Non mais faut arrêter de croire que la traduction ça se fait sur un claquement de doigts x)
La traduction c'est un de la traduction, deux du ré-encodage et trois réussir à s'adapter au format du jeu. Ce dernier point c'est un souci récurrent dans les cas de localisation, car il faut réussir à caser des textes ayant le même sens que ceux d'origine et avec la même limitation d'espace (genre là ou les japonais ont besoin que d'un caractère pour le mot chien, en anglais il en faut trois et en français cinq par exemple). Et faut pas croire mais c'est un sacré boulot, bien plus chiant et pointu que ce que les gens imaginent, on a des gens sur le forum qui peuvent en parler en connaissance de cause. Plus le jeu se voudra verbeux, façon Legend of Heroes, plus ça pèsera dans la balance au point d'en être déterminant sur une éventuelle localisation.
Je confirme - en connaissance de cause, justement - ce que dit Bao. J'ai travaillé sur la traduction de Disgaea 4, en tant que correcteur/adaptateur (en gros, je corrigeais les soucis d'orthographe, grammaire et syntaxe, reformulais si nécessaire, et pointais au traducteur des points qui me semblaient problématiques). Pour donner un exemple assez parlant, les dialogues allaient par blocs de trois lignes, avec 46 caractères maximum dans chaque… et évidemment pas de césures pour mettre un mot sur deux lignes. Et quand le texte japonais est dense, on est du coup obligé de supprimer des nuances, tout en se creusant la tête un maximum pour que ce soit le minimum possible. Le pire étant une traduction "parfaite" qui tient en 46/45/46 avec une faute d'orthographe, du genre un oubli d'un "s" sur la première ligne ; il faut alors remanier tout le bloc pour parvenir à refléter l'idée de la bonne manière.
Dans le domaine du RPG, il y a aussi la difficulté des références (fouilles de dico de mythologie obligatoires, par exemple), le souci des questions techniques (bonne chance pour faire tenir en douze caractères une info qui indique un bonus d'attaque de +x quand le personnage attaque un monstre de type truc", ou de trouver les bons termes techniques qui parlent au joueur - d'où qu'on fait appel en général à des traducteurs ou des correcteurs spécialisés, donc plus rares… et plus chers).
Pour finir sur l'exemple, sur Disgaea 4, le texte faisait une fois terminé environ 1 200 000 signes en français, soit l'équivalent d'un roman de 600 pages en grand format (et c'est largement moins que les Legend of Heroes, ce qui explique pourquoi les chances de voir ceux-ci traduits sont faibles), et cela a pris environ six mois au traducteur, et deux mois de mon côté.