses espoirs en ces gens qui se confient en dernier recours à leur Foi en le Mystère de l'univers, à savoir la Chambre, dont on dit qu'elle peut accomplir tous les désirs. Mais la Zone est un lieu au fonctionnement impénétrable, dans lequel les lois de la physique ne s'appliquent plus (ce que Tarkovsky retranscrit avec une virtuosité inconcevable en recréant une atmosphère qui semble appartenir à un autre univers, je pense en particulier au plan avec les vagues de sable très rapprochées, ou à la traversée du Hachoir). Le chemin vers la Vérité n'est ni unique, ni direct, le Stalker substitue à son sens logique un mysticisme fusionnel avec la nature de la Zone pour trouver son chemin. Comme toujours chez le génial russe, seules les questions auxquelles il n'a pas la réponse l'intéressent. Cette fable existentialiste métaphysique se conclut sur une remise en cause du Sens de la Vie, qui ébranle en particulier le Stalker. Le plan final semble suggérer que l'Humain n'a de limites que celles qu'il s'impose. Cinématographiquement, il en ressort la même chose, et c'est peu de dire qu'Andreï ose tout, et que sa maîtrise est impériale. La direction d'acteurs comme les dialogues sont secs et tranchants. La bande-son laisse pantois. Le film est certes lent (il y a là l'idée de suspendre le temps) mais captivant 2h40 durant. On en ressort envoûté.