Ce que je peux dire pour commencer, hormis l'aspect technique qui est complètement à la ramasse sur console (la Xbox One écope aussi des mêmes lacunes techniques), c'est que ce jeu est une belle expérience pour quiconque aime s'adonner à l'exploration en profondeur (sans mauvais jeu de mots) et au craft et à la survie, car le titre tourne principalement autour de tout cela, avec une grande part de survie mise en avant. Un jeu à la première personne pour une meilleure immersion. Tel un Robinson Crusoé des temps modernes, après que nous nous soyons éjecté d'un immense vaisseau à l'aide de notre capsule de survie avant qu'il s'écrase en mer, on doit se dépatouiller pour trouver eau et nourriture afin de ne pas se déshydrater et mourir de faim (on a des jauges circulaires prévues à cet effet tout le temps visibles), mais il nous faut également surveiller notre santé et notre oxygène quand on plonge dans la mer (qui sont également définis par des jauges circulaires). En mode Survie du moins, car en Libre il faut juste se préoccuper de son O et de sa vie. C'est donc au sein d'un monde ouvert que le jeu prend place, et il nous faut crafter régulièrement en collectant pour commencer des matières premières (notamment les fragments de l'épave de l'Aurora, notre frégate échouée au coeur d'un cratère, pour en faire du Titane qui est le matériau de base de toute construction), mais aussi chasser des petits poissons pour les manger soit cru, soit en ajoutant du sel de mer cristallisé pour une meilleure alimentation. Et puis il nous faudra forcément nous crafter des équipements pour nous aider durant notre exploration afin de nous engouffrer davantage dans les profondeurs marines, comme évidemment des bonbonnes d'oxygène et des palmes, des combinaisons de plongée nous protégeant de la radioactivité et des températures élevées à mesure qu'on avance. Parce que plus on avance, et plus on s'enfonce dans les profondeurs, et ça devient naturellement plus dangereux et serré d'avoir le temps de respirer. Il y a bien quelques îles et temples à arpenter, phases où on peut marcher hors de l'eau.
Au milieu de tout ça, on a des véhicules pour nous aider, à commencer par le Seamoth, qui est une sorte de voiture des mers en forme de petit vaisseau et qui va très vite en plus d'être très maniable et compacte, mais limité en termes de profondeur même au niveau max des composants pour l'améliorer. Vient alors le Cyclops, un énorme sous-marin pouvant servir de base mobile pour gérer et transporter nos ressources, lent et difficile à manier, mais très utile pour les longs voyages en s'approvisionnant. Et enfin un Prawn Suit, sorte d'exosquelette en forme de mécha qui peut naviguer à l'aide de puissants réacteurs de propulsion en mode sauterelle, et atteindre le fond marin et extraire des sources de différents minerais avec une foreuse. Ces véhicules possèdent leurs qualités et défauts, peuvent être améliorés pour plonger plus profondément ou lancer des torpilles pour une mesure d'auto-défense ou de déblayage de terrain car le jeu est majoritairement pacifique malgré la présence de créatures marines hostiles, mais en tout cas ils trouvent chacun leur utilité à un moment ou un autre de l'aventure, et tout dépendra de la destination et de l'itinéraire. Et Dieu sait qu'il faut le préparer, cet itinéraire. Pas d'affichage de carte, c'est au joueur de s'adapter aux différents écosystèmes appelés biomes et à les connaître petit à petit. Au début on tourne souvent en rond, mais chaque biome possède sa propre faune et flore, et puis l'environnement change suffisamment pour les distinguer facilement et donc on peut s'y retrouver à un moment donné et marquer nos repères (des balises peuvent être construites et elles peuvent même être nommées avec une couleur différente). Il y a des petits détails comme ça qui, mine de rien, peuvent vous être très utiles pour la navigation océanique.
