J'ai vu 24 de la liste de Hotsuma, autant de celle de Kanedo, 83 (dont 21 en commun) de celle de CS (mon top passe pour du jeunisme en comparaison!) et 55 avec Magus.
Je mets les 100 dans l'ordre (c'est sûr que ca changerait chaque jour, mais ca donne un ordre d'idée) puis par réalisateur. J'ai une folle passion pour les 10 premiers, et d'ailleurs les 8 premiers peuvent être considérés dans le désordre. (les nationalités font parfois très discutables, bien entendu)
1. Stalker (Tarkovsky, 1979, RUS)
[spoiler]Selon Tarkovsky, le cinéma peut tout. Ce film prouve qu'il avait raison. Déjà sur la forme j'ai rien vu de plus beau (image, son, présence des éléments, mouvements...). Ensuite, sa façon de maintenir une tension terrible tout le film juste avec la menace de ce qui pourrait se passer, sans rien montrer tout en explicitant le non-respect des lois physiques dans la Zone... j'ai pas de mots. Quant aux personnages, dialogues... sans parler de la profondeur du propos. Bon, le film est presque à l'arrêt (Andreï voyait dans le cinéma un moyen de manipuler le temps) et extrêmement exigeant pour le spectateur, mais le trip SF d'anticipation et fable existentialiste métaphysique le rend plus accessible que la plupart de ses autres films. En tout cas un film qu'on oublie pas.[/spoiler]
2. La règle du jeu (Renoir, 1939, FRA)
[spoiler]Juste avant WWII (mais chut, on veut surtout pas penser à cela en France!), des membres de la haute société française se réunissent dans un château de province pour une partie de chasse. Les intrigues amoureuses des aristocrates et des domestiques s'emmêlent mais ne se mélangent pas. Renoir qualifiait le film de "fantaisie dramatique", je n'ai pas mieux 🙂 . L'histoire part dans tous les sens et pourtant elle est réglée au millimètre. Il utilise la profondeur de champ de manière révolutionnaire, en particulier pour faire jouer plusieurs scènes dans le même plan et ainsi enchaîner sans transition, et ce constamment. L'omniprésence de miroirs au début va également dans ce sens. C'est vrai que c'est tragique en même temps que d'être drôle, mais qu'est-ce qu'on rigole (les dialogues sont mythiques)... [/spoiler]
3. Rashômon (Kurosawa, 1950, JAP)
[spoiler]Japon médiéval (mais au fond, on s'en fout). Trois hommes s'abritent de la pluie et parlent d'une affaire criminelle en apparence incompréhensible : un brigand rencontre un samuraï et sa femme. Il viole cette dernière, mais la suite est confuse. En effet, le samuraï est retrouvé mort mais chacun des trois personnages (!) a une version différente. Interprétation hallucinée, utilisation métaphorique des éléments, mouvements de caméra virtuoses, discours brillant sur la Vérité et le point de vue, et puis une structure narrative éclatée qui surprend sans cesse et des scènes légendaires en pagaille. Le film est tendu comme un slip, désespéré jusqu'à la toute fin qui délivre un message d'espoir, comme pour dire que l'obscurité n'a de sens que s'il y a de la lumière quelque part. Rien n'est gratuit dans ce film perfectionniste.[/spoiler]
4. La grande illusion (Renoir, 1937, FRA)
[spoiler]Un camp de prisonniers pour officiers en Allemagne lors de WWI. L'ouvrier Maréchal rencontre l'aristocrate officier de carrière Boeldieu. Avec d'autres, ils essaieront de s'évader... Le film est en trois parties (La grande évasion est le remake de la première partie). C'est un film profondément pacifiste qui expose les qualités de la guerre : accélérateur de l'Histoire, destructeur des barrières entre classes sociales, mélangeur des peuples... Le casting est EXCEPTIONNEL (Gabin, Fresnay, von Stroheim, Dalio, Parlo, Carette, Dasté... n'en jetez plus!). Visionnaire dans son propos, le film a été pillé par la suite comme peu d'autres. Humanisme renversant, humour infaillible, émotion et tragédie... Mon film référence dès mes 12 ans. Le film était considéré par le IIIème reich comme l'œuvre française la plus dangereuse pour le régime, et on comprend pourquoi...[/spoiler]
5. Ordet (La parole, Dreyer, 1955, DAN)
[spoiler]Dreyer illustre concrètement la pensée de Kirkegaard sur la Foi dépouillée du Culte religieux en faisant un film sur le Miracle. Dis comme cela, c'est pas très encourageant. Dreyer veut capter la vie. Pour cela, les plans sont tellement longs qu'ils sont composés de plusieurs séquences! Lorsqu'il filme une femme qui accouche, l'actrice accouche devant les caméras (et non, rien à voir avec le voyeurisme). On pourrait croire que le film est austère mais il n'en est rien. La chaleur et l'humanité que dégagent les personnages prennent au dépourvu, la justesse psychologique est une révélation, et il y a même un peu d'humour (bon, on est loin de Max Pécas hein), en tout cas le film n'est jamais surdramatisé. Que dire de la séquence finale?... Ceux qui ont l'habitude de dire "la religion c'est pour les cons" feraient bien d'y jeter un œil, car tout en étant le film le plus haï (craint surtout) par l'Eglise, il parle de la Foi à tous, laïques & co y compris.[/spoiler]
6. Bakushû (Été précoce, Ozu, 1951, JAP)
[spoiler]Noriko, japonaise de 28 ans, vit avec la famille de son frère et leurs parents. Elle travaille et ne semble pas rêver de mariage. Plus une fille mais pas une épouse, sa position à part en fait un rouage indispensable à l'équilibre de la famille (elle "amortit" tous les conflits). Pourtant son entourage n'accepte pas sa situation de célibataire (une femme DOIT être mariée à 25 ans, "c'est comme ça") et va lui arranger un mariage dans son dos, mais Noriko persiste dans son refus... J'ai pas de mot assez fort pour l'intelligence de ce film et la performance de Setsuko Hara. Le film se conclut par une renversante leçon d'humilité. Ozu-sensei a tout compris. Peut-être le film auquel je suis le plus attaché, j'attache le plus de valeur. Plus que parfait.[/spoiler]
7. Gertrud (Dreyer, 1964, DAN)
[spoiler]Damned, comment parler de ce film? Il s'agit d'un film sur l'Amour comme idéal, et donc de sa confrontation avec l'amour vécu à travers une relation. J'ai discuté avec certaines personnes qui ne comprenaient pas comment on pouvait faire un film sur l'Amour sans que jamais les regards se croisent, les personnages se touchent, les paroles s'enflamment. A la fois totalement dépouillé et d'une rigueur implacable, le film n'est pourtant en rien théâtral malgré les apparences. Ici, chaque geste, chaque élément de l'image et de la bande-son a valeur de métaphore mais jamais le film n'est lourd. De plus, les dialogues sont d'une beauté telle que le film en devient un poème de 2 heures. Le film se conclut sur une magistrale et inattendue leçon d'humilité. Je crains néanmoins qu'il faille une certaine culture cinématographique pour apprécier ce film (en fait j'en sais rien ^^, mais c'est ce que je constate).[/spoiler]
8. Life and death of colonel Blimp (Powell & Pressburger, 1943, UK)
[spoiler]A travers un officier militaire de carrière anglais largué, une exploration de l'évolution du monde de 1895 à 1942 en trois guerres qui vont obéir à des règles qui changent très vite. A la base un film de propagande, les réalisateurs ridiculisent autant les allemands que les anglais, et semblent avoir déjà tout compris aux mécanismes derrière WWII, avec un recul étonnant. Churchill a haï ce film :p. On ne voit pas de scène de bataille, c'est une sorte de fresque (les transitions temporelles sont géniales) qui mêle humour anglais délicieux, romance subtile, drame sans pathos. Deborah Kerr y est sidérante dans un rôle exceptionnel. J'étais euphorique pendant la séance, et franchement, faut être bizarre pour pas prendre son pied devant ce film.[/spoiler]
9. 2001: A space odyssee (Kubrick, 1968, USA)
