Bonjour à tous, je vais commencer par une très brève présentation.
Je suis donc Anakaris, et récemment employé sur le site comme chroniqueur d'OST. Vous aurez donc très bientôt l'occasion de lire mes articles sur Legendra. Etant passionné de belles musiques, et de musiques variés surtout, une idée m'ai venu presque instantanément lorsque j'ai commencé à écrire ma première critique sur un RPG destiné au site: pourquoi ne pas écrire des critiques sur d'autres albums/OST/arrangements n'ayant aucun rapport ou si peu avec le RPG et en faire profiter les autres? Seulement, l'apparition de ces écrits sur le site même serait impossible, et c'est là qu'entre en scène ce modeste topic!
Voici donc mes quelques travaux qui je l'espère vous feront découvrir quelque trucs, vous ferons aimer quelque albums, et aussi vous feront réagir sur la qualité même des disques chroniqués (tout débat est le bienvenu!)
On commence par un album de metal industriel, celui de Rosenrot du groupe Rammstein.
D'autres suivront! J'avoue ne pas avoir de critique en réserve, donc il faudra attendre un petit moment avant d'en voir de nouvelles autres que celle du site qui passeront bien entendu en priorité.
[spoiler]Seulement une petite année après Reise, reise, les Allemands de Rammstein nous gratifient d'un cinquième album studio nommé Rosenrot, autrement dit Rose rouge. Présenté comme un ensemble moins disparates de pistes à influences diverses que son prédécesseur, Rosenrot est aussi dit comme étant la réunion de plusieurs pistes à l'origine prévues pour l'album précèdent mais n'ayant pas été retenues. Il y a de quoi dès cette notion prise en compte se poser des questions sur la qualité véritable du titre et sur l'homogénéité des pistes, ce à quoi nous allons nous intéresser de suite.
Benzin - 3.56
On commence l'écoute avec une musique dans la plus pure inspiration Rammstein. C'est au titre rudimentaire, traduit en français par « essence », à ses riffs simplistes et lourds et à son refrain repris en choeur par les 6 membres du groupe que l'on comprend que Rammstein, en 10 ans, ça n'a pas beaucoup changé. Le premier couplet commence par une guitare résonnante aux étranges accents d'acoustique, qui finit vite par être littéralement étouffée par une batterie en furie avec aux commandes le très bon Christoph « Doom » Schneider ; puis vint la succession de rimes peu recherchées avec divers noms de substances qui peuvent altérer la perception (nicotine, gazoline, héroïne, et autres...). Le texte reste très dans le style des teutons et ce n'est pas pour nous déplaire au final, le rythme de la piste reste très largement assuré. Moins redoutable de puissance qu'un Feuer frei ! ou bénéficiant d'un refrain moins imparable qu'un Mein Teil, Benzin reste une piste qui sera reprise assez souvent en live.
Mann Gegen Mann – 3.51
Le groupe, bien connu pour ses polémiques à foison délivrées tout au long de sa carrière mouvementée, ne semble pas être en panne d’inspiration lorsqu’il s’agit de faire parler les langues de serpents ! Ainsi le disque s’enchaîne avec ce qui fut le premier single de l’album, Mann Gegen Mann, littéralement « Homme contre Homme ». Une ode certaine à la tolérance face à la communauté homosexuelle…
Serti d’une volée de riff de guitare d’une puissance rare et d’un chant guttural, cadencé et agressif, cette piste et selon moi l’une des plus représentatives du style Rammstein. C’est d’autant plus l’une des pistes les meilleurs de Rosenrot. Tout commence avec un chant calme, un tapotage de caisse au son très clair puis un riff tranchant séparant les premiers couplets, puis le refrain part avec vigueur, comme pour donner à l’auditeur cette impression de cliché de l’homosexuel viril et ardent avide de contact charnel. La rage de Till Lindemann se conclue par un « schwulah » signifiant littéralement « pédé », avant que la musique ne se calme et reparte sur un dernier refrain martial.
