Sacré post... malheuresement un peu vain pour moi (= je ne connais pas suffisament les concepts). Tu es prof d'écononomie ? 🙂
Parcontre je précise que je n'accuse pas Marx des maux du XXéme siècle, évidemment non, même si on a l'impression que je l'ai dit, mais c'était surtout ma manière de montrer qu'à mon sens le communisme ne peux exister que par la dictature (et aucun exemple réel peux montrer le contraire). D'ailleurs je voudrais dire à ce sujet qu'il y a une branche de théoriciens qui estiment que Marx lui-même n'a jamais cru au communisme, et qu'il se doutait, du fait de sa conception de l'histoire, qu'il subsisterait toujours une opposition dominants/dominés, qui débouchera sur une future révolution. En effet si on se tient à sa théorie de l'histoire le communisme est impossible et ne fait que passer d'un extrême à l'autre (le capitalisme du XIXeme siècle contre le système soviétique, en gros...). Enfin je parle pour Marx lui même, car je trouve sa théorie de l'histoire un peu exagérée, surtout si on observe la société des Trente Glorieuses qui a vu l'émergence d'une classe moyenne et des mouvements de contestations qui concernent moins les conflits sociaux en eux même mais des problèmes moraux (minorités) et nouveaux (écologie)
- Non, pas du tout. Je suis dans une branche qui n'a rien à voir avec l'économie (dont mes connaissances à ce sujet, doivent être à un état des plus superficiels, tout au plus). :lol:
- Cette position a d'ailleurs été défendue par Karl Popper dans les misères de l'historicisme. Celui-ci affirme que l'imprégnation scientiste de la pensée de Marx, est à l'origine des dérives totalitaristes des régimes socialistes du XXème siècle. Il réfute la possibilité d'une science capable de prédire la manière dont l'histoire doit se dérouler et s'achever. cette méthode est non seulement illégitime sur le plan de la méthode, car elle viole les principes de la falsifiabilité scientifique, mais aussi dangereuse dans la pratique, puisque que cette historicisme mène à l'utopisme. Prétendant connaître quel doit être l'avenir de l'homme, il est en effet, tentant de forcer les hommes à correspondre à ce modèle. Ces principes de l'histoires conduit à plusieurs conséquences néfastes : tandis que le commun des mortels ne met pas en doute l'importance de ses conditions d'existence et de ses problèmes personnels, le spécialiste des sciences sociales ou le philosophe sont censés voir les choses de plus haut et considérer l'individu comme un pion, un instrument minime de l'évolution générale de l'humanité. Sur la scène de l'histoire, les seuls protagonistes qui comptent à ses yeux sont les grandes puissances et leurs chefs, ou bien les classes sociales et les grandes idées. En tout cas, il essaiera de saisir la signification de la pièce qui y est représentée, et de comprendre les lois de l'histoire. S'il y parvient, il pourra évidemment prévoir son évolution. Tel est l'historicisme. Une bonne illustration, des plus anciennes, est la doctrine du peuple élu. La loi de l'évolution historique est dictée ici par la volonté de Dieu. l'idée d'une nécessité propre à l'histoire qui gouvernerait les hommes plus que les hommes ne la gouvernerait engendre l'apparence de la fatalité, qui rendrait inutiles les prises de positions de positions, les critiques, les refus des 'individus. la certitude d'un sens inéluctable encouragerait des utopies meurtrières, d'autant plus violentes "qu'elles auraient l'histoire de leur côté." Marx s'était, en vérité, donné comme mission de libérer le socialisme de sa tendance sentimentale, moraliste et visionnaire. Il voulait le faire passer de l'utopie à la science. Aussi a-t-il été un précurseur de la doctrine pragmatiste selon laquelle le rôle principal de la science n'est pas de connaître les événements passés, mais de prédire l'avenir.
Malheureusement, cette idée l'a entraîné sur une fausse route. En effet, l'argument plausible d'après lequel la science ne peut prévoir l'avenir que si celui-ci est prédéterminé, contenu en quelque sorte dans le passé, l'a conduit à la conviction erronée qu'une méthode scientifique rigoureuse doit reposer sur un déterminisme strict. L'influence de Laplace et des matérialistes français apparaît dans sa croyance aux "lois inexorables de la nature et de l'histoire".