[spoiler]Ce serait cool que les réalisateurs de blockbusters hollywoodiens d'aujourd'hui s'inspirent de l'audace de Stanley sur ce film à très gros budget. J'ai jamais eu autant l'impression d'être à la préhistoire ou dans l'espace. La métaphore du Ainsi parla Zarathoustra de Nietszche est virtuose, mais Kubrick s'approprie totalement le film en dénonçant la vanité de l'Homme. La transition entre la préhistoire et l'espace (los qui devient un vaisseau spatial), avec Le beau Danube bleu, qui signifie que malgré une sophistication de l'espèce humaine il n'y a eu aucune évolution, est l'un des plus Grands moments du cinéma. Que dire de la fin? Un coup de maître.[/spoiler]
10. The searchers (La prisonnière du désert, Ford, 1956, USA)
[spoiler]Plus qu'un western, le témoignage d'une époque. Des indiens attaquent une ferme, et capturent leur jeune fille pour en faire une squaw. Wayne et un acolyte partent à sa recherche mais les années passent. Ni pro ni anti indien. L'humour, le souffle épique, l'émotion et le romantisme de Ford à son pinacle. Du caviar.[/spoiler]
11. Zerkalo (Le miroir, Tarkovsky, 1975, RUS)
[spoiler]Tarkovsky s'imagine agonisant, et essaie de se souvenir de son enfance pour soulager sa frustration. Le film est construit selon la logique de la mémoire, et en l'occurrence il n'y a pas plus illisible en matière de narration. Mais Andreï s'adresse à nos sens, la vue, l'ouïe, mais aussi le toucher (!). La violence sous-jacente n'a pas d'égal. Vraiment dur d'accès tout de même.[/spoiler]
12. La rue de la honte (Mizoguchi, 1956, JAP)
[spoiler]Le film se déroule dans un bordel du Japon d'après-guerre, alors que le gouvernement essaie de faire passer une loi interdisant la prostitution. Le film, sans être choral, suit le quotidien de 5 prostituées expérimentées. La mise en scène dit des millions de choses, tout comme les dialogues et l'interprétation. Le cynisme de la mythique Machiko Kyo fait parfois bien rire, mais on est également parfois pris de court par la cruauté des paroles et des situations. Terriblement moderne.[/spoiler]
13. His girl Friday (La dame du vendredi, Hawks, 1940, USA)
[spoiler]Je n'ai jamais autant ri, pourtant dans le fond c'est absolument tragique. Un directeur de journal politique à sensation va user de toute les magouilles pour essayer de récupérer son ex-femme, et ça commence par une interview d'un condamné à mort... Le débit de parole le plus élevé du cinéma (240 mots prononcés à la minute!), d'une absence de morale inimaginable aujourd'hui, le film dit pourtant beaucoup de choses très justes sur la justice et la presse tout en bousillant notre diaphragme de rire. Tout en les laissant se déchaîner, Hawks parvient à obtenir ce qu'il veut de C. Grant et surtout R. Russell. Fou et exceptionnel.[/spoiler]
14. Les amants crucifiés (Mizoguchi, 1954, JAP)
[spoiler]Après une série d'évènements, un homme et une femme se retrouvent à fuir, embarrassant tout le monde, à commencer par leurs familles qui souhaitent leur mort pour sauver leur honneur. Tout le monde lutte pour sauver sa situation, mais personne n'y parvient. A mes yeux, la plus belle photographie (NB) du cinéma. Jamais le cinéma n'avait exploité à ce point ses capacités de tableaux mouvants. La mise en scène est remarquable, mettant parfaitement en valeur le traitement des personnages et la redoutable construction scénaristique, ainsi que les dialogues d'une violence peu commune. Tout est parfait, et le film se déroule à une vitesse folle, accompagnant la fuite en avant des deux fuyards.[/spoiler]
15. Warriors (Kosminsky, 1999, UK)
[spoiler]Sorte de reconstitution du parcours d'un groupe de casques bleus anglais lors de la guerre de Yougoslavie, en 1995, et fictionnalisée. Le film est, comme The Deer hunter, divisé en trois parties : avant, pendant, après. La deuxième partie est insoutenable. La troisième a brisé quelque chose en moi tellement ce qu'elle montre est terrible, j'ai été incapable de parler pendant quelques jours. Le pire, c'est que selon d'anciens casques bleus, il est d'un réalisme documentaire, et que cela s'est passé pas loin d'ici et alors qu'on (enfin je) n'était plus si jeune. Intolérable, indispensable. (le film fait l'objet d'une unanimité rarissime, mais il est très dur à trouver)[/spoiler]
16. Sansho dayu (L'intendant Sansho, Mizoguchi, 1954, JAP)
[spoiler]Le Japon médiéval. Un seigneur essaie d'intercéder auprès du gouvernement pour lutter contre la famine dans sa région. Pressentant le danger, il envoie sa femme, son fils et sa fille chez ses parents, mais ses derniers sont vite renvoyés de là-bas, et sur le chemin du retour sont réduits en esclavage... Pamphlet anti-esclavagiste d'une force inouïe et d'une beauté à couper le souffle, le film inspire un respect infini. Un des rares films du maître qui possède un élan idéaliste qui touche à son but, mais à quel prix... La petite sœur restera comme le personnage auquel je me suis le plus attaché. Son film qui fait le plus l'unanimité.[/spoiler]
17. Singin' in the rain (Chantons sous la pluie, Donen & Kelly, 1952, USA)
[spoiler]Une star du muet au moment de l'avènement du parlant. Une des rares comédies musicales qui méritent son nom (c'est vraiment drôle), elle se veut un hymne contagieux de la bonne humeur. Elle y parvient, à chaque visionnage. Les chorégraphies sont assez sobres, et les couleurs sont chaleureuses, entre jaune et marron. [/spoiler]
18. Andreï Roublev (Tarkovsky, 1966, RUS)
[spoiler]Evocation de la vie du peintre d'icône, en plusieurs chapitres. Exigent mais surpuissant, surtout le dernier arc, dans lequel Tarkovsky exprime sa vision de l'Artiste.[/spoiler]
19. M le maudit (Lang, 1931, ALL)
[spoiler]Un tueur en série de petites filles ne cesse d'échapper à la police. Cette dernière va donc passer au peigne fin les quartiers mal famés. Les voyous, y voyant un frein au business, vont également se mettre à la chasse... Totalement visionnaire et novateur à tous les niveaux, notamment annonciateur du fascisme en Allemagne, ce film comme sorti d'un cauchemar est mythique à juste titre. La séquence finale reste gravée dans les mémoires.[/spoiler]
20. Mononoke hime (Miyazaki, 1997, JAP)
[spoiler]J'aime tout dans ce film, de son animation à sa bande-son en passant par son lyrisme, son scénario, ses scènes d'action, et presque plus encore ses personnages et surtout Eboshi-sama, et les thèmes qui les accompagnent. [/spoiler]
21. Los olvidados (Pitié pou eux/Les réprouvés, Buñuel, 1950, MEX)
[spoiler]Exilé au Mexique, Buñuel découvre les films de De Sica et décide de se remettre au cinéma. Le Mexique est flatté... jusqu'à découvrir horrifié le film! El Jaibo s'évade d'un camp de redressement. Il devient le chef d'un petit groupe d'adolescents livrés à eux-mêmes dans le bidonville. Le film est TRES dur, parce qu'aucune issue ne semble possible. On aimerait blâmer El Jaibo, mais en une seule scène Buñuel nous en empêche. La situation est-elle différente aujourd'hui?[/spoiler]
22. Sunrise: a song of two humans (L'aurore, Murnau, 1927, USA)
[spoiler]Un jeune couple de paysans est au bord de l'implosion. Ils vont apprendre à s'aimer à nouveau lors d'une nuit à la ville. Epuré jusqu'à être universel et intemporel, la simplicité de l'histoire alliée à la sophistication des mouvements de la caméra, du cadrage ou de la profondeur de champ, ainsi qu'à l'interprétation bouleversante (l'actrice!) dégage une grande pureté. Le film est muet, et est le sommet du grand principe de Murnau qui consistait à faire du cinéma un langage universel comme la musique ou la peinture, et c'est pourquoi il n'a pas recours aux intertitres. On oublie vite l'âge avancé du film tellement il est moderne et juste.[/spoiler]
23. Le septième sceau (Bergman, 1957, SUE)
[spoiler]Moyen-âge en Suède. Un croisé rentre chez lui avec son écuyer. Ses convictions sont ébranlées, il remet en cause Dieu. La Mort vient alors à sa rencontre, et pour gagner du temps, il La défie à une partie d'échecs. Pendant ce temps, un acteur et sa femme essaient de vivre simplement dans ce monde chaotique.
