D'un certain côté, je peux comprendre. Franchement, quand je vais mettre mes romans en version numérique, les voir distribués librement - car, DRM ou pas, ce sera le cas -, ça va me faire tiquer. Même si je sais qu'une bonne partie des gens qui auront lu le titre sous ce format et l'auront aimé l'achèteront après. Même si je sais qu'un téléchargement illégal, ce n'est pas une vente perdue. Mais ça me fera un peu mal au cœur de me dire que cela me fera peut-être louper cinq ventes, qui m'auront permis de payer un peu plus l'auteur, et qui m'auront donné plus de facilités à faire découvrir d'autres auteurs au public.
Après, cela reste illégal, et il est donc logique qu'on tente de l'éviter : être agacé par le fait de vouloir empêcher cela, ce serait un peu comme, à une échelle bien différente, être agacé par vouloir arrêter un meurtrier en série (je caricature, bien évidemment). Par contre, le truc qui me gêne plus - et qui, là, m'agace, même ! - c'est que j'ai vraiment le sentiment que les distributeurs/diffuseurs/créateurs/majors/etc. prennent pas mal le problème à l'envers. Quand je vois qu'une saison de série télévisée coûte 40 à 50 euros en version numérique sur iTunes, alors que le coffret Blu-ray des cinq saisons de la série, je peux le trouver à 30 euros, je me dis qu'il y a un problème sur la nature de l'offre proposée. Quand je vois que Steam propose, hors promos, des jeux à 50 euros là où la version boîte en coûte à peine 30, je me dis qu'il y a un problème sur la nature de l'offre proposée.
Quand je vois que des groupes de cinéma comme UGC proposent des cartes permettant de voir "autant de films que l'on souhaite" pour une somme correspondant à à peine trois billets de cinéma, et qu'ils ne semblent pas avoir fait faillite à cause de cela, je me demande sincèrement pourquoi des offres de cet ordre n'ont pas vu le jour sur le Net.
Je pense que je ne suis pas le seul, mais je serais prêt à payer un abonnement mensuel d'un montant plus que raisonnable pour avoir accès à une offre légale "illimitée" en téléchargement, sur un catalogue qui ait une vraie richesse. Le fait que cela soit de l'instantané - en gros, en deux clics, on a ce qu'on veut, et pas en se déplaçant au cinéma - rend probablement l'offre plus complexe et moins rentable à gérer que les fameuses cartes de cinéma illimité, mais j'ai vraiment le sentiment que, au lieu de dépenser tant d'énergie à chasser les pirates, utiliser cette même énergie à réfléchir à une offre numérique cohérente ferait que celle-ci intéresserait bien plus de clients potentiels.