En fait, tout ce qui constitue l'aspect survie et craft se révèle être un apprentissage pour nous apprendre non seulement à coexister avec cette planète quasiment remplie d'eau, mais tout aussi bien à nous récompenser de bribes d'informations cruciales sur l'histoire par le biais de nombreux téléchargements de données en lisant des notes ou en scannant des artefacts alien, en autres. Le lore s'en voit considérablement enrichi. On peut évidemment la faune et la flore, et en apprendre de plus en plus sur ce monde, et ce sera nécessaire si on souhaite trouver un moyen de quitter la planète. Ce n'est qu'au prix d'un farm et d'un craft intensifs, que l'on parviendra à se frayer un chemin dans les profondeurs de cette planète qui ressemble à la nôtre en surface, et qui pourtant s'avère atypique et fascinante de l'intérieur tant elle recèle des secrets qui valent le détour. Alors même un véhicule performant nous aidant à franchir un cap et une étape de profondeur se présentera comme la manne pour combattre nos peurs des profondeurs et repousser nos limites, pour ensuite découvrir d'autres technologies et d'autres moyens de descendre plus bas dans l'océan dans le but de faire la lumière sur les zones d'ombres de l'histoire très présentes dès le départ. Il faut partir du principe qu'une exploration poussée est généreusement récompensée, parce que vous en apprendrez ainsi davantage sur l'intrigue et les conséquences des conditions de la planète et des raisons du crash de l'Aurora, cela même en explorant des lieux où vous n'êtes pas obligé de vous rendre pour faire avancer la trame. Je ne peux donc qu'être conquis par ce point qui est indéniablement la force motrice du jeu, force couplée à l'aspect survie qui nous met en situation plus ou moins réelle et nous oblige à nous investir. L'un n'allant pas sans l'autre, ils se complètent à merveille. C'est donc un gros plus pour l'histoire et l'ambiance "20 000 lieues sous les mers", histoire d'ailleurs qui se paie le luxe même de nous fournir des renseignements sur les historiettes et les relations des membres d'équipage de l'Aurora avant la catastrophe (façon feuilleton TV), ce qui ajoute une ambiance tranche de vie à vos lectures. Et on peut même faire notre vie dans notre base qu'on construit et aménage, en la meublant et en l'agrandissant, en oubliant presque notre quête. Sans être spécialement nombreuses, les possibilités ne manquent pas et la détente est donc au rendez-vous, au-delà des utilités diverses pour nous aider à progresser dans l'aventure. L'exploration, le craft et la survie sont intelligemment mis en place pour faire de Subnautica un ovni qui se savoure sur un grand écran, dans le noir, comme si on était au cinéma, avec une ambiance magistrale, ambiance qui m'a rappelé le film Le Grand Bleu de Luc Besson, un film de mon enfance qui j'avais adoré et dont le jeu s'en inspire un peu.
Si graphiquement il n'est pas fabuleux mais reste joli dans son environnement établi : l'océan avec ses fonds marins dans toute sa splendeur, le jeu fait voyager et pousse à explorer chaque biome, peu importe les dangers qui nous attendent au tournant ou les maigres ressources que nous transportons. On y va parce que l'ambiance et le rendu visuel forment un tout nous incitant à la découverte, à l'inconnu. Cela dit, si vous avez la phobie des profondeurs, quelques créatures marines appelées Léviathan risquent de vous donner des frayeurs dans les eaux profondes, voire une peur bleue. C'est le cas de la dire, en mer, non ? Il y a bien la chanson de Renaud : C'est pas l'homme qui prend la mer, c'est la mer qui prend l'homme. Eh bien je pense que la mer de ce jeu a le don d'aspirer de plus en plus le joueur, le prenant de force et le tirant par le fond. L'ambiance sonore formant un tout cohérent avec l'atmosphère aquatique. Les effets sonores sont d'un réalisme saisissant et s'incrustent bien avec les mouvements des objets, même si la gestion de la physique n'est pas toujours top. La respiration de notre personnage peut nous faire stresser à l'approche du manque d'oxygène, par exemple, et le bruit émis par les bulles indiquant une profondeur plus importante. Musicalement, on ne peut se plaindre non plus. Des musiques courtes, apaisante et propices à la découverte, sachant se manifester et se taire quand il faut, toujours au bon moment. Après, elles n'ont rien d'exceptionnelles mais remplissent le cahier des charges.
Au rayon des défauts propres au jeu, si on oublie les innombrables bugs dont sont blindées les versions consoles, je regrette une baisse trop importante des jauges de faim et de soif, d'une consommation d'énergie trop gourmande du sous-marin (ok, le temps passe vite in-game et c'est le lot de plein de jeux donc pourquoi pas, mais là ça va très vite quand même !). Aussi, je déplore le fait que le jeu ne nous indique pas toujours de façon efficace ou naturelle la suite du programme pour progresser, même si c'est par moment. Du coup, on tourne souvent en rond.
Parlons de ce qui fâche maintenant : les bugs. Je n'ai jamais vu un jeu autant bugué... À part les ralentissements un peu partout à certains moments (en remontant à la surface après être longtemps resté sous l'eau), des lags de malades, des textures qui mettent trois plombes à s'afficher, des passages à travers les parois et les sols en nageant dans le "vide" et les limites de la map, des pans de cette map qui ne s'affichent pas (et ce sont de gros morceaux), les freezes durant durant 5 à 10 secondes (c'est un peu rare, cela dit). Mais le pire, c'est que le jeu peut freezer définitivement, nous obligeant à repartir de la dernière sauvegarde car une portion de l'open-world ne s'est pas créée. Et dans ce cas-là, une seule solution, qui apparemment a marché pour moi : désinstaller puis réinstaller le jeu. Avec un peu de chance, ça n'engendra pas d'autres freezes ou bugs ailleurs. J'ai eu cette chance, mais bon sang ! Ça nuit trop à l'immersion et ça m'a même démotivé quelques jours à le continuer. J'ai failli croire que le jeu était "infinissable". Fort heureusement, on peut "contourner"... mais bonjour la perte de temps et l'mmersion qui en prend un coup. Et rien que pour cela, je ressors de cette aventure partagé. Le jeu en lui-même est génial, mais la façon comment il a été porté sur console est une honte. À jouer sur PC pour un max de confort.