Les obsessions du suédois sont là, que ce soit l'omniprésence de la Mort ou la défiance envers Dieu. Ici, cela prend l'apparence d'un trip métaphysique à la symbolique visuelle très puissante. Les dialogues sont redoutablement aiguisés et l'interprétation est fantastique. Quelques passages sont très durs (le bûcher), mais le film dégage un humanisme énergique. Passionnant, et sans doute le film le plus accessible de Bergman.[/spoiler]
24. Citizen Kane (Welles, 1941, USA)
[spoiler]Un magnat de la presse meurt dans la solitude la plus totale. Ses derniers mots sont "bouton de rose". Un journaliste va interroger des proches de Kane pour essayer de comprendre ces mots et peut-être le personnage... Le film est une claque à tous les niveaux. La narration en flashbacks successifs et pas forcément chronologiques est désormais un classique. Pour la mise en scène, le novice Orson (25 ans et aucune expérience de réalisation) a fait une synthèse de films comme Sunrise (plans-séquences en mouvement, profondeur de champ, décors allégoriques), La passion de Jeanne d'Arc (gros plans, plongée/contre plongée, angles de caméra incongrus)...
Thématiquement, Welles dissèque avec grande acuité le pouvoir de l'argent en imaginant un personnage élevé par une banque (XD). Indémodable.[/spoiler]
25. Le conte des contes (Norstein, 1979, RUS)
[spoiler]Inracontable au sens propre. On visite probablement les souvenirs d'un homme, enchaînant des scènes sans parole et apparemment sans connexion. Le film, 30 minutes en papier découpé, fascine au-delà de tout ce que j'ai pu voir par ses jeux de lumière, les mouvements de caméra, la profondeur de champ... Techniquement j'arrive d'ailleurs pas à concevoir comment il a fait.[/spoiler]
26. Metropolis (Lang, 1926, ALL)
[spoiler]Tout le monde connaît l'histoire tant elle a été resucée. La grande cité est construite de façon que les classes élevées soient en haut et les ouvriers en bas, conçue pour que cette fracture sociale ne puisse que s'agrandir. Le fils du maire a un coup de foudre pour la meneuse de la révolution... le récit est très dense et mené tambour battant, s'appuyant sur des symboles très lisibles lui conférant un aspect de conte moral. Prototype de la SF d'anticipation, le film bénéficie d'effets spéciaux sidérants et de décors titanesques (pour la petite histoire, le 3ème reich s'en inspirera pour construire ses camps de concentration entre autres...), et comporte scènes de film catastrophe, course-poursuite, androïde et surtout dénonciation sociale...[/spoiler]
27. L'avventura (Antonioni, 1960, ITA)
[spoiler]Un jeune couple de grands bourgeois italiens ne communique plus que par cynisme. Ils partent en bateau avec un groupe d'amis, mais sur une petite île la femme disparaît. Difficile de raconter ce film, profondément novateur au niveau de la narration. Antonioni innove dans cesse par sa mise en scène et le film est la pierre centrale de ce qu'on appelle le "cinéma moderne". Néanmoins, il est à savoir que le film a vocation à ennuyer, ou disons plutôt à frustrer. Sa lenteur et son exigence en découragera certains. [/spoiler]
28. All about Eve (Eve, Mankiewicz, 1950, USA)
[spoiler]Margot, une grande actrice de théâtre plus toute jeune, intègre dans son entourage Eve, jeune femme très dégourdie et dévouée. Cette dernière semble s'intéresser de très près à Margot... Les dialogues sont fabuleux! Bette Davis est impressionnante mais je suis encore plus impressionné par l'ambigüité imperceptible d'Anne Baxter. Je pense que Mankiewicz voulait, à travers le théâtre, faire une peinture au vitriol d'Hollywood, entre ingratitude et requins prêts à tout, qui "produit" des monstres humains. Du culte en barre. [/spoiler]
29. The dark cristal (Henson & Oz, 1982, USA)
[spoiler]Jen, dernier gelfling vivant, se voit confier la mission de réaliser la prophétie... Scénario de RPG pour ce film d'animation avec marionnettes qu'on doit à l'auteur du Muppet show et le créateur de Yoda (Star wars). Univers foisonnant, poésie, rythme, humour, intelligence du propos, scènes cultes, personnages ultra attachants... Parfait, quelque soit le public.[/spoiler]
30. Apocalypse now redux (Coppola, 1979, USA)
[spoiler]Au Vietnam depuis déjà trop longtemps, le capitaine Willard se voit ordonner de "terminer" le colonel Kurtz, devenu incontrôlable, très profondément dans la forêt. Mais plus Willard s'enfonce dans la jungle en remontant le fleuve, plus les chose deviennent anarchiques et confuses... Une plongée dans la folie, à l'atmosphère obsédante. On en ressort sonné.[/spoiler]
31. Le hérisson dans le brouillard (Norstein, 1975, RUS)
[spoiler]La nuit venue, le hérisson part retrouver l'ours pour compter les étoiles, mais en chemin il tombe sur une "cuvette" remplie de brouillard et s'y aventure pour redécouvrir le monde d'un nouvel oeil. En papier découpé, c'est d'une poésie et d'une intelligence insurpassables. Ca dure 10 minutes.[/spoiler]
32. Barry Lyndon (Kubrick, 1975, UK)
[spoiler]Redmond Barry est un jeune branleur qui est bien décidé à grimper l'échelle sociale. Il se laissera guider par les opportunités rarement glorieuses, puis tombera d'aussi haut qu'il est monté pour les mêmes raisons. Très abouti esthétiquement, Kubrick raconte dans l'Europe du XVIIIème siècle la vanité et la petitesse de l'Homme. Le second degré de la voix off est parfois hilarant. J'ai été profondément marqué par la façon dont Kubrick concède malgré tout, jusqu'au bout, son humanité au personnage, sans le transformer en caricature ou en monstre.[/spoiler]
33. L'Atalante (Vigo, 1934, FRA)
[spoiler]Jean, marinier de la péniche L'Atalante, épouse Juliette, paysanne fantaisiste. Mais cette dernière souffre très vite de la vie monotone et ennuyeuse à bord, avec également un jeune mousse et le père Jules, un vieux briscard... Unique long métrage de Vigo. Difficile d'expliquer ce qui fait la puissance du film. Les acteurs, Dita Parlo et Michel Simon (incroyable!) en tête, y sont pour quelques chose mais on est également frappé par la façon, âpre et lyrique (certaines scènes marquent l'imagination), de décrire le quotidien. Et puis quel plus bel hommage à ces "rien du tout" (les mariniers) que de ne jamais les "embellir". Mystérieusement, le film ne ressemble vraiment à aucun autre.[/spoiler]
34. Vertigo (Sueurs froides, Hitchcock, 1958, USA)
[spoiler]Scottie est sujet aux vertiges et abandonne donc sa carrière d'inspecteur. Un vieil ami lui demande de suivre sa femme qu'il soupçonne d'être ensorcelée par une ancêtre... Est-il la peine de présenter ce film? Oeuvre nécrophile selon le maître, sa richesse semble insondable.[/spoiler]
35. The kid (Chaplin, 1921, USA)
[spoiler]Désespérée, une jeune femme abandonne son fils. Un vagabond le recueille. LE film culte de mon enfance. Tout Chaplin (producteur, scénariste, réalisateur, acteur et compositeur de la bande-son!) est déjà là, et le film enchaîne les séquences cultes comme des perles. Très drôle (le petit acteur est génial!), terriblement émouvant, tout en étant d'une grande justesse au niveau des personnages et de sa critique sociale. On peut juste regretter une fin un peu précipitée. Je pourrais le regarder en boucle.[/spoiler]
36. El espiritu de la colmena (L'esprit de la ruche, Erice, 1973, ESP)
[spoiler]Quelque part sur les plateaux castillans, au début du franquisme. Deux jeunes filles d'une famille qui ne se parle plus découvrent le cinéma avec Frankenstein. La plus jeune va se recréer un univers propre en rejouant le film pour atteindre une harmonie inaccessible dans la réalité. Portrait d'enfance dénué de tendresse, loin de l'innocence supposée, morbide et austère. La jeune actrice (Ana Torrent, 7 ans dans ce film, qui deviendra célèbre dans le très bon Cria cuervos), avec son regard sombre et impénétrable, fascine et envoûte. Le film est d'une grande rigueur, très riche et intelligent. Le film est dénué de rythme, ce qui en ennuie certains.[/spoiler]
37. Goodfellas (Les affranchis, Scorsese, 1990, USA)