Rosenrot – 3.55
Jusqu’à présent, rien de bien surprenant ni de véritablement varié, cela reste du Rammstein dans toute sa splendeur quoique l’on a toujours pas entendu de piste véritablement culte comme a pu l’être Links 2 3 4 en son temps. Rosenrot commence par des notes assurées par une basse constante et des coups de batterie réguliers qui s’impose de plus en plus, vient se poser la voix forte de Lindemann qui part dans un refrain chanté, et non pas hurlé. La voix claire, et non pas lourdement appuyée comme à son habitude, la basse et la batterie continue leur martellement consciencieux de tympans ; le ton de chant ne change pas lui non plus. A 2 minutes 06, la guitare à gros sabots comme sais si bien les faire le groupe reprend ses droits l’espace d’un instant, avant de redonner la vedette au chant clair et inspiré de Till, avec quelque poussé de voix dans la volonté de rendre son texte poignant à partir des 3 minutes. Il faut dire que le texte se répète et le refrain revient assez vite sans grande variation, donc cette manière de donner un ton plus bouleversant au chant est plus que bienvenue.
Spring – 5.25
Jusqu’ici, force est de constater qu’il nous manquait une piste puissante, marquante. Spring est de ce bord-là, et est peut-être même la piste la plus notable de la galette. La musique de près de 5 minutes et 25 secondes de grande intensité commence par des chœurs électroniques du plus bel effet, installant directement une ambiance froide et un brin religieux. Imaginez une étendue glacière, vous au beau milieu découvrant cet impressionnant brise glace russe coincé depuis des années dans ce froid sinistre (cf pochette), enfermant dans un écrin de mort toute sensations ; voilà ce que fait ressentir ces chœurs cristallins évoquant la pureté d’un paysage soudainement brisé par une vision d’horreur. Cela étant représenté par l’apparition des paroles dites comme un récit, les r plus que jamais roulés comme sait si bien les faire Till, mais aussi et surtout par un écrasement de guitares électriques d’une puissance démesurée. Tour à tour, le chant froid, calme, impérieux, puis les guitares jouent au jeu de question réponses jusqu'à l’explosion du refrain et d’une voix éraillée, colérique ; suivie de notes plus clairsemées, comme une plainte de tristesse ou de nostalgie. Les sons électroniques du synthé de Christian « Flake » Lorenz continue de nous conforté dans l’idée d’un isolement total, un isolement psychique, puisque le texte, lorsque l’on en comprend les paroles nous fait découvrir l’histoire d’un homme au bord du gouffre de la mort, le suicide n’étant qu’une échappatoire parmi d’autre à sa souffrance. La piste varie tout simplement entre passages presque doux et mélancoliques portés par un chant soutenu, et des passages extrêmement violents, guitares surpuissantes et répétition du titre « Spring » (saute, à l’intention de l’homme au bord du suicide, donc) en chœur. Les étranges murmures apparaissant dans la seconde partie de la piste continue de nous donner l’impression d’être au milieu d’un corps religieux, comme si le groupe voulait faire véhiculer le fait que le suicide, la mélancolie ou la tristesse sont des choses qui font partie de la vie au même titre que la bonté ou la joie. A partir de 4 minutes, l’histoire se finie, comme une fatalité inéluctable, le groupe reprend en chœur le fameux « Spring » accompagné des chœurs. Une fabuleuse leçon de musique d’ambiance mélancolique aux sonorités froides, artificielles comme semble l’être la considération de la vie humaine dans les poésies morbides servies par les allemands, superbe !
Wo Bist Du – 3.55
On pensait Rammstein mené irrémédiablement à la crise de foie de force de frappe après 4 albums à la puissance sonore sans équivalent, mais c’est sans compter la venue typiquement métal indu des Allemands de Wo Bist Du. Un chant impérieux, à la voix portante et aux sonorités hautes, bordé d’une couverture de guitare très constante ; la musique n’a rien de véritablement originale, c’est un déferlement de force avec pourtant, une mélodie bien présente tant dans l’instrumentalisation que dans le chant, tel qu’on en attend de Rammstein. Ce qui a de remarquable avec Till Lindemann, fameux chanteur s’il en est (et s’étant grandement amélioré depuis Herzeleid !), c’est qu’il n’a point besoin de hurler comme un goret pour porter son texte de façon bouleversante et profonde, la prestance de ses cordes vocales le font sans faillir ici ! Mention spéciale à la flute du tout début très vite engloutit par une avalanche de riffs de guitare et un martèlement de batterie.
