Le quotidien suédois Svenska Dagbladet révèle, dans son édition de lundi, que Camilla Lindberg, députée suédoise, a été contactée par l'ambassade de France à Stockholm pour évoquer sa position sur le "paquet télécom", un ensemble de mesures de régulation touchant notamment le Web et en cours de discussion à Bruxelles.
Spécialisée dans les questions touchant aux nouvelles technologies, Camilla Lindberg, opposée notamment à la possibilité de couper la connexion à Internet, a été "très surprise" de l'appel de l'ambassade, et de la rencontre qui a suivi avec un conseiller français. "On m'a expliqué que ma position posait problème, et que le projet français de coupure d'accès à Internet était la seule solution valable pour lutter contre le piratage."
Perçue comme une tentative d'influencer un parlementaire, la rencontre, peu conforme aux usages suédois, est "une ingérence", estime un spécialiste suédois de la diplomatie interrogé par le Svenska Dagbladet. "Si un pays a des observations à présenter sur la politique d'un autre Etat, il doit s'adresser directement au gouvernement", explique-t-il. "Contacter un député directement n'est pas conforme aux bonnes pratiques".
L'ambassade de France à Stockholm confirme que la rencontre a bien eu lieu, mais explique qu'il s'agissait simplement d'une discussion pour mieux comprendre la position de Mme Lindberg. Elle nie avoir tenté d'influencer la position de la députée de quelque manière que ce soit.
La loi Hadopi 2, adoptée par le Parlement la semaine dernière, permet de couper l'accès à Internet des personnes qui téléchargent illégalement, après deux avertissements. Le "paquet télécom", qui entre en procédure de conciliation à Bruxelles, contient notamment une disposition affirmant que l'accès à Internet est un droit fondamental, ce qui, pour les adversaires d'Hadopi, pourrait invalider la loi.