[spoiler]"As far as I remember, I've always dreamed to be a gangster", ainsi s'ouvre ce film, qui raconte la trajectoire d'un gangster de moyen calibre. Les pétages de plomb de Joe Pesci font froid dans le dos. La mécanique du film est parfaitement huilée, offrant au spectateur un portrait fascinant et repoussant du milieu de la pègre. [/spoiler]
38. Mon oncle (Tati, 1958, FRA)
[spoiler]Mr Hulot vit dans un quartier un peu décrépit. De temps en temps, il se promène avec son neveu qui habite dans un quartier très riche. Pas d'histoire à proprement parlé bien sûr. Il s'agit d'une suite de gags qui dégage malgré tout une certaine unité. Tati exploite tout : sons, couleurs, formes (la maison et l'allée tortueuse)... L'inventivité de Playtime et le ludisme des Vacances de Mr Hulot.[/spoiler]
39. An affair to remember (Elle et lui, McCarey, 1957, USA)
[spoiler]Deborah Kerr et Cary Grant rentrent tous deux d'Italie aux USA où ils sont sensés se marier chacun de leur côté. Lors du voyage en bateau, ils se rendent compte qu'ils s'aiment, profondément et sereinement (lors d'une étape à La Rochelle, bouleversante). Arrivés à NY, ils se donnent rendez-vous dans 6 mois... Auto-remake de McCarey, qui élève le sentiment affectif à son plus haut degré de noblesse. On est loin de la passion violente type "ni avec toi ni sans toi". La première partie est du registre de la comédie sentimentale tout en retenue. La suite est un peu plus dramatique. Si j'ai bien compris les goûts de CS, ce film semble avoir été réalisé pour lui.[/spoiler]
40. Alice dans les villes (Wenders, 1974, ALL)
[spoiler]Véritable coup de foudre pour ce film, qui a agit comme un euphorisant sur moi. Un allemand cherche à raconter l'Amérique à travers ses paysages, mais n'y parvient pas. Il décide de rentrer en Allemagne mais se retrouve avec une jeune fille sur les bras. Une curieuse complicité va naître... et c'est le centre du film. Je ne suis pas sûr d'être capable d'expliquer pourquoi j'ai tant aimé ce film, mais Wenders a réussi quelque chose de magique :blush: .[/spoiler]
41. Persona (Bergman, 1966, SUE)
[spoiler]Une actrice de theâtre s'est murée dans le mutisme. Pour la guérir, elle est envoyée avec une jeune infirmière sur une île inhabitée. Mais la relation entre les deux femmes se trouble à tous niveaux (rapport de force, personnalité... pas de lesbianisme a priori, je précise juste au cas où ^^). Le film le plus cérébral du suédois. Il faut s'accrocher mais ca vaut diablement le coup. Bergman explore les possibilités du cinéma pour essayer de rendre compte de choses qui lui sont en principe inaccessibles. Étonnant et complexe mais exigeant.[/spoiler]
42. The General (Le mécano de la Générale, Keaton, 1926, USA)
[spoiler]1861, dans le Sud. Johnny Gray a deux amours : sa locomotive et Annabelle. Lorsque la guerre de Sécession est déclarée, il va s'engager pour impressionner cette dernière. Refusé, il va trouver une occasion de montrer son courage... Le film est en grande partie constitué de deux longues courses-poursuites, d'une inventivité qu'on n'est pas prêt de revoir. Très drôle, ultra rythmé, bande-son magique... Une valeur sûre pour tout public.[/spoiler]
43. Mimi wo sumaseba (Kondo, 1995, JAP)
[spoiler]Une adolescente japonaise accroc à la lecture est confrontée au passage à l'âge adulte et à l'éveil sentimental. Il y a pas mal de films d'animation réussis sur le sujet, comme La traversée du temps, mais celui-là les explose tous. Pas mal de séquences fabuleuses, en particulier celle de la musique. Le réalisateur a été adoubé à l'occasion par Miyazaki pour être son successeur... il est mort quelques années plus tard T_T. Une référence absolue et incontournable sur un sujet pourtant ultra balisé.[/spoiler]
44. Freaks (La monstrueuse parade, Browning, 1932, USA)
[spoiler]Dans un cirque, le lilliputien Hans s'éprend de la sculpturale Cléopâtre, qui n'en a qu'après son héritage. Les humiliations se multiplient mais la vengeance des "freaks" (joués par de vrais monstres de foire) sera terrible... Le film fait froid dans le dos encore aujourd'hui. Jugé intolérable, il a fait de son réalisateur un paria. [/spoiler]
45. Pretty baby (La petite, Malle, 1978, USA) :bear: (moi aussi j'ai un film pédophile, non mais!)
[spoiler]Début du XXème siècle en Louisiane. Violet a 12 ans et a toujours vécu au bordel, où sa mère travaille. N'ayant jamais rien connu d'autre, elle se fond parfaitement dans cet univers. Mais les hommes commencent à la regarder... Que ce soit sur la pédophilie ou la prostitution, Malle nous offre le point de vue de Violet (incroyable Brooke Shields!), sans aucun jugement de valeur. La réalisation d'un tel film est d'ailleurs inenvisageable aujourd'hui. C'est osé, passionnant et attachant de bout en bout, et la dernière séquence fait (enfin) ressortir toute la violence sous-jacente à la prostitution.[/spoiler]
46. Apur sansar (Le monde d'Apu, S. Ray, 1959, IND)
[spoiler]Troisième et dernier volet de la trilogie d'Apu, qui est désormais un jeune homme. Sans doute le film le plus accessible du réalisateur (qui est loin d'être inaccessible en général ceci dit), grace à un humour délicieux et un rythme plus élevé. Ray décrit à merveille en à peine un quart d'heure la complicité profonde qui se noue entre les deux jeunes mariés. De l'humanisme subtil et émouvant.[/spoiler]
47. The red shoes (Les chaussons rouges, Powell & Pressburger, 1948, UK)
[spoiler]Powell utilise l'univers du ballet pour figurer l'exigence suprême et imager le sacrifice inconditionnel de l'Artiste à son Art. Une jeune ballerine réussi à s'imposer au sein d'un ballet très réputé, et se lie avec le compositeur. Ce dernier exige qu'elle arrête de danser pour le suivre alors que le directeur du ballet lui rappelle sa dévotion envers la danse... Très beau, pas dénué d'humour comme d'habitude avec le duo, passionnante plongée dans un univers particulier... Le clou du film est un ballet de 15 minutes sans interruption, à couper le souffle. Pas la peine d'aimer le ballet pour aimer ce film, ou plutôt on est amené très vite à aimer le ballet :p. [/spoiler]
48. Viridiana (Buñuel, 1961, ESP)
[spoiler]Buñuel avait l'habitude d'utiliser le cynisme et l'humour noir pour critiquer bourgeois, militaires et curés. Quand il décide de ne plus rigoler, il nous offre un pamphlet d'une ambigüité et d'une force qui laissent sans réaction. Spoilers ahead : [spoiler]Viridiana est une jeune nonne qui s'apprête à prononcer ses vœux. Juste avant, elle passe voir son oncle, vieux, riche et solitaire. Il essaie de la violer et elle part outrée. Le vieil homme se suicide. Elle décide alors de se consacrer sur le terrain aux pauvres...[/spoiler] Remise en cause profonde et jamais gratuite de l'Eglise. Certaines séquences sont d'une grande dureté, le film est vraiment éprouvant.[/spoiler]
49. La vérité (Clouzot, 1960, FRA)
[spoiler]Les débuts de la libération sexuelle. Bardot a tué son amant. Toute la question est de savoir si le meurtre est "passionnel" ou prémédité. L'avocat et le procureur se battent donc sur cette question, mais personne ne cherche jamais à comprendre vraiment la jeune femme... Clouzot filme les prémices de mai 68 avec beaucoup d'humour et de cruauté (comme d'habitude ^^). La remise en question de la Justice humaine est brillante et pertinente. Ludique, moderne et noir... du Clouzot à son meilleur (pour moi). Sami Frey (l'amant) est effrayant.[/spoiler]
50. Aguirre, la colère de Dieu (Herzog, 1972, ALL)
[spoiler]A l'époque des croisades en Amazonie, un illuminé qui se prend pour Dieu décide de chercher lui-même l'Eldorado pour devenir le roi du monde et fonder une dynastie avec sa fille... Halluciné, franchissant à plusieurs reprises les frontières du surréalisme, cette parabole du nazisme fait souvant rire par son cynisme et sa folie. Le réalisateur et l'acteur principal sont de vrais psychopathes, les conditions de tournage invivables (des morts parmi les figurants). Tout cela transpire du film. Une expérience unique.[/spoiler]