Stirb Nicht Vor Mir (Don't Die Before I Do) ft. Sharleen Spiretti (Texas) – 4.06
On commençait vraiment à penser, que d’une façon plus ou moins marquée, le cinquième album de Rammstein ne serait pas vraiment aussi notable de variété que son prédécesseur. Mais le surprenant duo Till/Sharleen Spiretti du groupe Texas me fait dire le contraire. C’est à un dialogue d’amants passionnés que l’on assiste, d’un côté le chant allemand profond et fait de notes puissantes de Lindemann, de l’autre les réponses éplorées d’une Spiretti au sommet de son art, la sensualité et l’émotion faisant de son récit un grand moment de romance, tout simplement. Le texte dans son ensemble reste simple, une power ballad un brin sur vitaminée par un son puissant (ou une production moderne, c’est selon), la partition instrumentale principale de la guitare acoustique, pourtant, conduit à une étrange sensation de douce tristesse sentimentale, comme si chacun de nous pouvait se reconnaitre dans ce chant mené par un duo croyant parfaitement à leur prestation. Une belle réussite dans le genre.
Zerstören – 5.29
Des élans de voix langoureuses rappelant les chants religieux musulmans débutent la piste la plus longue de l’album, et aussi potentiellement la plus puissante. Avec un titre tel que celui-ci (Zerstören voulant dire détruire en français), on n’en attend pas moins. Till, que l’on sent remonté comme un pendule suisse répète avec fougue « yah » avant de débuter réellement les hostilités. Le bombardement incessant de sonorités dures comme de l’acier de la part des guitares ne parviennent que peu à couvrir le titre « Zerstören » récité avec une voix caverneuse qui ferait pâlir un chanteur de black metal. Une accalmie toute relative pointe le bout de son museau vers les trois minutes de musiques avant que le déferlement de guitares accompagnées d’une batterie en grande forme ne reprennent les rennes de la piste. Le chant s’emballe de bien belle manière, donnant la possibilité à son interprète de laisser déferler tout le courroux que suscite le texte jusqu’au dénouement final réalisé dans un entrainant râle de colère. La musique se termine dans la plus totale des douceurs, quelques notes de synthé venant rassurées les oreilles de l’auditeur avec un dernier petit couplet à peine marmonner par Lindemann qui vient une fois encore de nous bluffer par son sens du rythme absolu.
Hilf Mir – 4.44
Dès le départ, un riff lourd et imposant récite sa partition, lente et cadencée, la dernière note laissant sa longue emprunte sonore sur la piste jusqu'à temps que Till prennent le relais : voix pondérée, lugubre et texte alambiqué de rigueur. Toute la force émotionnelle du texte commence à apparaitre lorsque la voix du chanteur pousse un peu plus les notes dans l’impérieux, le grandiloquent, une légère pointe de rage s’ensuit ; de suite l’on comprend que l’interprétation d'Hilf Mir bénéficie d’un soin vocal assez hors du commun pour un groupe tel que Rammstein. Le tempo varie, la piste s’emballe et le refrain qui reste encore aujourd’hui dans ma mémoire, « Hilf Mir » porté par une complainte bouleversante (Hilf Mir signifiant aide-moi) ne laisse que peu de temps à l’auditeur pour remarquer les distorsions aiguës de guitares apportant un soupçon d’épiques à l’ambiance déjà conséquente de la piste. L’appel à l’aide est répété à la fin de la musique avec une hargne véritable tandis que le synthé se montre comme une opposition totale à la voix grave de Till, avec ses notes douces et lentes ; comme pour signifier qu’il n’est plus la peine d’appeler au secours, qu’il est déjà trop tard…
Te quiero Puta ! – 3.56
Des hennissements de cheval comme en plein cour d’un Sergio Leone, un « hey amigos » très Zorro, un appel fiévreux au déhanchement d’une série de cuivre imposant, des coups de revolver en fond et l’arrivé d’un superbe rythme de batterie. La guitare vient alourdir le tout en assurant un tempo ravageur, les premières paroles au ton langoureux sont dites en espagnol. Il n’y a pas à dire, cette musique sera placée sous le signe de la salsa avec ses « metales » couvrant quasiment toute la track. La piste est pourtant on ne peut plus classique dans le genre « musique metal à inspiration latinas » mais vers 2 minutes 45 secondes vient d’étranges chœurs scandant gaiement « mas mas mas por favor » ; le texte faisant référence comme il est de coutume dans les albums de Rammstein aux plaisirs charnels que peuvent avoir un homme et une femme ensemble. Rythme soutenu et refrain simpliste font de cette musique une piste qui passe relativement vite à l’écoute.
