La différence, je pense, avec Raging bull, c'est que contrairement aux autres il n'est pas froid et calculateur, même si violent et orgueilleux donc pas vraiment sympathique.
Mais comme Redmond Barry, C.F. Kane devient toujours plus monstrueux au fil du temps tout en conservant un mystérieux fond d'humanité (la mort de son fils et le duel pour Lyndon, la scène avec sa deuxième femme qui craque pour Kane). Ils me fascinent de plus en plus au fur et à mesure que le film avance.
Dans la narration, le film est remarquable. Welles nous donne juste ce qu'il faut pour comprendre, jamais plus, jamais moins. La structure temporelle (peut-être le plus gros choc pour l'époque) est une merveille de fluidité. Après, on peut admirer le travail sur les plans séquences improbables (au tout début lorsqu'on remonte la clotûre, qui devient de plus en plus épaisse...), la profondeur de champ (Welles a en fait tout simplement inventé un moyen pour qu'on voit suffisamment net assez loin dans le champ, parce que dans le principe on retrouve cela dans le Sunrise de Murnau) ou encore les plongées et contre-plongées, marque de fabrique du réalisateur.
N'empêche, le thème de l'argent comme substitut à la famille et l'éducation (il vit sa jeunesse entouré de banquiers...) est on ne peut plus d'actualité, et d'ailleurs le contexte est très intelligible aujourd'hui encore (au contraire de La règle du jeu par exemple, qui décrit la mort d'une société... morte quelques années après le film!).
Nan, en fait le film n'a pas du tout vieilli, comme tout chef d'oeuvre absolu qui se respecte. C'est plutôt sans doute que tu n'as pas trop l'habitude de cette mise en scène, et encore, elle a terriblement influencée le cinéma jusqu'à aujourd'hui (les Scorsese & co).