51. Pather panchali (La complainte du sentier, S. Ray, 1955, IND)
[spoiler]Premier volet de la trilogie d'Apu. Très loin de Bollywood, le film, inspiré du néoréalisme italien, raconte l'enfance d'Apu, un indien très pauvre habitant à la campagne. Kurosawa a dit : "Ne pas avoir vu le cinéma de Ray revient à exister dans le monde sans avoir vu le soleil ou la lune". Je le rejoins dans le sens où son lyrisme (éclatant dans ce film) et son réalisme poétique ne s'attachent jamais qu'aux personnages sans jamais se soucier de prendre un parti, ainsi son humanisme qui n'épargne aucune épreuve aux personnages peut être considéré comme véritablement lumineux. Un des plus beaux portraits d'enfance jamais réalisé.[/spoiler]
52. Dr. Strangelove (Kubrick, 1964, UK)
[spoiler]Guerre froide. Un général américain paranoïaque prend l'initiative d'envoyer une bombe nucléaire sur l'URSS... Souvent qualifié de comédie (très) noire, je rejette personnellement cette appellation, parce que selon moi, le soucis principal de Kubrick n'est pas tant de faire rire (même s'il y parvient) mais de faire le plus plausible possible malgré l'invraisemblance de l'ensemble. Et c'est bien cela que reproche Stanley, que l'invraisemblable puisse réellement se produire, tant l'absurdité du conflit politique a placé les militaires (parfois un poil va-t-en guerre :- ) dans une position de pouvoir potentiellement destructrice. Le film est une fuite en avant complètement folle, remplie de répliques cultes ("ne vous battez pas ici! c'est la salle du conseil de guerre!").[/spoiler]
53. Make way for tomorrow (Place aux jeunes, McCarey, 1937, USA)
[spoiler]Un vieux couple doit vendre sa maison. Leurs enfants les accueillent, mais en les séparant (le père chez une fille, la mère chez l'aîné)... Empli de pudeur et de tendresse mais pas dénué de cruauté et d'amertume, le film aborde l'abandon des personnes âgées par la société. Chaque silence raconte mille choses. Le film incarne parfaitement le "chacun a ses raisons" de Renoir (qui adorait ce film). Il montre également ce qu'il y a de beau et bouleversant, mais aussi d'aliénant et de réducteur dans le mariage de longue durée. Une perle de sensibilité assez peu connue.[/spoiler]
54. Shichinin no samuraï (Les sept samuraïs, Kurosawa, 1954, JAP)
[spoiler]Régulièrement attaqués par des bandits, des paysans recrutent des ronins pour les protéger... c'est le quotidien d'une époque que décrit Kurosawa, loin du faste des grands seigneurs. Situations drôles, tragiques, chacun mène sa propre barque et agit pour son intérêt, rien d'excessif (les combats devaient ressembler à cela). Le sommet du storytelling au cinéma.[/spoiler]
55. Bringing up baby (L'impossible monsieur Bébé, Hawks, 1938, USA)
[spoiler]Ce film est romantique et drôle à chaque seconde, et adopte un rythme frénétique. Un paléontologue bientôt marié part chercher un os de dinosaure, et rencontre sur le chemin une jeune aristocrate farfelue qui décide qu'elle l'aime et va tout faire pour passer du temps avec lui. Les situations sont toujours plus barrée, et pourtant jamais on ne sombre dans la caricature ou le pastiche. Les personnages ont même le temps de se révéler touchants. Sans temps mort.[/spoiler]
56. Valse avec Bachir (Folman, 2008, ISR)
[spoiler]J'ai tout aimé dans ce film, mais surtout le fait qu'il ne ressemble à rien, soit si personnel et sans concession, tout en étant d'un ludisme indéchiffrable.
C'est probablement l'honnêteté de la démarche du réalisateur et l'intelligence de son propos qui m'ont le plus touché.[/spoiler]
57. Gentlemen prefer blondes (Les hommes préfèrent les blondes, Hawks, 1953, USA)
[spoiler]Comédie musicale par un réalisateur qui détestait probablement le genre. Ainsi, les morceaux musicaux sont scénaristiques. Deux amies partent en bateau pour l'Europe. L'une aime les hommes musclés, l'autre les hommes riches (Marylin : "diamonds are girls best friends" ^^). Plutôt que contrebalancer la vénalité, Hawks essaie de la comprendre. Euphorisant (pas mal de séquences cultes) et assez profond pour celui qui fait un peu attention.[/spoiler]
58. Le goût du saké (Ozu, 1962, JAP)
[spoiler]Un vieux veuf japonais hésite à marier sa fille. Pas d'histoire à proprement parler comme toujours chez Ozu, mais une compréhension de l'Humain qui n'a guère d'égal et qui se révèle étonnamment universelle et intemporelle. Même sans action, le film est merveilleusement rythmé, parfois très drôle, parfois dur, mais toujours avec une pudeur et une retenue propre au réalisateur. Il faut voir pour se faire son avis...[/spoiler]
59. It's a wonderful life (Capra, 1946, USA)
[spoiler]James Stewart fait passer son altruisme avant ses aspirations. Toujours. Un jour, il se rend compte qu'il a plus de valeur pour ses proches mort que vivant. Il s'apprête donc à se suicider, quand une fée vient le rencontrer pour lui proposer de voir les choses sous un autre angle. L'humanisme jusqu'au-boutiste de Capra renverse tout dans ce film, en particulier le cynisme qui pourrait pousser à y voir une oeuvre naïve dégoulinante de bons sentiments. Chaque vie vaut d'être vécue. Quoiqu'il arrive. A la fin de ce film je pleure. Toujours. Car la naïveté du message n'est rien d'autre que du bon sens, qu'on rejette sous couvert de "pragmatisme".[/spoiler]
60. Raging bull (Scorsese, 1980, USA)
[spoiler]Dès le début, avec le boxeur sautillant entre les cordes, dans une sorte de brouillard, on devine qu'on va voir un film peu commun. Ce biopic de Jack La Motta en forme de parabole dans sa recherche de rédemption décrit habilement l'univers de la boxe de l'époque, et les combats sont fabuleux. De Niro est prodigieux pour donner vie à ce monstre d'orgueil (la scène où il pleure après avoir dû se coucher, chose que la mafia lui a imposé pour le dresser, est la plus forte à mes yeux).[/spoiler]
61. Heaven's gate (Les portes du paradis, Cimino, 1980, USA)
[spoiler]1890, dans l'ouest. La communauté ne tolère pas l'arrivée d'immigrants d'Europe de l'est. Il n'y a plus de place pour le "rêve américain", auquel fait référence le titre. Très documenté, mais avec des respirations splendides (en particulier deux bals) et un souffle romanesque encore plus impressionnant que dans The deer hunter. Une mise à mort sans pitié du mythe du grand ouest américain, 3h40 de pure beauté.[/spoiler]
62. Profession : reporter (Antonioni, 1975, ITA)
[spoiler]Un journaliste ne supporte plus son identité. Il prend alors celle d'un homme tout juste assassiné qui lui ressemble étrangement... Que c'est intelligent, et élaboré cinématographiquement! Le plan-séquence final (7 minutes je crois) est un moment de bravoure! Par contre on est loin du pur entertainment...[/spoiler]
63. Psycho (Hitchcock, 1960, USA)
[spoiler]Le premier visionnage de ce film reste dans les mémoires. Hitchcock multiplie les fausses pistes pour nous surprendre à chaque fois. Janet Leigh est brillante d'ambigüité dans ce rôle si difficile.[/spoiler]
64. Les fraises sauvages (Bergman, 1957, SUE)
[spoiler]Un vieux médecin s'apprête à faire un long voyage pour recevoir une récompense. La veille, il fait un rêve dans lequel il découvre son corps dans un cercueil. Le matin, sa belle-fille vient le voir pour lui demander de l'argent chose que son fils refuse par fierté... road movie made in Bergman ^^. Dialogue, imagerie, interprétation... tout est au poil, et pour le coup, le suédois fait preuve d'un humanisme chaleureux même s'il n'est pas dénué de doute. [/spoiler]
65. Offret (Le sacrifice, Tarkovsky, 1986, SUE)
[spoiler]Film testament de Tarkovsky, juste avant sa mort. Un vieux professeur semble isolé par ses délires intellectuels. La TV annonce alors la fin du monde. Il décide de tout sacrifier pour le sauver. Densité inextricable du propos et toujours cette faculté inouïe de réveiller nos sens. Attention toutefois, le film est très savant et souvent impénétrable. C'est un combat pendant le visionnage, et un festin par la suite ^^.[/spoiler]
66. Breezy (Eastwood, 1973, USA)