Feuer und Wasser – 5.18
Voici pour presque clore cet album, une nouvelle piste longue, mais d’une intensité en allant assez exceptionnelle à l’image de Spring. Le chant commence doucement par une voix ronronnant accompagnée d’une guitare au son clair et doux. Puis a 2 minutes 08, tout s’emballe, le chant gagne en puissance, les guitares électriques grondent de façon autoritaire et la voix de Till poursuit un chant non hurlé mais qui porte : efficace ! La distorsion finale de guitare adonne à la musique une ambiance épique et un sentiment de nostalgie plus que palpable, l’un des thèmes principaux de Rosenrot étant vraisemblablement la tristesse, la crainte d’une fin fataliste… Là, Till, le parolier quasi exclusif du groupe s’occupe de traduire de façon très imagée mais non moins poétique l’effet que pourrait donner la rencontre du feu (le corps humain) avec l’eau (la mort).
Une piste qui peut très bien se laisser écouter en boucle comme elle peut être zappée à chaque fois pour peu qu’on la trouve largement pas assez rythmée pour être digne des 6 Allemands. Mais il est sans aucun doute vrai que cette musique participe à offrir une certaine variété au sein de l’album et la carrière du groupe.
Ein Lied – 3.43
Pour la dernière piste de l’album, et tout comme sur Reise, reise avec Ohne Dich, Rammstein nous offre ici une ballade. Une ballade assez monumentale d’ailleurs, tant elle confectionne avec talent un écrin de nostalgie et de froide douceur dans lequel on aime s’enfermer, le temps des quelques 3 minutes que dure cette véritable poésie. La voix régulière de Till joue là comme une berceuse tandis que des notes de synthé légèrement inquiétante, juste ce qu’il faut pour nous faire imaginer des choses mais pas assez pour effrayer, se contente de suivre paisiblement le déroulement de la musique. Mention aussi à l’accompagnement de guitare sèche dont la partition est juste superbe !
La problématique posée au début de la critique de Rosenrot, était que l’on craignait que l’ensemble ne soit pas du tout homogène puisque l’album étant composé de chute du précédent CD. Or, force est de constater que le bilan est plutôt positif ; à noter que dans un ensemble vaste, le son est beaucoup moins brut, les membres qualifiant eux-mêmes l’album de pop rock plutôt que metal industriel. La faute à une production aussi très moderne! On a notre dose habituelle de son puissant au rythme calibré à la seconde avec un refrain quasi imparable (Benzin, Mann Gegen Mann, Rosenrot…) bien que dans leur propre style on ai vu mieux ; sur Mutter notamment. Nous avons aussi nos musiques atmosphériques aux accents subtilement gothiques en rapport avec des textes particulièrement froids et pessimistes (Spring) et nous avons nos quelques ballades à fort potentiels d’ambiance à l’image de Feuer und Wasser et Ein Lied. Ajouté à cela une piste que certain qualifieront sans vergogne de tout juste bon pour être vendu à des fans de pop rock, je veux bien sûr parler de Stirb Nicht Vor Mir (Don't Die Before I Do) avec en featuring Sharleen Spiretti, et nous avons un album plutôt cohérent et dans les normes. Car oui, c’est peut-être bien cela le souci finalement : Rosenrot est dans les normes, comprenez les normes de Rammstein. S’il y a bien des pistes comme Spring et Te quiero Puta ! qui font autant parler la poudre que les talents de véritable poète alambiqué qu’est Till, les inspirations diverses sont beaucoup trop timides pour que l’on se permette de dire qu’il y a là un total renouvellement du son Rammstein. Se pose à nous alors un second problème, est-ce que l’on aurait vraiment voulu plus de variété, un brisement des codes qui ont fait de Rammstein ce qu’ils sont aujourd’hui, où préférons nous au final toujours plus de rythme à en donner le tournis accompagné de phrasés et gimmics marquantes ? Ce n’est malheureusement plus à moi d’en débattre ici…
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