Qui l'aurait cru ? Qu'Ubisoft sait aussi faire du C-RPG. Et pour un premier essai, c'est plutôt pas mal et très encourageant. Presque designé en une 2D raffinée et crayonnée façon BD, et saupoudré d'effets pastel. C'est à la fois sobre et joli, pour un rendu graphique où plateforme et exploration se mêlent intelligemment. L'histoire part d'une bonne intention et se voit dépeinte comme un conte de fées, mais au final reste assez classique malgré quelques petites idées dans la forme de narrer les événements et dans la mise en scène, dû au phrasé généralement construit en vers. Cela peut paraître un peu déroutant au premier abord, mais sied au final au style onirique de ce Child of Light. D'ailleurs, moi qui adore la poésie, je suis comblé et je ressens une certaine magie en lisant les poèmes, dialogues et notes du jeu nous en apprenant un peu plus sur l'histoire et le lore. C'est très bien écrit, en plus. Le jeu est entièrement en français, comme on est en droit d'attendre d'Ubisoft Montpellier. Mais seule la narratrice, pourra se faire entendre en contant l'histoire à certains moments-clés du jeu, les personnages de cet univers étant aphones. Mais je trouve que ça le fait comme ça, pour un jeu de ce style. Je salue leur travail pour leur premier RPG de style J-RPG en dirigeant une équipe de personnages.
Au début, on contrôlera seulement Aurora, princesse ayant rendu l'âme dans son époque via une mystérieuse maladie, mais qui renaît dans un tout autre monde féerique, le Royaume de Lémuria, où elle va devoir trouver un moyen de rentrer chez elle tout en bravant sans coup férir les innombrables dangers pavant son parcours. Puis, à mesure qu'elle progresse, elle pourra se faire une clique d'alliés/amis, habitants de différentes races sur Lémuria. Cliché s'il en est dans sa narration, au passage illustrée de fresques colorées comme pour raconter une légende, mais non moins agréable à suivre de bout en bout, et les cinématiques en 2D et opérationnelles sur le terrain de jeu en bon nombre ont le mérite de rythmer l'aventure, même si celle-ci n'est pas si longue que ça et pourra se terminer en une demi-journée minimum, voire un peu plus ou le double si, comme moi, on prend son temps. J'ai bien apprécié le fait de pouvoir voler, car ça nous plonge encore plus dans ce qu'est un conte de fées. Ça donne un semblant de liberté malgré la flagrante linéarité du soft. En tout cas, tous les ingrédients d'une fable digne de ce nom sont présents. Des énigmes simples, mais cohérentes avec la maniabilité de la princesse et utilisant les capacités de l'Igniculus (la luciole qui aide Aurora et ses amis tant dans les puzzles que dans les combats).
Le système de combat est une sorte de dérivé de Grandia, avec une barre d'attente montrant les icônes des personnages et des ennemis/monstres avançant de droite à gauche sur cette barre suivant leur vitesse, puis un segment montrant le temps d'exécution d'une commande. Le temps s'arrête naturellement à l'heure de choisir les commandes. Facile à maîtriser en raison de sa (trop) grande accessibilité. On est bien guidé, certes, avec le minimum syndical comme infos pour pas polluer la progression, mais on croule sous les objets trop nombreux et facilement "dropable" sur les monstres, que ce soit des potions de soins PV & PM, antidotes guérissant tout état anormal, philtres d'attaque ou de défense phys/mag, etc... On a aussi des pierres précieuses à incruster sur les "habits basiques" des personnages, gemmes qui en fonction de leurs couleurs octroieront divers bonus et améliorations à leurs propriétaires. On améliore également, et surtout, nos persos via un arbre de compétences et de statistiques à chaque montée de niveau . Hélas, si les personnages se distinguent plus ou moins les uns des autres au vu de leurs capacités de combat, ces dernières ne sont pas variées et ce seront surtout des améliorations de ces dernières qui sont à débloquer. De même que les pierres précieuses remplaçant l'équipement et mettant à la trappe les magasins, auraient dû profiter d'une plus grande variété, car on en fait vite le tour mine de rien. D'autant plus que le jeu est relativement facile, même en expert mais avec un peu plus de réflexion, pour peu qu'on prenne le temps de tuer tous les monstres sur notre passage. Enrichir la palette de skills et de combinaisons de gemmes aurait été, je pense, un plus, et aurait pu compenser la faible difficulté même si certains boss tapent fort. Mais ce qui la fait déjà compenser, je trouve, est le fait qu'on ne puisse contrôler que deux persos. Un choix des développeurs. Un duo, au lieu d'un classique trio ou quator. Mais pourquoi pas ? Et puis on s'y fait au final, même si au début j'avais quelques appréhensions, mais c'est finalement bien passé et ça reste agréable à jouer en changeant la combinaison du groupe dans les combats à tout moment. Par contre, pas moyen de modifier son équipe dans le menu. Un peu dommage car cela aurait pu éviter de perdre du temps à le faire au début d'un combat.
Un petit mot sur la musique qui est juste sublime, mélancolique, bucolique, champêtre, féerique, le tout au piano. C'est joué de façon de poétique, et au niveau des batailles ça devient plus nerveux et orchestral sans pour autant tomber dans le speed, avec toujours quelques touches de piano ponctuant efficacement. Elles ne sont pas spécialement nombreuses et il y a quelques reprises, mais restent un minimum variées et même mémorables pour quelques-unes.
Ce petit RPG rafraîchissant reste une petite merveille, malgré ses quelques défauts et sa faible durée de vie. Il y a bien quelques petites quêtes annexes et secteurs de zones à explorer, mais ça reste léger. En fait, il manque à CoL un grain de folie pour se hisser au panthéon de RPG plus ambitieux. Car si d'ambition il manque, il a un potentiel évident qui peut laisser présager quelque chose de plus fou, si suite ou autre RPG du même bois il y a. J'ai passé un bon moment. J'espère qu'Ubisoft ira encore plus loin, car c'est déjà un assez bon début et un grand pas en avant pour Ubi.