[spoiler]Pas le plus connu des Eastwood! Plutôt dans le registre de Sur la route de Madison, en moins dramatique. Une jeune hippie parcours les routes et tombe sur un quinquagénaire cynique. Etonnant la façon dont Clint évite tous les clichés. Etonnante aussi la sensibilité du film pour Clint qui était alors starisé pour ses rôles leoniens et Dirty Harry. J'aurais du mal à détailler pourquoi j'ai tant aimé le film, mais je dirais surtout qu'il évoque mieux qu'aucun autre l'idéal perceptible de cette époque.[/spoiler]
67. Seppuku (Harakiri, Kobayashi, 1962, JAP)
[spoiler]Le Japon médiéval en temps de paix. Les samuraïs sont au chômage, et certains demandent à faire Harakiri selon la coutume dédiée. Ce film à la structure éclatée surprend de bout en bout. Les combats de sabre sont magnifiques. Une séquence est révoltante, et l'ensemble pose des questions sur la légitimité d'appliquer à tout prix le code d'honneur du Bushido.[/spoiler]
68. Imitation of life (Mirage de la vie, Sirk, 1958, USA)
[spoiler]Lora est une actrice au chômage, blanche. Annie est sans domicile fixe, noire. Toutes deux sont célibataires avec une fille, Susie et Sarah Jane. Les deux filles se lient d'amitié et Lora finit par accepter d'héberger Annie et sa fille dans son minuscule appartement. Le temps passe et Lora finit par devenir célèbre et riche, mais elle est absente. Superbe drame à l'image ultra léchée. Lora a les pires difficultés à s'émanciper en temps que femme dans un milieu machiste, et lorsqu'elle y parvient, elle se demande si cela valait tout ce qu'elle a sacrifié. Susie se réfugie dans un rêve de prince charmant pour oublier l'absence de sa mère (sa scène finale est poignante). Annie est à la fois amie et servante de Lora, et confidente de Susie. Et surtout Sarah Jane, métis à la peau presque blanche et désormais pulpeuse, veut s'affranchir à tout prix de l'héritage "racial" (en gros l'injustice qui va avec) de sa mère, et ne tolère pas le décalage qui se produit avec Susie (en fait, Annie joue le rôle de mère pour les deux, et Lora en gros celui de père pour Susie, mais pas vraiment pour Sarah Jane...). Bref, les rapports entre ces personnages sont creusés très profondément. Se regarde très facilement.[/spoiler]
69. Scarface (Hawks, 1932, USA)
[spoiler]La meilleure description de l'esprit de la mafia, avec la série The Sopranos. Le crédo de Scarface? "Do It First, Do It Yourself, And Keep On Doing It". Tout est dit. Il n'est ni intéressé par l'argent, ni par la reconnaissance. Il est fasciné par le pouvoir, et prend donc ce que les autres veulent. Ce qu'il a l'indiffère, ce qu'il aime c'est acquérir (le crédo actuel des entreprises sous le joug des actionnaires en somme ^^). Prêt à tout, le personnage est néanmoins d'une grande ambigüité car très fidèle envers ses amis (il est d'une indulgence imprévisible avec son "secrétaire" analphabète XD), et donne surtout l'impression d'être un gamin capricieux. La fin est mythique.[/spoiler]
70. Le pigeon (Monicelli, 1958, ITA)
[spoiler]Ce film est responsable de mes plus gros fous rires (j'ai bien cru y rester par moments, et toute la salle était dans le même état). Une bande de loosers romains préparent un plan de cambriolage. Impossible de prévoir jusqu'à quel point ca va foirer! Toutes les stars italiennes de l'époque sont là, et ce mélange d'humour noir et de gens abandonnés à la société est souvent considéré comme point de départ des comédies italiennes, souvent ravageuses.[/spoiler]
71. Miracolo a Milano (Miracle à Milan, De Sica, 1951, ITA)
[spoiler]Toto naît dans un choux. En sortant de l'orphelinat, il essaie d'utiliser ses pouvoirs pour aider ses compagnons de misère. Mêler néoréalisme, description minutieuse de la misère avec conte de fée? De Sica l'a fait, et le plus incroyable, c'est que ca marche! C'est très drôle et plein de trouvailles, tout en gardant un regard affectueusement acide pour les pauvres hères, incapables de faire bon usage des richesses qu'ils n'ont connu toute leur vie qu'en fantasmes. On est sûr d'en sortir de bonne humeur![/spoiler]
72. Un chien andalou (Buñuel, 1929, FRA)
[spoiler]Un court-métrage (15 minutes) surréaliste qui ose tout. La scène initiale est sans doute la plus terrifiante du cinéma, et pourtant elle a une signification très forte ^^.[/spoiler]
73. King Kong (M. Cooper & Schoedsack, 1933, USA)
[spoiler]Action, aventure, fantastique, érotisme, social, meta-cinéma... moderne et incisif. Il n'avait besoin d'aucun remake ou suite, et pourtant...[/spoiler]
74. The Philadelphia story (Indiscrétions, Cukor, 1940, USA)
[spoiler]Modèle absolu de la comédie sophistiquée américaine, réunissant trois acteurs mythiques en la présence de K. Hepburn, C. Grant et J. Stewart. Grant et Hepburn divorcent, le premier n'étant pas assez bien pour la seconde. Deux ans plus tard, Katharine s'apprête à se remarier avec un politicien aux dents longues. Deux journalistes sont envoyés faire un reportage sur ce mariage, comme on se rend dans un zoo. Il n'y a plus de frontière entre comédie, romance et drame. Grande précision psychologique et rythme parfait. J'adore la petite soeur d'Hepburn! Toujours intelligent, jamais caricatural. Vraiment tout public.[/spoiler]
75. Solaris (Tarkovsky, 1972, RUS)
[spoiler]Tarkovsky avait beaucoup aimé 2001, mais était en désaccord avec son "matérialisme". Dans ce film, une expédition spatiale envoie des scientifiques étudier un mystérieux océan d'une autre planète, qui semble perturber leur inconscient. Il s'agit d'une fable philosophique plus que d'un film de SF. Il faut être attentif pour essayer de capter la plus grande partie de la richesse de cette oeuvre qui s'interroge sur le lien qu'entretiennent les hommes avec le monde et la Nature. Les auteurs qui aiment parler de clones ou d'androïdes/cyborgs feraient bien de s'inspirer du développement psychologique que Tarkovsky accorde à la femme du personnage principal. [/spoiler]
76. Lady Windermere's fan (Lubitsch, 1925, USA)
[spoiler]Film muet de Lubitsch, déjà caractéristique de sa fameuse "touch", mais plus étude de mœurs que comédie sophistiquée. Dans la haute société anglaise, une femme adore son mari qui la gâte. Sa mère, devenue paria, souhaite réintégrer cette société en faisant chanter le mari. Tout se complique. Le film est très drôle par moments, mais c'est surtout l'exploration psychologique des personnages qui en fait mon film de Lubitsch préféré. La fin est très belle.[/spoiler]
77. The wild bunch (La horde sauvage, Peckinpah, 1969, USA)
[spoiler]Des bandits préparent un hold-up. Ils sont surpris par des tueurs à gage. Le western apocalyptique est né avec ce film, dans lequel Peckinpah voulait dénoncer le romantisme de la violence habituelle du genre. Ainsi, la célèbre scène de mitraille finale sonne comme une libération.[/spoiler]
78. Il gattopardo (Le guépard, Visconti, 1963, ITA)
[spoiler]La Sicile, alors que Garibaldi entreprend la réunification de l'Italie. Le vieux prince de Sicile manœuvre pour que son neveu se positionne dans la future réorganisation politique du pays. Célèbre pour sa réplique "Il faut tout changer pour que rien ne change" (en gros, le système reste et les gens changent), le film a beaucoup d'atouts. Delon et Cardinale sont "monstrueux" de beauté, le contraste entre le bal fastueux et les décors aride de la Sicile... mais le coeur du film est la position intermédiaire du prince fatigué, complice et accusateur de la décadence d'une société essoufflée, qui constate néanmoins que la Sicile est immunisée à tout changement social par la dureté de la vie et la beauté du cadre.[/spoiler]
79. Our hospitality (Keaton, 1923, USA)
[spoiler]Dans le Sud, deux familles se haïssent depuis la nuit des temps. Buster, exilé pour survivre, ignore tout de cela lorsqu'il revient au pays. C'est une chose de vouloir dénoncer les conflits qui ignorent leur origine tellement elle est vieille, c'en est une autre de le faire sans enfoncer des portes ouvertes et en faisant hurler de rire. Keaton acteur est aussi génial que d'habitude. Pour moi, les meilleurs scènes d'action du cinéma sont dans ses films, celui-ci ne déroge pas à cette règle.[/spoiler]