Or il est désormais incontestable qu'aucun déterminisme, qu'il s'exprime par le principe de l'uniformité de la nature ou par la loi de causalité universelle, n'est plus le postulat indispensable de la méthode scientifique. On ne peut, cela dit, reprocher à Marx d'avoir cru ce que croyaient les meilleurs scientifiques de son temps. Son erreur n'est pas due à la théorie déterministe elle-même, mais aux déductions pratiques qu'il en a tirées en ce qui concerne l'histoire. L'idée que l'évolution des sociétés est déterminée par certaines causes ne conduit pas nécessairement à l'historicisme. celui-ci découle d'une confusion entre la prévision scientifique, telle qu'elle existe en physique ou en astronomie par exemple, et la prédiction historique.
- Popper reproche à Marx d'avoir donné à l'économisme un caractère absolu, sous l'influence de la vieille distinction hégélienne entre réalité et apparence, et de la distinction corrélative entre essentiel et accidentel. Il a cru perfectionner la théorie de Hegel et de Kant en assimilant la réalité au monde matériel, et l'apparence au domaine de la pensée. D'où l'obligation d'expliquer chaque idée en la réduisant à cette réalité essentielle sous-jacente : les conditions économiques. L'histoire n'est qu'un affrontement de classes qui cherchent à s'assurer la suprématie économique. Ce principe, combinée à la notion des luttes des classes engendrent d'autres conséquences : celui de considérer le système juridico-politique imposé par l'Etat est considéré comme un édifice reposant sur les forces productrices de l'économie et déterminé par celles-ci. Le libéralisme et la démocratie sont tenues pour de simples façades dissimulant la dictature de la bourgeoisie, réduisant ainsi le povoir politique à la merci de l'économie. A la lumière de ces faits, jugeant le pouvoir politique mauvais qu'aux mains de la bourgeoisie, les successeurs de Marx ont conservé le principe de la dictature du prolétariat. Ils n'ont pas compris qu'une politique d'ensemble doit être institutionnelle et non personnelle ; aussi, contrairement à la théorie de Marx, ont-ils préconisé une extension presque sans limites des pouvoirs économiques de l'Etat, sans envisager le risque que ceux-ci tombent aux mains d'individus qui en feraient un mauvais usage. Fidèles au holisme et à l'utopisme marxiens, ils sont restés convaincus que seule une transformation totale du régime social a des chances de succès. De même qu'il y a un paradoxe de la liberté, il y a un paradoxe de la planification. Développée à l'excès, celle-ci donne à l'Etat un pouvoir tel qu'il n'y a plus de liberté, et, partant, plus de planification. De ce fait, une analogie de la pensée marxiste avec l'un des éléments de l'hégélianisme peut être envisagée selon Popper : celui collectivisme platonicien, qui attribue à l'Etat et à la nation une "réalité" plus grande qu'à l'individu.
- Camus reprend ces différents arguments dans on opposition au marxisme, en posant la question suivante : " suffit-il que la révolution soit totale, qu'elle détienne l'empire du monde pour qu soit réalisé l'unité du monde ? Cette ambition que l'on rerouve dans le marxisme, ne vaut rien selon Camus. Pour Marx, "l'homme n'est qu'histoire et particulièrement des moyens de productions". Or mettre, à la racine de l'homme, la détermination économique c'est le résumer à ses rapports sociaux". Camus rfuse ce matérialisme historique, qui est plutôt d'ailleurs un déterminisme historique, car "l'histoire, précisément se distingue de la nature en ce qu'elle la transforme par les moyens de la volonté, de la science et de la passion". La révolté est dans l'homme, le refus d'être en chose et réduit à la simple hsitoire. Il nous faut donc admettre que des facteurs mraux et idéologiques, échappant au domaine de la prédiction scientifique, agissent sur le cours de l'histoire. "choisir l'histoire, et elle seule, c'est choisir le nihilisme contre les enseignements de la révolte elle-même". ceux donc, qui se lance dans la révolution "en prêchant sa rationalité absolue rencontrent servitude et terreur, et débouchent dans l'univers concentrationnaire". Et Camus conclut : " la revendication de la révolet et l'unité, la revendication de la révolution historique est la totalité". La révolution, pour être créatrice, ne peut se passer d'une règle morale qui équilibre le délire historique. Elle n'a sans doute qu'un mépris" justifié" pour la morale formelle et mystificatrice, qu'elle trouve dans la société bourgeoise. mais sa folie a été d'étendre ce mépris à toute revendication morale.
