Petit récap de mes derniers films chinois vus ces derniers mois.
Coming Home de Zhang Yimou, avec la merveilleuse Gong Li, film poignant sur fond de révolution culturelle, traitant de la relation entre une amnésique qui attend son mari (sorti d'un camp de rééducation) et le mari en question qu'elle ne reconnait plus. Rien de plus à dire du grand Zhang Yimou tout simplement. (Sorgho Rouge, Secret des poignards volants..) (7/10)
Au delà des montagnes de Jia Zhang-Ke, avec encore et toujours Zhao Tao, je commence à avoir du mal avec cette actrice, sur les trois films vus du même réalisateur (il donne à Zhao Tao toujours un premier rôle puisqu'elle est sa femme) A touch of Sin, Les Eternels et Au delà des montagnes, on pourrait intervertir les personnages de Zhao Tao tant elle peine à changer de registre. Et tandis que A touch of Sin m'avait vraiment plu, les deux autres m'ont vraiment laissé pantois, je ne parlerai pas de Les Eternels (3/10) qui pour moi est une grosse branlette pseudo-intellectuello-esthétique (d'ailleurs les deux films sont des co-pro françaises... de là à y voir un lien...).
Pour en revenir à Au delà des montagnes, on nous y dépeint sur trois époques l'évolution de trois amis (schéma souvent retrouvé dans les films chinois de ce genre), avec tout ce que la Chine a à offrir, l'enrichissement rapide, le cout exorbitant des soins, l'expatriation des riches chinois etc etc..
Intéressant mais certaines scènes mal jouées, un scénario qui tire un peu trop sur la fin, il ne restera pas dans les mémoires. (5/10)
Le Lac aux oies sauvages de Diao Yi'nan, le quatrième film d'un réalisateur de 50 ans, Diao Yi'nan prend son temps, et ça paye. Il maitrise à la perfection la nuit, les couleurs vives des neons, les lumières et certaines scènes sont excellentes là ou Black Coal, son film précédent, était un peu mou par moments.
Diao Yi'nan est pour moi un excellent technicien, son défaut pêche dans l'écriture du scénario, ceux-ci sont un peu fouillis, ne racontant pas grand chose et ne servent souvent que de fil conducteur simple pour illustrer le talent du réalisateur en technique de caméra. Ca reste quand même très bon à voir (7/10)
Un soleil de Chung Mong-Hong (dispo Netflix), film Taïwanais, n'ayant pas vu masse de films Taïwanais je ne saurais pas trop comparer avec ce qui se fait là bas. On suit la vie d'une famille de classe moyenne moins, avec deux trajectoires différentes pour les deux fils de la famille, l'un est un fils et élève parfait étudiant en prépa, et l'autre un voyou embarqué dans des histoires de vengeance et qui finira envoyé dans une prison pour mineurs. Afin de ne pas spoiler les éventuels curieux, je n'en dirais pas davantage sur l'histoire.
Ce schéma est assez proche de la réalité, à Taïwan c'est un fait, il y a encore ce qui est présenté dans le film, la pression scolaire (à la Japonaise et surtout Coréenne), et la vie de voyou choisie par ceux qui ont lâché le circuit scolaire relativement tôt, qui finissent toujours dans des plans bourbiers.
Bon drame, mais un énorme défaut.. Beaucoup trop long ! 2h40 ! Le problème avec les films longs, c'est ce que si ils ne sont pas des gros AAA (Marvel, LOTR, HP...) aussi bien que ce soit, ça finit par devenir trop long et chiant, il aurait fallu couper 40min au film pour qu'il soit plus digeste.
Les acteurs sont très bons (big up au père de famille interprété par Chen Yi-Wen, je kiff cet acteur vu dans des séries Taiwanaises aussi et qui joue très bien le cinquantenaire taïwanais type). (6/10)
Ip Man 4 de Wilson Yip, ca va être expéditif, je suis un friand de films de Kung-Fu de l'époque Shawn Brothers, des 5 films de Bruce Lee qui ont été une révolution dans les films de Kung Fu et de l'art martial en général. J'avais bcp aimé Ip Man 1 et 2 (même si le meilleur film sur le maître est sans aucun doute The Grandmasters de Wong Kar-Wai), le 3 était très anecdotique, le spin off n'en parlons pas, et le 4 est réalisé avec le cul, le film qui se veut "ancré" dans le réel, l'acteur qui joue Bruce Lee ne l'a pas bien saisi, il crie de manière insupportable et parodique le fameux cri de Bruce Lee (sauf que lui c'était dans ses films...) comme si le spectateur ne comprenait pas que c'était Bruce Lee, on nous le montre REGARDEZ C'EST BRUCE LEE !!!!! L'histoire est anecdotique, le seul point intéressant est l'intégration compliquée des chinois aux USA à cette époque malgréle fait que certains s'y étaient installés depuis la conquête de l'ouest...! Combats pas impressionnants, sans inspirations c'est un grand non. (3/10)
et le dernier, vu hier, Séjours dans les monts Fuchun de Xiaogang Gu, deuxième film du réalisateur (si je ne me trompe pas), on retourne dans un film plus intimiste, la vie de 4 frangins dont la mère vient de fêter ses 70ans entourée des siens mais qui voit son état s'empirer et alors atteinte de démence. Elle sera la clé de voute de sa famille, problèmes d'argent, emprunts, démolition sans aucun choix de contestation d'habitations pour en construire de nouvelles, pression familiale lié au mariage.. Très bon cocktail et le réalisateur est sans doute un des futurs grand réalisateur du genre. Mais de nombreux défauts de premiers films sont présents, notamment le plus criant, celui d'avoir une idée en tête, d'être persuadé qu'elle est bonne, la mettre dans le film sans se mettre à la place du spectateur (je ne dis pas qu'un film doit se penser en étant à la place d'un spectateur mais sur certaines idées, cela me semble indispensable afin de ne pas le perdre). Notamment sur un plan séquence qui doit durer presque une dizaine de minutes, très long, très chiant qui n'apporte absolument rien (et n'est pas spécialement esthétique non plus) et qui finit par un regard caméra bien foireux (je pense que le réalisateur n'a pas voulu retourner le plan hahaha).
Mais sinon j'aime ce genre d'acting pur, on pourrait presque croire qu'ils ne sont pas acteurs, que nous sommes entrain de regarder un documentaire. Parfois pour retranscrire certaines vérités sociales, c'est ce qu'il y a de plus efficace. J'aime beaucoup quand est exposée cette facette de la Chine, il faut savoir que tous les films chinois doivent sont présentés à un bureau du parti unique, qui censure et qui dit ce qui va et ce qui ne va pas dans le film, c'est la raison pour laquelle on ne verra jamais de films chinois critiquer ouvertement le parti ou sa politique, mais en révélant la situation sociale, financière, familiale de certains personnages on arrive tout de même à percevoir certains maux qui touchent le pays.
Donc ce film, très bon, j'irai voir les prochains de Xiaogang Gu, en espérant qu'il derushera un peu plus la prochaine fois. (6/10)