80. Hotaru no haka (Le tombeau des lucioles, Takahata, 1988, JAP)
[spoiler]Deux enfants japonais livrés à eux-mêmes dans un Japon chaotique. Ce drame a l'intelligence entre autres de ne jamais faire allusion aux américains, et suit avec une pudeur et une délicatesse bouleversantes ses protagonistes. Dans sa fatalité banale et son drame tout en sensibilité, ce film se rapproche grandement de Pather Panchali, que je recommande à ceux qui ont aimé le film de Takahata.[/spoiler]
81. The apartment (La garçonnière, Wilder, 1960, USA)
[spoiler]Qui d'autre que Wilder aurait eu l'audace de faire une comédie romantique sur fond d'aliénation par le travail et de suicide? Malgré cela, le film ne perd jamais en légèreté et gagne en amertume et en tendresse. Wilder parvient à faire un film réaliste malgré de nombreux éléments extravagants. Pour moi, LE tour de force du réalisateur.[/spoiler]
82. Modern times (Les temps modernes, Chaplin, 1936, USA)
[spoiler]Post Krach boursier et fordisme. Le vagabond dijoncte à force de répéter toujours les mêmes gestes. Emprisonné et libéré par erreur, il finit par rencontrer son double féminin. Ils essaient de s'intégrer, en vain. La dénonciation sociale la plus virulente de Chaplin est aussi sans doute son film le plus inventif, de nombreuses images sont passées dans le langage commun. On rit, on se scandalise... Indémodable.[/spoiler]
83. Tokyo godfathers (S. Kon, 2003, JAP)
[spoiler]Trois SDF découvrent un bébé abandonné à Noël. Drôle, entrainant, et pourtant portrait sans pitié de la société japonaise actuelle, cette relecture des rois mages est réjouissante et originale, ludique et tragique. Les personnages sont géniaux.[/spoiler]
84. Full metal jacket (Kubrick, 1987, UK)
[spoiler]Un des films cultes de mon enfance. Brillant à tous niveaux, non?[/spoiler]
85. Heaven knows, Mr. Allison (Dieu seul le sait, Huston, 1957, USA)
[spoiler]WWII, dans le Pacifique. Un soldat américain échoue seul sur une petite île. Il n'y trouve qu'une jeune nonne, avant que des japonais débarquent... Assez proche de The African queen et nettement moins connu, en partie parce que ses interprètes (Robert Mitchum et Deborah Kerr, splendides de pudeur et de complexité cachée) sont moins connus (Bogart et K. Hepburn tout de même ^^). Le film est surtout moins caricatural que son aîné au niveau des méchants (des nazis dans The African queen). Un coup de coeur dont je ne me lasse pas.[/spoiler]
86. Ladri di biciclete (Le voleur de bicyclette, De Sica, 1948, ITA)
[spoiler]Le film étandard du néoréalisme italien. Il suit, dans une Rome en pleine reconstruction après WWII, un italien qui trouve enfin un travail. Mais il se fait voler son vélo, outil de travaille indispensable. Il va alors parcourir la ville avec son fils pour le retrouver... Jamais De Sica ne s'apitoie sur ses personnages (joués par des amateurs, incroyablement justes), qui ne se laissent pas faire. Pourtant le film respire le désespoir et la misère. La séquence finale arrache des larmes.[/spoiler]
87. The third man (Le troisième homme, Reed, 1949, UK)
[spoiler]Vienne en décombres juste après WWII. Un américain vient voir un ami, mais découvre à son arrivée que cet ami est décédé. Entre morale et amitié, que choisir? Le film est sublimé par son décor, sa bande-son tellement particulière, Orson Welles et la séquence finale dans les égouts. Un des meilleurs films noirs.[/spoiler]
88. Peeping tom (Le voyeur, Powell, 1960, UK)
[spoiler]Un tueur en série martyrisé par le cinéma. Je ne peux pas en dire plus. Cette réflexion morbide mais sincère sur le cinéma (qui semble obséder Haneke par exemple) a été très vite retirée des salles, la critique pas plus que le public ne l'acceptant. Fin de carrière ou presque pour Michael Powell. Le film est également romantique et parfois drôle, très ludique et intéressant, la patte du réalisateur.[/spoiler]
89. La passion de Jeanne d'Arc (Dreyer, 1928, FRA)
[spoiler]Dreyer s'inspire de l'authentique comte-rendu du procès de l'illustre pucelle pour le reconstituer. Pour la première fois il applique son principe de Vérité du cinéma : après s'être évanouie, Jeanne subit une saignée. C'est une véritable saignée que subit l'actrice. Jeanne est tondue? l'actrice aussi. Ce besoin de rigueur absolu se traduit à tous les niveaux, et associé à une certaine révolution de la mise en scène (TRES gros plans, angles de caméra inattendus, intertitres à contre-temps...) parvient à instaurer une tension terrifiante. Il dégage parfaitement les enjeux du procès, et en particulier comment cette jeune paysanne a vécu la confrontation avec l'armée anglaise et le clergé français. L'Eglise française, qui a commandé ce film, n'a pas vraiment apprécié de ne pas être "oubliée" dans le procès...[/spoiler]
90. Pickpocket (Bresson, 1959, FRA)
[spoiler]Peut-être le film le moins immédiat de Bresson, connu à raison pour être très difficile d'accès pour son épure et sa rigueur. Un jeune homme brillant estime faire partie d'une élite qui peut se permettre d'exploiter les autres pour se consacrer à autre chose que gagner de l'argent. Ainsi, il devient pickpocket et cherche à faire de son activité un Art. Il ne voit pas qu'une femme se morfond pour lui... Fascinant d'ambigüité, il faut toutefois une certaine "éducation" cinématographique pour apprécier le film, que ce soit la prononciation atone des acteurs, le vide des décors ou encore l'absence de musique.[/spoiler]
91. Flamme de mon amour (Mizoguchi, 1949, JAP)
[spoiler]Fin du XIXème siècle au Japon. Une jeune institutrice, refusant d'accepter le statut des femmes, part intégrer le mouvement progressiste qui se développe à l'époque. La réalité politique, qui se veut "pragmatique", brisera ses illusions. Un très bon film à tous les niveaux, qui sort du lot par l'intelligence de son propos, visionnaire. C'est passionnant à condition d'être intéressé par le sujet j'imagine. D'un point de vue cinématographique, c'est très bon, mais Mizoguchi n'a pas encore atteint la virtuosité et la grâce qui lui vaudront cette phrase de Scorecki, que je partage en partie ^^ : "Si le cinéma était une religion, Mizoguchi serait Dieu".[/spoiler]
92. Blow up (Antonioni, 1966, UK)
[spoiler]Dans le swinging London, un photographe odieux se persuade qu'il a involontairement photographié un meurtre. Antonioni s'interroge sur le pouvoir de l'image. Le film grouille de plans ingénieux, comme le dernier qui filme des mimes jouer au tennis, de façon à ce qu'on croit qu'il y a vraiment une balle. Le film a beaucoup influencé les cinéastes, et pas seulement De Palma et son Blow out.[/spoiler]
93. Perfect blue (S. Kon, 1998, JAP)
[spoiler]Une idol japonaise accepte de devenir actrice. Des choses horribles arrivent dans son entourage, mais on commence à se demander si elle n'est pas schizophrène... Kon fait du Hitchcock avec ses obsessions propres. Incroyable comment il arrive à nous convaincre que l'intrigue est profondément complexe, avant de la révéler triviale. Et puis j'adore son regard sur l'"héroïne", comment cette célébrité en carton l'isole de tout... Grande justesse psychologique et scénario brillant.[/spoiler]
94. The night of the hunter (La nuit du chasseur, Laughton, 1955, USA)
[spoiler]Film noir qui ne ressemble à rien d'autre. Le désespoir social ressort lors de quelques scènes éprouvantes (celle où l'enfant crie en revoyant son père se faire capturer), mais le film se présente comme un conte pour faire peur aux enfants. Bob Mitchum, plus mythique que jamais, est terrifiant et pathétique en tueur psychopathe déguisé en pasteur.[/spoiler]
95. Intolerance (Griffith, 1916, USA)
[spoiler]Le plus gros blockbuster de tous les temps (une ruine), avec plusieurs dizaine de milliers de figurants, et une "reconstruction" taille réelle de Babylone qui fait ouvrir grand les yeux! Le montage alterné est brillant, surtout lors du rush final.