Cependant, ce déterminisme historique, qui laisserait peu de place à la liberté humaine, puisque le cours de l'histoire des évènements serait régi, en dernière analyse par la dynamique des forces productives et des moyens de prodcutions, forces impersonnelles dont les individu ne seraient que des jouets (ce qui réduirait la lutte politique à un épiphonème des conflits sociaux et économiques), est contredit par les 1ères lignes du 18-Brumaire de louis Bonaparte : "les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas de plein gré, dans des circonstances librement choisies ; celles-ci les trouvent toutes faites, données, héritages du passé". Popper, avait bien remarqué que le matérialisme de Marx était empreint d'un certain "spiritualisme". Mais sa fixation sur le caractère que Marx conférait à l'économie, ainsi que sur son (soi-disant)antipsychologisme (aboutissant à une forme d'autonomatisation des formes sociaux) selon laquelle : "ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leut existence, mais leur existence sociale qui détermine leur conscience", ne lui a permis, de déceler ce que Marx voulait entendre par "matérialisme". Les hommes font leurs propres histoire : ils ne sont pas des produits de circonstances. ils sont d'abord des acteurs. marx s'oppose au matérialisme classique, cad celui qui considère que la seule réalité est la réalité extérieure, celle que nous pouvons appréhender par l'usage des sens. certes, il ne soutient pas contre ce matérialisme qui eut une influence sur la philosophie du XVIIème siècle, l'existence d'une réalité suprasensible. Mais il critique une conception qui fait de l'homme un sujet passif, soumis aux forces extérieures. Or pour marx, il faut partir de l'activité humaine pratique comme réalité subjective (1ère thèse des 11 thèhes de Feuerbach). par conséquent : "la doctrine matérialiste du chgt des circonstances et de l'éducation oublie que les circonstances sont chgées par les hommes et que l'éducateur doit lui-même être éduqué" (3ème thèse). L'idéalisme ne vaut pas mieux que ce matérialisme en une simple manifestation du mouvement des idées. " l'histoire dvient ainsi une simple histoire des idées prétendues, une histoire de revenants et de fantômes ; et l'histoire réelle, empirique, fondement de cette histoire fantoma, est exploitée à seule fin de fournir les corps de ces fantômes et les noms destinés à les habiller d'une apparence de réalité" (Idéologies allemande)
. Il s'agit donc pour Marx, de dépasser l'opposition entre l'idéalisme et le matérialisme ancien, pour fonder une nouvelle pensée : matérialiste en ce sens qu'elle doit s'en tenir à la réalité que nous avons sous les yeux, mais qui prend en même temps en compte, comme objet premier, les individus agissant, souffrant, et finalement donc se déterminant eux-mêmes, subjectivement. 2 grandes tendances s'oppossent dans l'épistémiologie des sciences sociales du XiX et au début du XXème siècle. D'un côté, dans la droite lignée de Dithley et Maw Weber, on fait de la compréhension des raisons individuelles de l'action, le point d'appui de la construction d'une science sociale. De l'autre, avec durkheim et ses successeus, "le fait social" indépendant du psychisme individuel, contraint les individus. Pour aller vite, Marx utiliserait simultanéments les 2 méthodes. D'1 part, les rapports de productions, les structures économiques, politiques et idéologiques relativement stables s'imposent aux individus et les conditionnent, ils sont bien une 1 sorte de contrainte extérieure dont on peut faire abstraction. mais ces rapports de production ne sont pas des choses indépendantes des individus ; ils sont constitués par les individus et les représentation qu'ils se font de la société et ces rapports peuvent être des rapports de collaborations aussi bien que conflictuels. Comme durkheim, marx pourrait admettre l'élément de contrainte qui caractérise le fait social, mais il refuse l'idée que "ce fait social" soit indépendant du psychisme individuel. l'individu, le