C'est muet et les caméras sont fixes, mais on s'ennuie drôlement peu durant les 3 heures que dure le film.[/spoiler]
96. Sennen joyuu (Millenium actress, S. Kon, 2001, JAP)
[spoiler]Deux journalistes vont interroger une actrice vieillissante. Celle-ci révèle que sa carrière et sa vie ont été guidées par la recherche d'un homme... Histoire d'amour qui est avant tout une fuite en avant, le film m'a aussi épaté par sa façon de mêler vie sentimentale et professionnelle de Chiyoko ainsi que l'Histoire du cinéma japonais et à travers lui du Japon. Beau, inventif et émouvant.[/spoiler]
97. La femme des sables (Teshigahara, 1964, JAP)
[spoiler]Kafkaien. Un entomologiste se retrouve prisonnier dans une maison entourée de murs de sable. Alors qu'il ne cherche qu'à s'enfuir, une femme qui est née là et y a toujours vécu doit le convaincre de fonder un foyer avec elle et de passer des journées à déblayer le sable pour la survie du village... Métaphore assez riche et intéressante sur la société humaine, mais surtout une étude de la femme qui révèle des choses auxquelles on aurait pas pensé. Lent mais passionnant.[/spoiler]
98. Splendor in the grass (La fièvre dans le sang, Kazan, 1961, USA)
[spoiler]Préfiguration des mouvements de 1968 qui se passe en 1929... Deux adolescents d'aiment, mais leur différence de statut social les éloigne (pas de caricature à la Love story!). Dans la deuxième partie, chacun gagne en sérénité de son côté et abandonne ses rêves de jeunesse pour quelque chose de plus pragmatique. Une des plus belles choses que j'ai pu voir sur le passage à l'âge adulte, d'une grande subtilité sur tous les personnages. La séquence finale est magnifique.[/spoiler]
99. Rear window (fenêtre sur cour, Hitchcock, 1954, USA)
[spoiler]Entre comédie, thriller et méta-cinéma à la Hitchcock (voyeurisme...), une merveille d'équilibre où es symboles sont cachés partout. Perle de ludisme.[/spoiler]
100. Gone with the wind (Autant en emporte le vent, Fleming, 1938, USA)
[spoiler]Le film est intéressant et ludique de bout en bout (du grand spectacle fastueux), mais ce que j'ai préféré c'est la relation entre Scarlett et Melanie, de nature qu'on rencontre très rarement alors que ce qu'elle "raconte" est très fort.[/spoiler]
101. Madame de … (Ophüls, 1953, FRA)
[spoiler]Au tout début du XXe siècle, dans la haute société, un couple ne semble basé que sur les apparences. Mais les protagonistes vont se laisser surprendre par des sentiments inattendus et arriver à une situation irréversible... Humanisme très zweigien (j'adore) et mouvements de caméra fort gracieux. Danielle Darrieux est épatante pour donner de la réalité à son personnage.[/spoiler]
PS > J'avais oublié It's a wonderful life ?!
(au passage, j'ai écrit un commentaire souvent conséquent pour la plupart de ces films sur allocine)
10 films muets et 10 films d'animation ^^.
Tarkovsky, Andreï
1. Stalker
11. Zerkalo
18. Andreï Roublev
65. Offret
75. Solaris
Kubrick, Stanley
9. 2001
32. Barry Lyndon
52. Dr. Strangelove
84. Full metal jacket
Mizoguchi, Kenji
12. La rue de la honte
14. Les amants crucifiés
16. Sansho dayu
91. Flamme de mon amour
Hawks, Howard
13. His girl Friday
55. Bringing up baby
57. Gentlemen prefer blondes
69. Scarface
Dreyer, Carl Theodor
5. Ordet
7. Gertrud
89. La passion de Jeanne d'Arc
Powell, Michael
8. Life and death of colonel Blimp
47. The red shoes
88. Peeping tom
Buñuel, Luis
21. Los olvidados
48. Viridiana
72. Un chien andalou
Bergman, Ingmar
23. Le septième sceau
41. Persona
64. Les fraises sauvages
Antonioni, Michelangelo
27. L'avventura
63. Profession : reporter
92. Blow up
Hitchcock, Alfred
34. Vertigo
63. Psycho
99. Rear window
Kon, Satoshi
83. Tokyo godfathers
93. Perfect blue
96. Sennen joyuu
Renoir, Jean
2. La règle du jeu
4. La grande illusion
Kurosawa, Akira
3. Rashômon
54. Shichinin no samuraï
Ozu, Yasujiro
6. Bakushû
58. Le goût du saké
Lang, Fritz
19. M le maudit
26. Metropolis
Norstein, Yuri
25. Le conte des contes
31. Le hérisson dans le brouillard
Chaplin, Charles
35. The kid
82. Modern times
Scorsese, Martin
37. Goodfellas
60. Raging bull
McCarey, Leo
39. An affair to remember
53. Make way for tomorrow
Keaton, Buster
42. The General
79. Our hospitality
Ray, Satyajit
46. Apur sansar
51. Pather panchali
De Sica, Vittorio
71. Miracolo a Milano
86. Ladri di biciclete
Ford, John
10. The searchers
Kosminski, Peter
15. Warriors
Donen, Stanley & Kelly, Gene
17. Singin' in the rain
Miyazaki, Hayao
20. Mononoke hime
Murnau, Friedrich Wilhelm
22. Sunrise
Welles, Orson
24. Citizen Kane
Mankiewicz, Joseph L.
28. All about Eve
Henson, Jim
29. The dark cristal
Coppola, Francis Ford
30. Apocalypse now
Vigo, Jean
33. L'Atalante
Erice, Victor
36. El espiritu de la colmena
Tati, Jacques
38. Mon oncle
Wenders, Wim
40. Alice dans les villes
Kondo, Yoshifumi
43. Mimi wo sumaseba
Browning, Tod
44. Freaks
Malle, Louis
45. Pretty baby
Clouzot, Henri-Georges
49. La vérité
Herzog, Werner
50. Aguirre
Folman, Ari
56. Valse avec Bachir
Capra, Frank
59. It's a wonderful life
Cimino, Michael
61. Heaven's gate
Eastwood, Clint
66. Breezy
Kobayashi, Masaki
67. Seppuku
Sirk, Douglas
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