dit-il est la somme des rapports sociaux dans lesquels il est pris et il n'existe pas d'homme isolé des rapports sociaux, d'"homme à l'etat de nature" comme dans les fictions théoriques classiques du contrat social. Mais l'individu reste, d'un côté, iréductible à ce qui pourrait apparaître comme des déterminismes sociaux et ce, pour 2 raisons différentes, mais qui convergent vers la société "moderne". D'une part, il y a quelque chose comme 1 "nature humaine", indépendante de l'histoire et des déterminismes sociaux. L'homme est un "animal social" comme le disait Aristote. mais tout comme aristote qui s'empresse de distinguer l'homme des autres animaux grégaires, telles les abeilles et les fourmis, Marx précise que ce qui caractérise l'homme, c'est que son activivté est toujours une activité finalisée, cad une activité dont le but préexiste idéalement dans le cerveau avant d'être effective. Et cela est vrai des activivtés les plus machinales, les plus naturelles de l'homme :" 1 araignée fait des opérations qui ressemblent à celle du tisserand, et l'abeille confond par la structures de ses cellules de cires l'habileté de plus d'un architecte. Mais ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans sa ruche. le résultat qui pré-existe idéalement dans l'imagination du travailleur. Ce n'est pas qu'il opère seulement un changement de forme dans les matières naturelles ; il y réalise du même coup son propre but dont il a conscience, qui détermine comme loi son mode d'action, et auquel il doit subordonner sa volonté (Capital, livre I, section III, chap 7)
- Pour comprendre l'histoire, il n'y a pas à chercher d'explications ailleurs que dans les actions et intéractions des individus, des individus qui agissent et pensent en même temps, qui, par leur action, produisent leurs représentations : " Ce sont les hommes qui sont les producteurs de leurs représentations, de leurs idées, etc,... mais les hommes réels, oeuvrant, tels qu'ils sont conditionnés par un développement déterminé de leurs forces productives et du commerce qui leur correspond jsuque dans ses formes les plus étendues. La conscience ne peut jamais être chose que l'être conscient,..." (Idéologie allemande). ce qui est proprement "matériel", ce n'est pas la matière au sens commun du terme, c'est l'activité subjective des individus. la plupart des contresens commis sur le sens de la pensée marxienne viennent précisément de ce qu'on a trop souvent assimilé "son matérialisme" au matérialisme ancien ou au scientsime du XIXème siècle.
- De cette conception qu'on appelle encore "matérialiste" faute d'avoir un meilleur mot, il s'en tire un certain nombre de conclusions concernant l'histoire elle-même. Le poids immense de l'histoire sur l'individu, et que l'on rattache habituellement à Marx n'est pas tout à fait justifié. Il n' ya pas de place pour une philosophie de l'histoire, puisqu'il n'y a pas quelque chose, une puissance autonome qui s'appellerait "histoire" et qui commanderait le destin des hommes. Dans la Sainte-Famille, ouvrage commun de Marx et Engels, on trouve ceci qui se passe pratiquement de commentaires : " L' histoire ne fait rien, elle ne possède pas de "richesse énorme", elle "ne livre pas de combats" ! C'est au contraire l'homme réel et vivant qui fait tout cela, possède tout cela et livre tous ces combats (...) ce n'est pas l'histoire qui se sert de l'homme comme moyen pour oeuvrer et parvenir, comme si elle était un personnage à part, ses fins à elle ; au contraire, elle n'est rien d'autre que l'activité de l'homme poursuivant ses fins". Là ou l'idéalisme fait du "sens de l'histoire", "du jugement de l'histoire", de la "ruse de l'histoire", des manifestations d'une puissance transcendante, la providence divine, la nature ou l' esprit du monde, Marx détruit impitoyablement ces "universaux", qui ne sont que des produits de l'imagination comme Spinoza l'affirmait déjà.
- Suite de l'argumentaire au prochain épisode (c'est épuisant à écrire et le temps me manque cruellement),...